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Les fabuleuses histoires du dénommé El Amine Serhani alias Amine Idrissi

«A beau mentir qui vient de loin» disait un vieux proverbe. Et nos anciens affirmaient que «Plus un mensonge est gros, plus facilement il passe».

Ces deux adages ont été, au cours de la dernière année, rudement soumis à l’épreuve de la vérité par un drôle d’individu, un affabulateur sans vergogne, un menteur patenté et maladif, en une phrase un quidam chez qui tout sonne faux.

Le faux et usage de faux commence dès le premier abord. Son prénom est ainsi tantôt Amine, tantôt El Amine et parfois Al Amine; son nom est parfois Serhani, parfois Idrissi ou encore El (ou Al) Idrissi; à l’appui de tous ces «alias», plusieurs signatures autographes et surtout … deux cartes d’identité nationale (CIN), document officiel par excellence, présentant le même personnage mais avec deux dates de naissance différentes , ce qui est comme chacun le sait, strictement illégal puisque contraire aux raisons pour lesquelles l’Identité Nationale existe au Maroc et dans de très nombreux autres pays du monde.

Affabulations…

Les affabulations suivent. Dès son installation, récente, à Montréal, une rumeur vraisemblablement lancée par lui-même, commence à circuler : il serait venu ici pour remplir une mission qui lui aurait été confiée par “la plus haute autorité marocaine“ (entendez Sa Majesté le Roi du Maroc) et pour les besoins de laquelle un budget de plusieurs millions de dollars (US s’il vous plait!) lui aurait été alloué.

Sa mission? “Assainir la communauté“, “la débarrasser de la vermine qui lui suce le sang“ en “s’arrogeant un leadership usurpé ou commettant toutes sortes d’abus au nom de la religion“.

Pour éviter toute question sur sa capacité à assumer une si grande et importante mission, il se présente comme titulaire non pas d’un. Mais de plusieurs “doctorats universitaires“ et pour faire bonne mesure, d’un diplôme d’ingénieur d’État obtenu auprès de l’une des plus prestigieuses institutions du continent Africain, l’École Mohammedia des Ingénieurs (EMI).

Et comme il est homme à tout prévoir, ses “outils“ ne sont rien de moins que “le plus grand groupe media jamais créé au  Canada“ le célèbre inconnu “Groupe Origines“ et “Made in Morocco“, une entreprise multinationale qui, semble-t-il, n’existe que sur le papier.

Le personnage ainsi construit est brillant, non? Mais si brillant qu’il en devient aveuglant et surtout bien peu crédible.

Bien peu crédible surtout en raison de la “mission“ dont il se dit investi. Car’ au cours des trente ou quarante dernières années, tout ceux qui se sont peu ou prou intéressés à la manière dont le Maroc gère ses relations avec les originaires du Royaume vivant à l’étranger savent que Rabat, sachant que bon nombre de ses derniers ont souvent adopté la nationalité du pays dans lequel ils vivent, prend un soin extrême à ne rien entreprendre qui puisse ressembler à une ingérence.

Les soupçons s’aggravent dès lors que le dénommé Serhani entame une campagne de dénigrement systématique à l’encontre des personnes et des associations les plus en vue de la communauté. Une attitude, on en conviendra, sans rapport avec le comportement attendu d’un universitaire qui se pare volontiers de la qualité de journaliste, chargé surtout d’une noble “mission“ par “une haute autorité“!

Révélations en cascade

Par curiosité, parce que – ayant vécu déjà quelques mésaventures fomentées par des “hommes providentiels“ ressemblant à ce Serhani – nous commençons à soupçonner un risque pour l’intérêt public.

