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Maroc : Une circoncision aurait tourné à la mutilation pour une famille de MRE rentrée du Canada

Maroc : Une circoncision aurait tourné à la mutilation pour une famille de MRE rentrée du CanadaIlham Ennaouri et son époux, deux MRE du Canada, réinstallés au Maroc disent vivre une véritable injustice. Voulant faire circoncire leur fils, ils se sont rendus chez un médecin à Casablanca. Celui-ci aurait raté l’opération au point de mettre en danger la santé de leur enfant. Depuis mai dernier, la mère a tenté d’alerter les autorités du pays, afin d’obtenir gain de cause. Pour la première fois, les médecins mis en cause ont accepté de s’exprimer à ce sujet. Tout est actuellement entre les mains de la justice et chacune fait valoir sa version des faits. Détails.

Les faits remontent à mai 2013. La presse arabophone en a parlé à plusieurs reprises, reprenant notamment des vidéos publiées par la famille sur Youtube. L’affaire a, cependant, été remise au goût du jour ce mardi matin après le passage de la mère du petit garçon sur les ondes de radio MFM dans l’émission « Sbah el khir Ya bladi », animée par Khalid Nizar. « Mon enfant Mohamed Hachem Ramdani a été victime d’une erreur médicale pendant la circoncision », ne cesse d’affirmer Ilham Ennaouiri, une MRE du Canada revenue s’installer au Maroc, qui a dévoilé l’identité des médecins qu’elle accuse d’être l’un « criminel » et l’autre « complice ».

D’après le récit de Mme Ennaouri, le médecin ayant procédé à la circoncision, Dr F. B., aurait « coupé une partie du gland » de son enfant et dissimulé ce faux pas médical en mettant « des sutures fermant le canal d’urine sous prétexte de corriger une ‘’hypospadias’’ [malformation, ndlr], mais c’était plutôt pour cacher la coupure du gland ».

Elle a, ensuite, vu un autre médecin à la clinique Atfal qui, dès le lendemain matin, a opéré l’enfant d’urgence, afin de « sauver [son] fonctionnement urinaire », dit-elle. Mais ce dernier aurait, d’après la mère, « refusé de délivrer un rapport sur l’état avant l’opération, ainsi que le rapport opératoire ». Elle dit avoir protesté pendant trois jours avant de recevoir « un certificat falsifié attestant qu’il s’agit d’une perte de substance superficielle au lieu de perte d’une partie de gland estimé de 15% par lui-même, mais verbalement ». Pour elle, le Dr L. F. « essayait de couvrir son collègue ».

Il y avait effectivement erreur, mais pourquoi y suis-je mêlé ?

« Sincèrement, j’ai préféré jusqu’à ce jour éviter de me confronter à cette dame sur les médias compte tenu de la manière dont elle s’est comportée », affirme d’entrée de jeu à Yabiladi Docteur L. F. « Cette dame m’a amené son fils car il avait été circoncis en cabinet privé. Après observation, j’ai vu quelques points de suture et qu’il ne s’agissait pas d’hypospadias comme elle disait, mais plutôt d’une lésion du gland », relate-t-il. Constatant que son diagnostic était différent de celui du premier médecin, le Dr L. F. appelle son confrère pour lui demander des explications. « Il a reconnu qu’il a fait une erreur », dit-il.

« J’ai donc expliqué à la mère qu’il était dans l’intérêt de l’enfant, de l’opérer urgemment, il était environ 15h30 ce jour-là, se souvient le docteur. Elle m’a dit qu’elle réfléchirait ». Sur ce, « elle est allée chez un confrère qui sait que je fais bien cette opération. Il l’a renvoyé chez moi. Mais elle est encore allée voir une autre, qui l’a, lui aussi, renvoyée chez moi », raconte le médecin. Finalement, c’est vers 22 heures que Mme Ennaouri serait revenue à la clinique Atfal, résolue à faire opérer son fils, d’après la même source. « Puisqu’il se faisait tard, je lui ai proposé d’opérer l’enfant le lendemain, s’il n’est pas bloqué dans son pipi. J’ai dit à la mère que la lésion n’était pas grave et que je ferais de mon mieux pour rétablir la verge de l’enfant. Et c’est ainsi que nous l’avons fait le lendemain, vers 10h30 », indique Dr L. F.

