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Hassan Guillet candidat du Parti libéral du Canada? Quand une déclaration d’intention déclenche une polémique mal intentionnée…

Hassan Guillet

Hassan Guillet

Son sermon avait fait le tour du monde au lendemain de l’attentat à la mosquée de Québec. Le porte-parole du Conseil des imams du Québec souhaite maintenant rejoindre les troupes de Justin Trudeau. Hassan Guillet sera candidat à l’investiture libérale dans la circonscription de Saint-Léonard–Saint-Michel, à Montréal, lors d’une prochaine élection partielle.

Hassan Guillet a fait part de ses intentions sur les réseaux sociaux et, dans la foulée, il a publié son curriculum vitae qui, surprise, contient bien d’autres qualifications que la fonction religieuse dont on le pare systématiquement et qui, de manière douteuse, est utilisée dans une tentative de disqualification dont on comprend difficilement tenants et aboutissants. «Un imam est perçu comme un homme religieux et un homme religieux n’a pas de place en politique dans un état laïque; la candidature d’un imam va être perçue comme une ingérence de la religion en politique», a-t-on ainsi entendu dire.

Le CV de Hassan Guillet révèle au surcroît bien d’autre qualités et expertise : ingénieur et avocat à la retraite, il a été directeur des achats stratégiques pour Bombardier et maîtrise sept langues. Ce qui permet à M. Guillet de déclarer : « Ce n’est pas l’imam qui se présente, a répondu Hassan Guillet. C’est l’homme polyglotte avec un parcours multidisciplinaire et une culture universelle et multiconfessionnelle. »

Cette réponse a été explicitée et complétée par M. Guillet dans une lettre ouverte à La Presse + dont voici le texte intégral.

«Pour clarifier la situation»…

«La nouvelle d’une possibilité de me présenter à l’investiture du Parti libéral du Canada dans la circonscription de Saint-Léonard–Saint-Michel a suscité un grand intérêt et un débat animé. Cela m’oblige à sortir de mon mutisme pour clarifier la situation et corriger quelques idées préconçues.

1. Pour le moment, il n’y a pas d’investiture à Saint-Léonard–Saint-Michel. Nicola Di lorio, le député actuel, a annoncé sa démission dans une conférence de presse, mais il n’a toujours pas démissionné.

2. Comme je reçois beaucoup d’appuis dans la circonscription et beaucoup de pression pour me présenter, je suis en période de réflexion très avancée.

3. Les personnes qui s’inquiètent de la possibilité de voir un député imam à la Chambre des communes se trompent sur toute la ligne. Si je me présente, ça ne sera pas à titre d’imam ; ce sera l’homme polyglotte avec un parcours multidisciplinaire et une culture universelle et multiconfessionnelle. Ce sera l’ingénieur, l’avocat, l’agriculteur et le bâtisseur de ponts avec le cœur ouvert et les bras tendus. Ce sera l’écrivain et l’orateur qui prêchait la tolérance, le vivre-ensemble, l’intégration et l’harmonie sociale sur toutes les tribunes, et pourquoi pas la tribune de la Chambre des communes ?

4. La confusion émane de la culture catholique où il y a un clergé et une hiérarchie bien établie. Ce n’est pas le cas de l’islam. La relation entre l’individu et son créateur dans l’islam est directe, sans l’intermédiaire d’un prêtre ou d’un imam. D’ailleurs, je ne suis qu’un individu « laïque » tel que défini dans la tradition catholique, qui remplissait le rôle d’imam bénévole et à temps partiel. Je n’avais donc aucune autorité religieuse. Si j’ai été invité pour rendre hommage aux victimes de la tuerie à la Grande Mosquée de Québec, c’est grâce à ma culture et à mon éloquence, et surtout, à mon intégration aux sociétés québécoise et canadienne. Certainement, je n’ai pas été choisi à cause d’une autorité religieuse, que je n’ai pas.

5. Plusieurs imams ont pris la parole depuis la tragédie à la Grande Mosquée de Québec. Si mes paroles se distinguaient et ont causé l’écho que nous sentons tous jusqu’à maintenant, c’est à cause de mon appartenance intime à cette société que j’aime et que je me dédie à servir. D’ailleurs, ceux qui se rappellent de mon discours à Québec peuvent témoigner que c’était un discours sociopolitique beaucoup plus qu’un sermon religieux.

6. Quand on parle de MM. Couture et O’Neil qui étaient prêtres, députés et ministres du gouvernement de René Lévesque, un des artisans de la Révolution tranquille, on nous dit que ça date de 40 ans. Quand on parle de M. Gravel qui était prêtre et membre de la Chambre des communes au nom du Bloc québécois, on nous dit que le pape l’a rappelé à l’ordre. Par contre, aujourd’hui même, il y a au moins un pasteur qui est membre de la Chambre des communes. Il s’agit de Robert Oliphant, député de la circonscription de Don Valley-Ouest, que je connais personnellement. Peut-être y en a-t-il d’autres aussi que je ne connais pas.

«Il n’y aura pas un député imam»

7. Il n’y aura pas un député imam, même s’il y a un député pasteur, tout simplement parce que j’ai déjà annoncé aux fidèles où j’offrais mes services comme imam bénévole à temps partiel que ma dernière journée d’imam était le vendredi 1er juin 2018. Donc, je ne suis plus imam. Pour éviter la confusion, j’ai démissionné même pendant ma période de réflexion. Je n’attendais pas d’être élu et, certainement, je n’attendais pas qu’on me le demande, comme dans le cas de M. Gravel.

8. Certains citoyens essaient, au nom de la laïcité, de brimer les droits d’autres citoyens. L’État est laïque, mais les citoyens ne le sont pas nécessairement, et l’État ne doit être ni religieux ni anti-religieux. Chacun a le droit de pratiquer la religion qu’il veut ou ne pratiquer aucune religion s’il le veut. Les parlements doivent, dans une démocratie comme la nôtre, être représentatifs de tous les citoyens indépendamment de leurs religions, origines ethniques, genres, orientations sexuelles ou conditions sociales.

9. Le lendemain de mon discours à Québec, qui a fait le tour du monde et qui a été tweeté par J. K. Rowling, l’auteure très célèbre de la série Harry Potter, j’ai reçu un appel téléphonique de notre premier ministre, le très honorable Justin Trudeau. Il m’a félicité et m’a remercié pour avoir su « panser les blessures, apaiser la douleur, et souder la société ». Je suis fier de l’avoir fait. Par contre, il ne faut pas me priver de mes droits de pouvoir continuer à servir mon pays de la façon que je jugerais utile. Il ne faut pas non plus empêcher la société de bénéficier de mes compétences et de mes expériences pour la simple raison que j’ai répondu à l’appel de cette même société dans un moment critique de son histoire.»

Atlas.Mtl

 

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