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La politique et nous

La politique et nousEntre entretien avec le Premier ministre du Québec  et «Affaire Saint léonard Vs Association Badr»

On ne répétera jamais cette vérité première voulant que «si vous ne vous intéressez pas à la politique; la politique s’intéressera à vous». Or, comme chacun le sait, lorsque quelqu’un vous porte intérêt à votre insu, cela peut produire – peut-être! – le meilleur des choses mais aussi – peut-être encore! – le pire de toutes les choses.

Les deux hypothèses étant équiprobables, il vaut sans doute mieux être proactif; ne serait-ce que pour savoir comment et à quelle(s) fin(s) la politique et les politiciens s’intéressent à nous et si même, ils nous accordent peu ou prou de leurs attentions….

Le meilleur moment pour ce faire? Sans doute hors des périodes «chaudes» que constituent les campagnes électorales. Ce début de l’année 2017 constitue assurément une de ces périodes privilégiées. Nous sommes en effet à quelques dix mois des consultations municipales et à un peu plus de dix huit mois des élections législatives québécoises.

Qui s’intéresse à nous?

Bien plus pris par les «urgences» et priorités générales, nos élus décideurs – sachant que l’intérêt général ne représente pas toujours, sinon jamais, la somme exacte des intérêts des différents segments de la population – pensent-ils quand même aux minorités et à leurs problèmes et ce en application de cet autre principe de gestion de la chose publique selon lequel la santé d’une société ne se mesure bien qu’à l’aune de la situation de ses minorités?

Afin d’obtenir une réponse à cette question, nous avons donc décidé, d’aller à la rencontre de nos politiciens. Atlas.Mtl a donc sollicité un certain nombre de nos politiciens provinciaux et municipaux, majorités et oppositions, pour des entretiens qui, si tout va bien, seront tous publiés avant fin mars 2017; ce qui nous laissera à tous le temps de méditer et de décider de nos participations et de nos choix aux prochaines consultations électorales.

Avant d’aborder les résultats de cette démarche, il convient de préciser que les différentes demandes d’entretiens ont été formulées vers la fin du mois de décembre dernier, aux alentours de la période des fêtes, ce qui peut expliquer qu’hors des «accusés de réception», le reste avance à un rythme de sénateur.

À une exception près : le Premier ministre, Philippe Couillard, hôte de ce numéro, dont les réponses sont venues avec une remarquable célérité et qui, pour faire bonne mesure, nous livre deux «scoop»

  1. 1- Un Rendez-vous national sur la main-d’œuvre les 16 et 17 février prochains pour discuter de moyens pour mieux attirer les talents et former et intégrer les gens à l’emploi;
  2. 2- Un Comité interministériel sur la reconnaissance des compétences des personnes immigrantes formées à l’étranger, composé de 13 membres du gouvernement auxquels se joignent les représentants des organismes ayant à connaitre de cette question, travaille actuellement à la proposition d’une Stratégie d’action spécifique sur la reconnaissance des compétences acquises à l’étranger par les personnes immigrante.

Célérité et qualité des réponses, voilà qui constitue, en soi, une marque insigne de considération – appréciée – pour nos lecteurs et pour la communauté à laquelle ils appartiennent en majorité.

Pour les autres entretiens en chantiers, on verra…

Le prix de la non-participation

S’intéresser à la politique n’a cependant pas que cette vertu de démontrer aux citoyens que nous sommes si nos voix sont entendues et si nos problèmes particuliers sont pris en compte dans les politiques générales. Cela peut aussi avoir un effet dissuasif sur la tentation à laquelle pourraient céder certains décideurs, de sacrifier les intérêts des minorités sur l’autel de leurs intérêts électoraux.

Depuis l’année 2011 en effet, les élus municipaux d’un arrondissement de l’est de Montréal – Ville Saint Léonard pour ne pas la nommer – ont multiplié les tentatives pour faire fermer les locaux de l’association Badr qui abrite entre autres, un lieu de culte musulman. Si le poids démographique de ceux auxquels ce centre communautaire s’adresse en premier lieu s’était traduit en poids électorale, l’histoire aurait pu être toute autre. Cela n’a pas été le cas, il a donc fallu faire recours au système judiciaire pour voir à la question. Et heureusement que la justice veille. Le magistrat ayant eu à connaitre de l’affaire a bel et bien constaté – c’est écrit en toutes lettres dans le jugement rendu – que l’arrondissement de Saint Léonard s’était comporté de manière «répréhensible» et en toute «mauvaise foi»  et que la réglementation qu’il a mise en avant pour défendre sa demande est «discriminatoire».

Si le segment musulman de la population de l’arrondissement montréalais de Saint Léonard s’était impliqué comme il a le devoir citoyen de le faire, dans les consultations municipales de 2009 et 2013, peut-être que ses lieux de cultes n’auraient pas été en butte à ce que l’on ne peut que qualifier d’«inexplicable hostilité» de la part de certains élus.

En guise de conclusion…

De tout ce qui précède, quelles conclusions tirer sans revenir au postulat de départ voulant que «si vous ne vous intéressez pas à la politique; la politique s’intéresse à vous»?

La réponse est évidente : intéressez-vous à la politique et participez à la gestion de la chose commune afin que, lorsqu’elle s’intéressera, cela ne pourrait être pour les bonnes raisons…

Abdelghani Dades (édito, Atlas.Mtl 295)

 

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