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EMBARRAS À L’HÔTEL DE VILLE

Kamal Maghri

Deux jours après avoir fait parvenir une plainte au cabinet du maire Bureau au sujet de l’énoncé de valeurs à l’intention des immigrants, Kamal Maghri s’est retrouvé inclus par erreur dans une chaîne de courriels où il apprend qu’une fonctionnaire municipale a fouillé son passé. Un Marocain d’origine a appris avec stupeur que la Ville de Gatineau avait enquêté sur son compte, deux jours après qu’il eût logé une plainte contre le nouvel « énoncé de valeurs » à l’intention des immigrants.

Après avoir fait parvenir une plainte au cabinet du maire Marc Bureau samedi dernier, Kamal Maghri s’est retrouvé inclus par erreur dans une chaîne de courriel où il apprend qu’une fonctionnaire municipale a fouillé son passé. « C’est une attaque à mon intégrité », se désolait hier M. Maghri à l’émission Solide comme le Roch, à CKOI, qui a dévoilé l’affaire.

Après avoir reçu par courriel la plainte de M. Maghri, le cabinet du maire l’a relayé à son service des arts et de la culture. La réponse d’une fonctionnaire, Annie-claude Scholtès, est revenue deux jours plus tard au cabinet du maire, avec copie conforme à plusieurs hauts fonctionnaires.

« D’après mes recherches, il s’agirait probablement d’un monsieur d’origine marocaine qui serait arrivé au Canada il y a une dizaine d’années, tout juste avant le 11 septembre 2011. Il aurait eu de la difficulté à s’intégrer ici au marché du travail dans un emploi qui correspondrait à ses qualifications, et ce, tant à Montréal qu’à Calgary, écrit-elle. Il aurait accumulé plus de 40 000 $ en dettes personnelles. Il aurait environ 38 ans, aurait fait des études en géomatique et détiendrait, selon ses dires, une maîtrise de L’ÉNAP. Il ne semble pas se réclamer d’une religion particulière. Le centre islamique n’a jamais entendu parler de lui. »

Joint hier à son domicile de Gatineau, Kamal Maghri était encore sous le choc.

« Ce qui m’a choqué, c’est qu’on a fouillé mon passé, et dans un angle bien précis : celui d’un mauvais gars, un musulman, alors que je suis athée et que je me fous pas mal de la religion. Parce que je m’appelle Kamal, on me fiche comme musulman. En plus, on prend la peine de dire que je suis arrivé avant le 11 septembre… Non seulement la Ville de Gatineau met tout un tas de préjugés dans son énoncé de valeurs, mais voilà qu’elle en rajoute au lieu de créer des liens entre les communautés. En tant que citoyen de Gatineau, ça ne me plaît pas. »

Le maire Marc Bureau a nié formellement avoir commandé une enquête sur M. Maghri. Hier après-midi, il blâmait plutôt la fonctionnaire. Mme Scholtès est responsable des dossiers de diversité culturelle à la Ville de Gatineau et relève du service des arts et de la culture. « Mardi matin, on a été saisi du courriel de Mme Scholtès, explique M. Bureau. Elle a vraiment commis un impair. Elle écrivait au cabinet et elle a mis en copie monsieur. Elle a fait une erreur de piton. Je trouve que c’est tout à fait inacceptable. J’ai demandé, dès que j’ai été informé de cela, qu’on s’excuse à la personne. »

M. Bureau n’exclut pas d’imposer des sanctions à l’employée fautive. Jamais, au grand jamais, a insisté le maire, il n’a commandé une enquête sur M. Maghri ou sur qui que ce soit d’autre. « Elle m’a acheminé ces informationslà de son propre chef. Pourquoi elle l’a fait, et où elle a fouillé pour obtenir ces informations ? Je n’en sais rien. Elle a déjà fait ses excuses au monsieur et je vais pour ma part tenter de le joindre. »

Patrick Duquette
Le Droit

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