Quelques questions, tout-à-fait journalistiques, à des sources à Casablanca, nous amène des réponses renversantes. On apprend très vite que ce triste individu – qui s’appelle tantôt Serhani, tantôt Idrissi – est en fait un repris de justice condamné au moins à deux reprises par la justice marocaine pour des faits d’escroquerie et d’abus de confiance; qu’il n’est titulaire ni de doctorat, ni de diplôme d’ingénieur et que d’autres faits délictuels lui serait encore reproché, que donc, ses comptes avec la justice marocaine ne seraient pas encore complètement soldés.

Dans l’intérêt du public montréalais, nous médiatisons tout cela et, surprise!, des langues se délient ici.

Et on apprend alors, en cascade, que Serhani est demandeur du statut de réfugié, que les instances spécialisées ne lui ont jamais reconnu la qualité de journaliste, que son Groupe Origine est une coquille vide, domicilié à Montréal dans un casier postal à $12.50 par mois. 

Son premier mensonge, la royale mission et les ressources financières destinées à la soutenir, s’écroule alors comme un château de cartes.

Puis suivent d’autres “découvertes“ : l’ordre des avocats enquête sur une possible pratique illégale du métier. Immgration; Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) mène aussi une enquête sur la véracité de certaines informations et faux documents, Serhani est déclaré coupable et condamné à trois ans de probation et 60 jours de travaux communautaires pour de violence conjugale contre une épouse dont il n’est toujours pas divorcé, ce qui ne l’a pas empêché de convoler une seconde fois (une quatrième fois si l’on compte les familles abandonnées au Maroc) sous le couvert du “mariage religieux“ et bien d’autres choses plus croustillantes les unes que les autres…

Saga juridique

Reconnaissons une chose à Serhani : tous ces exploits, il les a accomplis en moins de deux ans puisqu’il n’est installé à Montréal que depuis la fin de l’année 2019.

Remarquable? Moins que ce qui suit.

Car, bien sûr, afin de nous prémunir collectivement contre ces menées, nous avons toutes nos découvertes à la connaissance de la communauté dont il voulait devenir le maître.

En cela nous avons été soutenus par beaucoup de personnes remarquables et engagées au service des véritables intérêts de cette communauté.

Il fallait s’y attendre : dévoiler son jeu n’a pas été du goût de Serhani alias Idrissi, faux-dévot mais authentique escroc.

Dès lors, sa principale “mission“ consistera à faire taire tous ceux qui dénoncent ses menées.

Il se lance alors dans un marathon judiciaire, entamant poursuite en cour après poursuite en cour. Y compris contre sa première épouse canadienne. En tout, cinq poursuites, réclamant au passage à quinze citoyens canadiens des centaines de milliers de dollars pour des “dommages“ jamais démontrés. En date d’aujourd’hui, presque toutes ces demandes ont été rejetées par les tribunaux parce que non fondées et abusives; mais ces rebuffades ne l’empêchent de continuer ses menées…

Parallèlement, il adresse des  mises en demeure à 100 citoyens canadiens pour les dissuader, préventivement, de prendre position dans l’affaire.

La fin de l’histoire

Mais la fin de l’histoire est déjà écrite. 

Car, le jour ne saurait tarder ou la justice, lassée, le déclarera “quérulent“.

Viendra ensuite le jour où les enquêtes en cours concluront qu’il ne peut prétendre au statut de réfugié et qu’il sera alors invité à aller exercer ses douteux talents ailleurs…

À ce moment, il faudra cependant se souvenir que ce n’est pas la première fois que notre communauté a affaire à des individus du genre Serhani. Il se pourrait aussi que ce ne soit pas la dernière fois.

Mais on saura aussi – pour conclure cette chronique comme nous l’avons commencée que, un mensonge peut être gros, mais ne doit pas être trop gros; et qu’on ne peut plus mentir parce qu’ on vient de loin, car, grâce aux nouvelles technologies, nous vivons dans un «village planétaire» où, comme le dit le vieux proverbe marocain «cinq sous de benjoin suffisent aux fumigations du douar».

Lisez les publications suivantes pour avoir une idée plus claire sur ce mythomane:

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