En 2017 en effet on célébrera ici quatre dates particulières : le 475ème anniversaire de la fondation de Montréal, le 150ème anniversaire de la Confédération Canadienne et le 50ème anniversaire de l’Exposition universelle accueillie par la Métropole.
Trois célébrations et une réflexion
Simultanément, seront à l’ordre du jour de nos intérêts les souvenirs de la naissance d’une ville, d’un pays et de la prise de conscience de l’existence d’une nation et de sa nécessaire ouverture au monde et à une diversité salvatrice.
Chacune de ces commémorations revêt ainsi sa signification propre ; toutes trois mises bout à bout prennent une dimension qui mérite que l’on s’y arrête. Car toutes trois convergent. D’abord vers Montréal où les célébrations vont se croiser ; puis, vers une idée, celle de la canadiannité, celle de l’identité qui doit nous être commune quelles que soient nos origines, nos cultures ou nos choix d’appartenance.
En un mot, 2017 devrait être une année au terme de laquelle, chacun des hommes et des femmes qui ont une vie au Canada en partage, devraient pouvoir être en mesure de se définir par rapport à une nationalité (et une identité) dont le profil semble ne pas encore été définitivement établi. Certes, une identité nationale n’est-elle jamais quelque chose d’achevé; Même pas dans un modèle comme celui de la France où le portrait du citoyen est établi depuis des lustres, et où, en conséquence, tous néo citoyen doit y ressembler et s’y conformer. Mais partout, des traits communs sont de mise, auxquels des variantes sont de mise. Pays d’immigration, le Canada – toutes composantes confondues, Québec compris – se rend à cette raison que, autour de valeurs fondatrices partagées et également respectées, tout héritage historique amené par les communautés culturelles immigrées est respectable et, pour peu qu’il enrichisse la grande communauté nationale, sera mis en commun.
Prenez votre place !
Cette façon de voir, disons-le haut et fort, n’est pas une invention de notre cru. Elle est fortement inspirée par certains propos et réflexions de M. Bernard Landry. L’ancien Premier ministre du Québec, même dans une optique que tout le monde n’est pas obligé de partager, considérait que, advenant une indépendance de la Belle Province, tous les peuple présent au pays seraient également des peuples fondateurs et toutes leurs cultures, usages, croyances et coutumes constitueraient le fond et le référent de la culture nationale québécoise.
Certes, cette perspective a-t-elle été prise en défaut lors du désastreux débat sur les accommodements raisonnables ; Elle risque fort aussi d’être à nouveau écorchée lors des discussions à venir sur l’identité nationale. Mais on pourra aussi lui donner un nouveau relief et une nouvelle vie à cette occasion. Comment ? Par notre participation collective à la réflexion et aux préparatifs des célébrations en cours.
Car les préparatifs sont en cours. On en a eu un aperçu il y a quelques jours avec l’étape montréalaise de la rencontre «2017 débute maintenant», une discussion nationale sur le contenu des célébrations du 150ème anniversaire de la Confédération Canadienne, qui va se poursuivre via un site Web ouvert à tous les canadiens, au pays et à travers le monde, invités de la sorte à dire leurs vœux et leurs espoirs, leurs idées et leurs visions d’un lieu de vie qui peut et qui doit offrir d’égales opportunités à tous ceux qui le peuplent.
L’occasion est à ne rater sous aucun prétexte ; La manquer reviendrais à substituer une auto-exclusion réelle au sentiment d’exclusion que peuvent ressentir certains d’entre nous.
Et pour mieux souligner cet appel, rappelons ce propos récent de Jason Kenney, ministre de la citoyenneté, de l’immigration et du multiculturalisme : «(…) La diversité est irréversible, il faut célébrer la diversité ; pas seulement dans des célébrations folkloriques. Il faut aussi faire plus que la célébrer cette diversité : il faut la penser ; et pour la penser, les initiatives doivent venir des communautés elles-mêmes».
Judicieuse suggestion ; à suivre absolument tant il est vrai qu’il n’est de citoyenneté que la citoyenneté de résidence et que celle-ci commence par la participation, dans les idées comme dans les actes.
Abdelghani Dades (Edito Atlas.Mtl 206 du 23 mai au 5 juin 2013)