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Signes de piste

Signes de pisteEn pareil moment, chaque année, le temps reste à un rituel : celui des vœux. Et en pareil moment, chaque année, tus dans l’euphorie du temps des fêtes, des constats pas toujours roses, de ce que les trois cent soixante et cinq jours passés ont apportés de désillusions et de déceptions quant aux promesses non tenues de l’année qui s’achève…

Mais ces non-dits doivent-ils empêcher d’espérer et de croire? Certes non, ne serait-ce que parce que la sagesse chinoise séculaire, au vu sans doute du même constat que celui établi dans les premières lignes de ce texte, avait édicté que la vie d’un homme s’arrête dès lors que celui-ci n’a plus la force de rêver.

Signes et rêves

Alors rêvons!

Et pour alimenter nos songes, puisons dans l’immédiat ces signes qui promettent que demain, un autre temps et d’autres mœurs viendront éclairer nos jours.

Cette semaine, trois augures ont déchiré les cieux.

D’abord, parce que nous parlons de «signes», notons cette coïncidence calendaire faisant que, pour la première fois depuis 457 ans, Aïd al Mawlid célébrant l’anniversaire de la Naissance du Prophète de l’Islam et la Nativité, célébrant celle de Jésus, seront fêté le même jour!

Ensuite, plus prosaïquement, soulignons qu’a Paris, à la fin de la COP 21, au terme de treize jours de négociations (voire de marchandages), les représentants de la quasi-totalité des dirigeants de la planète Terre, sont parvenus à s’entendre sur un texte d’accord qui devrait, à terme, permettre à notre monde de mieux respirer.

Enfin, plus terre-à-terre encore, en France toujours, après avoir menacé durant une semaine de s’imposer et caracolé en tête de tous les sondages sur les élections régionales, l’extrême droite de cette France, terre et mère de la déclaration universelle des Droits Humains, à fini par être ramenée dans ses limites naturelles : un mouvement d’humeur populaire et un discours qu’on tient tout bas et qui fait un peu honte.

Des réalités et des préoccupations

Mais que veulent vraiment dire ces signes?

Que s’est-il passé en 1559, année entamée sous le signe de la concorde du temps solaire et du temps lunaire des Hommes?

Rien, ou presque, si l’on en croit la chronique historique. La Renaissance, âge d’or du Vieux Continent, avait déjà 45 ans et commençait de s’essouffler et le temps des Lumières – plus d’un siècle plus tard – ne s’annonçait même pas encore.

Croire sur cette seule prémisse du calendrier en l’avènement une concorde islamo-chrétienne, serait un aussi pieux vœu que d’avoir cru en une «civilisation judéo-chrétienne» qui n’a jamais empêché l’antisémitisme; ou en un «héritage judéo- musulman» avéré sans effet sur une guerre au Moyen Orient qui perdure depuis plus de soixante ans.

Pour ce qui est de l’accord sur les changements climatiques, penser qu’il résoudra la question du réchauffement de la planète, en l’état des choses faites à Paris relèverait de la méthode Coué, tant les choses restant à faire (donner corps aux principes arrêtés), en l’occurrence, opérationnaliser la déclaration de la COP 21, semble être tâche infiniment plus ardue que toutes les tractations qui ont menés à sa conclusion.

Enfin, pour ce qui est du désastreux repli identitaires matérialisé par la progression de l’extrême droite française, le parti portant le flambeau du recroquevillement identitaire n’a certes conquis le pouvoir dans aucune région de l’Hexagone, mais il n’en demeure pas moins qu’il a recueilli 6,8 millions de votes; soit, ramené à la population du pays, beaucoup plus que dans des pays – Danemark, Norvège, Autriche, Hongrie, Grande Bretagne, Pays Bas, Slovaquie, etc. – où les extrémistes ont désormais pignon sur rue et prise sur le pouvoir, la fermeture (des frontières de la solidarité et de l’humanisme notamment) et la façon de la Loi.

Trois signes face à l’Infini…

Ce triple anti-constat suffit-il cependant à dissiper l’optimisme auquel incite le temps des fêtes? Certes non. Revenons à sagesse confucéenne : la vie s’arrête dès que l’espoir n’est plus. Et voyons-y plutôt une juste mesure de tout ce qu’il reste à faire pour que le monde auquel nous aspirons finisse par arriver et se faire.

(Ndlr : pour vous rassurer sachez que les trois «signes» examinés l’ont été dans un texte comptant 4347 signes typographiques, ponctuations comprises; soit donc 4347 signes qu’il faut continuer de vivre, de croire et d’agir).

Abdelghani Dades (Édito Atlas.Mtl 269 du 14 au 27 janvier 2016)

 

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