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2023 vers 2024 à MerzougaVers une des portes du désert marocaintbol

Par Évelyne Abitbol

Voir les dunes du désert, apercevoir une oasis devant la plus grande des dunes, a été
une des expériences les plus significatives de ma vie. En cette période de guerre ailleurs
dans le monde, se retrouver devant elles, c’est se répéter, mais à quoi bon se battre
entre les humains lorsqu’une telle immensité paisible et sereine existe.
Cette année, j’ai basculé de l’année 2023 à l’année 2024 sous le ciel étoilé d’une des
portes du désert marocain devant les dunes, à Merzouga, là où l’on entend le si singulier
bruit du silence.
J’ai vainement cherché une rose. Elle est restée dans les domaines du symbolique et de
l’imaginaire. C’était un moment surnaturel.


Retour en arrière.
La décision de quitter l’Espagne pour quelques jours a été prise rapidement, le 26
décembre, sur l’invitation d’un couple de mes amis espagnols, José et Emilia. Nous
devions faire ce voyage au cours du printemps 2019 mais la Covid est venue nous barrer
le chemin.
Aussi, en cette fin d’année 2023, nous prenions la route de Malaga vers Algésiras en 4 X
4 pour traverser vers l’Afrique du Nord avec un itinéraire bien établi par mes amis.
J’allais de surprises en surprises, puisque je n’ai pas participé à l’élaboration du trajet. Je
n’avais aucune idée de la route que nous prendrions, ni des villes et des hôtels / riads où
nous dormirions.

Notre premier arrêt était prévu à Meknès, la ville de naissance de mon grand ami
peintre Maxime Benhaim. Je n’ai connu cette ville qu’au travers de son regard : des
toiles peintes de mémoire.
Au Riad d’or, notre hôtesse, Chaimar nous accueillait avec une extrême gentillesse. Un
décor de rêve mais comme la plupart des riads, ce n’était pas adaptée au froid de
l’hiver. Chaimar nous suggère le restaurant Darnia qui appartient au riad. Une grande
déception. Dommage car là aussi le décor est très intéressant.
Après avoir marché le long du souk de Meknès, nous reprenions la route pour nous
diriger vers le rocher, d’Azrou dans la région d’Ifrane. Cette ville berbère si typique, un
des nombreux petits berceaux du Judaïsme. Et Ifrane, nom qui a fait remonter tant de
souvenirs d’enfance où nous passions les étés. Chaque ville faisait resurgir en moi des
idées, des souvenirs ou des références littéraires.
Nous quittions donc en direction de Imilchil, ville pittoresque au cœur du haut atlas
oriental à plus de 2200 mètres d’altitude (croyez-moi je l’ai senti), entourée de deux
lacs, le petit lac de Tislit et le grand lac d’Isli, représentations du couple Roméo et
Juliette berbères : Aït Yaaza et de son amoureux Aït Ibrahim. Lacs que nous avons visité
avec Hassan, notre guide.

À Imilchil, Youssef, l’un des propriétaires nous attendait à l’ Auberge Cascade, ouvert
depuis 6 mois seulement. Dans ce lieu si accueillant, nous avons pris les repas les plus
fabuleux de notre voyage. La cuisinière, la femme de Youssef, mériterait des étoiles
Michelin, soupe Harira unique, tagine de poulet – légumes et couscous. Ces plats
nationaux avaient une saveur de fraicheur toute en finesse.
Nous sommes restés deux nuits à Imilchil. Notre hôte était attentif à nos besoins et
d’une grande générosité. L’hôtel mériterait de s’adapter aux grands froids humides de

l’hiver et par ailleurs de l’été, car il fait rarement chaud. Ce sera alors un petit paradis au
milieu de nulle part.
Puis direction Merzouga pour y passer le 31 décembre, plongée dans le soleil et avec un
peu de chaleur du désert. La journée seulement, bien sûr !

Enfin ! Arrivés à destination, vers la fin de la journée du 30 décembre chez Ali El Cojo où
toute la famille nous accueille et nous offre, un thé sur le patio ou au bord de la piscine,
devant un feu de cheminée, ou dans nos chambres si jolies et si bien adaptées au froid
mordant de la nuit dans le désert.
Un lieu fabuleux comme on en rencontre rarement au cours de nos voyages. Un lieu que
nous rêvons tous de pouvoir investir pendant quelques jours. Familial, tous les invités,
des motards, des véhicules récréatifs, des voitures venues pour la plupart d’Espagne ont
mentionné se sentir faire partie de la famille de Ali, Said, Hassan et Mohamed.
Le 31 décembre, l’ambiance de fin de journée était enchanteresse. Je visitais le désert
en Dune Buggy grâce à Zaid, avec l’organisation Rutas A Marruecos. Zaid m’a informée
que la prochaine fois que je viendrai, ils peuvent venir me chercher à Marrakech, à Fès,
à Meknès, etc. pour me faire visiter la région telle qu’ils la vivent et m’amener vers le
désert passer quelques jours.
En cette dernière journée de l’année, au lieu de nous réunir au coin de la cheminée non
loin de la salle à manger, c’est un feu préparé à l’extérieur qui nous attendait. Un
immense feu! Des musiciens berbères sont venus un moment casser le silence du
désert, danser et émettre des sons répétitifs pour nous mettre en transe.