« J’ai dû incarner à la fois, le chirurgien et l’humaniste »

Selon le docteur, Mme Ennaouri en voulait beaucoup au précédent médecin. Alors qu’il se préparait à rentrer au bloc opératoire, elle lui aurait soufflé, qu’elle désirait ne plus voir cet homme pratiquer la circoncision. « A partir de ce moment, ma mission était double. D’une part, je devais tenter de réparer la verge de l’enfant, d’autre part, je devais jouer un rôle humanitaire. Le pauvre médecin était très paniqué. Il a reconnu que c’était une erreur de sa part », se désole Dr L. F.

Ce chirurgien pédiatre a donc tenté de convaincre la dame d’éviter toute procédure judiciaire, laquelle prendrait « beaucoup de temps et d’énergie ». « Je lui ai dit qu’il y avait des cas de lésion encore plus graves que celui de son fils et que l’essentiel c’est qu’il s’en sorte. Cet argument n’a pas plu à Mme Ennaouri, puisque c’est l’un des points sur lesquels elle s’appuie pour dire que les deux médecins sont de connivence. « Je n’avais jamais rencontré ce médecin [Dr F. B., ndlr] avant cette affaire. Et jusqu’à ce jour, je l’ai vu deux fois ici à la clinique », souligne Dr L. F., expliquant qu’il était également préoccupé par le mental de l’enfant. « Je lui ai expliqué que le premier à faire les frais d’une démarche en justice, c’est son petit garçon, qui allait en ressortir traumatisé ».

Après l’opération, Mme Ennaouri n’a pas approuvé le certificat délivré par le docteur. « Elle voulait que je dise que la lésion était très grave, alors que – je le confirme – ce n’était que superficiel. En tant que médecin, on ne peut affirmer que ce que l’on constate », explique-t-il ajoutant que « si le premier médecin lui a dit qu’il y avait un hypospadias, il n’a qu’à l’assumer ».

« Tout ce qui se dit en ce moment n’a aucun fondement de justice »

Yabiladi a contacté le médecin responsable de la circoncision, mais ce dernier ne semblait pas du tout se sentir coupable de quoi que ce soit, mais peut-être a-t-il essayé de se maitriser. « Le dossier est entre les mains de la justice. Tout ce qui est en train de se dire n’a aucun fondement de justice », a-t-il affirmé. « Malheureusement, tout ceci aura des conséquences même vis-à-vis de la presse qui diffuse ce genre d’informations. C’est tout ce que j’ai à dire » a-t-il finalement conclu.

« Une mauvaise pub’ gratuite pour la clinique »

A la clinique Atfal, tous sont remontés. « La circoncision a mal tourné chez un médecin généraliste. La maman du petit nous a fait de la mauvaise communication, pourtant le médecin qui l’a traité ici [à la clinique, ndlr] a arrangé les choses », affirme à Yabiladi une source à la clinique qui requiert l’anonymat.

Une affaire doublement en justice

Ilham Ennaouri et son époux, Abdellah Ramdani, meurtris, ont déposé plainte le 3 mai dernier et attendent encore que le tribunal fixe la date de la première audience. Au même moment, elle avait lancé une pétition pour obtenir 1000 signatures. Aujourd’hui, elle en est à 883.

De son côté, le Docteur L. F. a également déposé une plainte pour diffamations contre Mme Ennaouri, estimant qu’à « aucun moment », il n’a voulu porter préjudice à la vie de son fils. L’homme considère que « la mère de l’enfant a fait un total amalgame en me décrivant comme complice tout en reconnaissant que j’ai sauvé son fils ». Il raconte qu’il a du faire face aux menaces des membres de la famille de Mme Ennaouri. Celle-ci aurait débarqué avec trois hommes dont son époux. « Son frère disait qu’il est ingénieur et compétent, son mari a vécu au Canada… Ils disaient que j’ai commis deux erreurs graves : premièrement je n’ai pas opéré l’enfant à temps, deuxièmement je ne veux pas décrire la lésion telle qu’elle est », relate le médecin. « Ils m’ont suivi jusque dans la rue, m’empêchant de monter dans ma voiture. Un des frères a brandi sa carte disant qu’il était de la police et qu’il m’arrêterait dès le lendemain ». En déposant sa plainte, l’avocat de Dr L. F. a réclamé des dommages et intérêts d’une valeur de 700 000 dirhams.

Visiblement, c’est une affaire dont les autorités de tutelle évitent d’évoquer. Nous avons tenté en vain de joindre les différentes institutions que Mme Ennaouri a contactées, notamment le ministère de la Santé. Au Conseil national de l’Ordre des médecins, le secrétaire général, Docteur Ahmed Serji, a carrément affirmé : « Je ne suis pas au courant [de cette affaire, ndlr] ». Il nous renvoyé vers le Conseil régional qui est resté injoignable.

Par Ristel Edimo (Yabiladi)

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