Abderrahim Souiri – de son vrai nom Abderrahim Aït Chelleh – est né en 1957 à Essaouira, une ville de la cote atlantique du pays qui à produit d’innombrables talents des arts, des lettres et des spectacles. Abderrahim Souiri en est une; particulièrement remarquable puisque désormais, il a statut d’icône emblématique de la jeunesse marocaine pour avoir su ramener le patrimoine andalou antique aux temps modernes.
Une voix exceptionnelle
Avec sa voix exceptionnelle et touchante, il a fait fondre des cœurs f et des esprits humains des plus complexes, pour les amener à entrer dans un cercle presque sacré : celui des «maoulou’ines», amateurs éclairés d’une musique classique venues de temps anciens et racontant des faits et des états toujours actuels.
Le cri originel
Essaouira, 1957. Un cri retentit, annonçant la naissance d’une créature dotée d’un talent exceptionnel hérité du paternel à la voix douce et frappante. On lui donna le prénom de Abderrahim pour compléter son patronyme d’Aït Chelleh. Mais il rencontrera la gloire et le renom, à l’échelle du Maroc comme au niveau international sous un pseudonyme rappelant ses origines : Abderrahim Souiri.
On connait un peu moins son père; à tort, car il s’agit de nul autre que le «Maallam» (le maitre) Benjemaa Essouiri, grands parmi les grands des genres Madih et Sama’e, interprète et musicien au sein d’un inoubliable Grand Orchestre de la Musique arabo-andalouse, regroupant dans ses rangs artistes musulmans, des chrétiens et des juifs partageant leur art en parfaite entente et harmonie.
Le Maalem Benjemaa ne sera cependant pas là pour les douze ans de son fils Abderrahim. La mort le surprendra à la force de son âge et de son talent. Abderrahim jeune prodige perdit ainsi son père mais héritera de son talent; un talent que son frère ainé, désormais tuteur, fera tout pour le faire épanouir.
Il l’enverra ainsi à Casablanca pour continuer ses études secondaires, brillantes jusqu’à obtenir un baccalauréat en lettres modernes, interrompues pour des raisons matérielles contraignantes au seuil de l’université.
Pour gagner sa vie, Abderrahim se fera chantre dans des soirées religieuses animée par le Fqih Hayani.
Mais sa voix le fait vite remarquer. Haj Driss Benjelloun Touimi, président de l’Association des amateurs de musique andalouse, n’y resta pas insensible, il le recommanda alors au Haj Abdelkrim Raïss qui le mit en orbite. À partir de 1986, en l’incluant dans un orchestre comptant dans ses rangs des artistes tels que Bajjedoub, Chekkara ou Tamsamani, autant de noms illuminant le ciel de la musique andalouse.
Depuis, il a conquis les oreilles et les cœurs de trois générations d’un public chaque jour un peu plus large qui, toutes, entonnent avec lui des classiques tels que «Chems El Achiya», «la ilaha illa lah» ou «Ana mani fiach»; ou encore des chansons plus populaires comme «Amoulati a lalla» ou encore «Dour biha ya chibani».
Incontestablement Souiri a marqué de son empreinte le renouveau de la musique andalouse; ce fait lui a été reconnu par des invitations à donner des spectacles sur des scènes plus prestigieuses les unes que les autres dont l’Opéra de Paris, l’Opéra du Caire, l’Université Georges Town à Washington et l’Université Harvard à Boston. Il lui a été reconnu par les hommages que lui ont rendus, publiquement, par des personnalités telles que Koffi Anan ou Abdou Diouf.
Et il sera à Montréal; une ville «que j’aime et dont j’adore le public», dit-il.
Sachant que lorsqu’il aime, il se transcende et performe, nous ne doutons pas que la soirée du 7 mars sera exceptionnelle, qu’elle constituera une occasion à ne rater sous aucun prétexte.