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Canada: Asmae Boutaleb et Meriem Glia, les médecins engagées

Montréal- Médecins passionnées, engagées et inspirantes, les Maroco-Canadiennes Asmae Boutaleb et Meriem Glia s’investissent pour améliorer les conditions de santé des personnes démunies, encore plus touchées cette année par la pandémie de Covid-19.

Pour ces deux médecins, l’engagement social ne date pas d’hier. Elles sont notamment les fondatrices de l’Organisation maroco-canadienne pour la santé de l’enfant et de la femme (OMCSEF).

Asmae Boutaleb a commencé ses études de médecine à la faculté de Rabat avant d’obtenir son diplôme à la faculté de médecine de Montréal en 1983.

«J’ai pratiqué à l’urgence de l’hôpital St-Laurent et, parallèlement, j’ai participé à l’étude pancanadienne sur le dépistage du cancer du sein à l’hôpital Hôtel-Dieu de Montréal», a-t-elle déclaré à la MAP.

C’est en 1990 qu’elle a ouvert ses bureaux pour la médecine familiale, le traitement médical de nutrition et d’amaigrissement, ainsi que le traitement des varices par sclérothérapie.

En tant que bénévole, elle est partenaire depuis 2016 du musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) pour prescrire la muséothérapie aux personnes vulnérables.

Son engagement envers la société l’a conduit en 2018 à Haïti dans le cadre d’une mission pour améliorer la santé des enfants souffrant de problèmes de comportement.

Dr Asmae Boutaleb, qui est médecin de famille à Montréal, a expliqué qu’en ce temps de pandémie, son travail a été affecté, surtout lors de la première vague avec la fermeture de tous les services sauf ceux essentiels.

«J’ai pu offrir des services médicaux en urgence à mon bureau. On a fait aussi beaucoup de téléconsultations», a-t-elle fait savoir.

A la demande de l’ambassade du Royaume à Ottawa et du consulat marocain à Montréal, Dr Boutaleb a apporté une aide médicale aux Marocains qui sont restés bloqués au Canada durant la première vague de la pandémie après la suspension des vols internationaux.

Le Dr Meriem Glia travaille, quant à elle, comme gestionnaire dans le réseau de la santé et des services sociaux au Québec. Elle fait partie du personnel de la santé au front de la lutte contre le coronavirus.

Titulaire d’un doctorat de médecine en ex-union soviétique, avant de compléter sa spécialité en France en médecine de travail et d’ergonomie, Dr Glia occupait au moment de la 1ère vague de la pandémie le poste de chef de service des activités de remplacement et de séjours hospitaliers à l’hôpital Fleury à Montréal.

La première vague de coronavirus a frappé de façon disproportionnée les travailleurs de la santé, ces derniers représentant le quart de tous les cas rapportés au Québec, a-t-elle rappelé.

«C’était un état de crise, où il fallait gérer les éclosions et la pénurie du personnel. Il a fallu que je travaille très fort et être créative pour assurer la stabilité des effectifs et la présence de personnel en nombre suffisant», a affirmé Mme Glia.

A son arrivée au Canada, Meriem Glia s’est inscrite de nouveau à l’université. Elle a eu une Licence en sciences à l’université de Montréal et une maîtrise en gestion et développement organisationnel à l’université Laval. Elle a occupé plusieurs postes dans la gestion à Montréal.

«J’ai travaillé 12 à 15 heures par jour. Je ne voyais pas mes enfants, une chance qu’ils sont grands et adultes, ainsi que mon mari. C’était une période difficile pour ma vie familiale», a raconté Meriem avec beaucoup d’émotions.

Une situation difficile d’autant plus que son mari travaille aussi dans le réseau de la santé, comme chef de service dans un CHSLD (centre des soins de longue durée pour les personnes âgées) où il y a eu une difficulté à contenir les éclosions.

Sportive, ceinture noire, 3e dan du Karaté traditionnel, Meriem Glia s’est toutefois inclinée devant la maladie de coronavirus qu’elle a contractée en avril dernier.

«J’étais contaminée dans mon milieu de travail. J’ai respecté les mesures de la prévention, mais le virus est rentré dans notre foyer. Il a fallu me réorganiser même chez moi. C’est mon mari qui a commencé à avoir des symptômes et a été déclaré positif. Quatre jours après, c’était moi. Mes enfants ont quitté chez nous pour se protéger», a-t-elle confié.

«Tous les deux, nous étions malades, nous avons eu peur d’avoir des complications respiratoires et on pensait en même temps à nos enfants», s’est-elle remémorée avant d’ajouter que c’était un moment difficile, «on était guéris après 10 jours de souffrance. Nos enfants sont retournés chez nous après 20 jours».

Très dynamique et bien intégrée dans son pays d’accueil, Mme Glia a aussi fait un saut dans la politique en 2014, date à laquelle elle a été candidate du Parti libéral du Québec. «Je n’ai pas gagné mais j’ai doublé le score de mon comté », a-t-elle dit avec enthousiasme.

Meriem Glia et Asmae Boutaleb, qui partagent le sens du bénévolat et de l’altruisme, ont fondé en 2011 l’Organisation maroco-canadienne pour la santé de l’enfant et de la femme (OMCSEF), sous le signe «une femme en santé, un enfant en sécurité, un monde de solidarité».

L’organisation compte à son actif onze missions médicales humanitaires dans les régions rurales démunies et éloignées du Maroc. Les initiatives entreprises par l’OMCSEF ont été principalement organisées dans les régions de Midelt et de Tinghir pour le dépistage du cancer de l’utérus et du cancer du sein chez la femme ainsi que des problèmes de santé chez les enfants de ces régions.

Dans le contexte de pandémie, les missions humanitaires médicales de l’OMCSEF ont été suspendues. La Covid-19 étant la pandémie de la solidarité et de la mobilisation, l’organisation a adapté sa mission à ce contexte avec une action de distribution de vêtements et accessoires d’hiver au profit de personnes vivant dans une commune éloignée.

Par Khadija Benhaddouch (MAP)

 

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