Dans la salle à manger, tagines, couscous, pruneaux, pastelas… tous les délices
marocains étaient étalés devant nous pour le plaisir de nos yeux et de nos papilles.
Puis de retour devant la cheminée à l’intérieur cette fois. Au son des derboukas et des
chants, l’ambiance et l’harmonie étaient si belles à ressentir. Un accordéoniste et son
fils, des Espagnols prenaient le relais lorsque les Marocains faisaient une pause. Tous
chantaient et dansaient.
Puis minuit moins dix arrive, nous sommes tous sortis pour admirer les étoiles, repérer
l’étoile du berger et commencer à lancer des lanternes. Ma lanterne, je l’ai lancée en
faisant le vœu que plus jamais de guerre n’aurait lieu dans le monde, que les êtres
humains vivent enfin dans la sérénité et la paix partout, à l’image des dunes du désert
qui se trouvaient en face de nous et qui découpait le ciel à l’horizon.
Minuit! Un magnifique feu d’artifice a envahi le ciel. Tous étaient heureux. Je réitérais
au ciel éclairé, mes vœux de paix partout dans le monde.
Puis je me risquais un peu en dehors de l’hôtel pas trop loin parce qu’on m’avait
prévenue que les renards guettaient. Je repensais encore au Petit Prince.
Dès le matin du 1 er janvier, les roulottes, les camions récréatifs, les motos quittaient peu
à peu les lieux. Nous avions aussi prévu de repartir vers l’Espagne en faisant une pause
en chemin à Midelt. Nous sommes passés par des lieux, des villes dont les noms sont
mythiques, Rissani, Errachidia, Tinghir, etc. et rappellent les amis qui y sont nés : Amina,
la politicienne de la région, Nourredine, l’avocat, Kamal, le cinéaste, etc.

Lorsqu’on quitte une ville, nous imaginons que la suivante sera grande et semblable aux
grandes villes marocaines. Et non, les villes restent encore presque à l’état brut même si
les grands édifices gouvernementaux d’entrées de ville, viennent nous rappeler que les
lieux sont significatifs pour l’administration marocaine. Entre les montagnes, les chênes,
les sapins, nous repassions à chaque tournant par des paysage plus spectaculaires les
uns que les autres. Du sable et des plaines, puis des montagnes à perte de vue.

Nous passions une nuit à Midelt, jonction des chaines de montagnes entre le Moyen et
le Haut-Atlas, à l’hôtel Taddart. Les chambres sont adaptées au froid mais les immenses
espaces communs ne le sont pas. Il fait un froid mordant dans ces espaces malgré la
grande cheminée qui se trouve dans la salle à manger. Il faut dire que les plafonds, si
hauts dans ces espaces, rendent le chauffage quasi impossible.
Puis le lendemain, nous reprenions la route pour Assilah. Une ville qui s’est développée
à une allure folle depuis que je l’avais visitée, il y a plusieurs années.
Quelle ne fut pas ma surprise de retrouver derrière les remparts portugais de la ville
d’Assilah, une porte dérobée, dans l’ancien mellah, où on annonce un mikvé (bain rituel
juif), un hammam et un farrane (four) judaïque datant de 1866.
C’était une belle surprise de la présence des Israélites au Maroc à Assilah.

Notre riad, El Alba, était spectaculaire. Tout le moindre détail a été pensé dans ce petit
hôtel coquet.
Cette dernière étape de notre voyage avant de retraverser la mer vers l’europe, s’est
passé toute en finesse dans cet hôtel.
Beaucoup de difficultés à quitter le continent nord-africain. Pendant ce voyage à plus de
2500 m d’altitude parfois, nous avons fait plus de 2600 kms en 8 jours, le plein de désert
qui s’étend à l’infini, des routes qui dévoilaient à chaque tournant des paysages
époustouflants et de spectaculaires panoramas.
Pour faire un itinéraire de visite du désert :
Contactez Zaid : +212 676 713 607
Rutas a Marruecos : https://www.rutasamarruecos.com/eng/merzouga-activities/
 +212 667 832 586
 rutasamarruecos4x4@gmail.com

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