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La haine et l’intolérance en hausse au Canada

L’antisémitisme, la haine et l’intolérance ne sont pas l’apanage des États-Unis, rappelle dans une lettre ouverte la présidente de la Commission canadienne des droits de la personne, Marie-Claude Landry, à la suite de la fusillade survenue samedi dans une synagogue de Pittsburgh. Une affirmation confirmée par les chiffres de Statistique Canada.

« Certains pourraient essayer de minimiser ces actes comme étant ceux d’une poignée d’individus malavisés, qu’il ne faut pas prendre au sérieux. […] Mais nous voyons de plus en plus de haine et d’intolérance exprimées envers des gens simplement pour ce qu’ils sont. […] Nous devons examiner de près la façon dont elle se propage et la façon de demander des comptes à ceux qui la propagent », écrit Marie-Claude Landry dans le journal torontois The Globe and Mail. 

Effectivement, selon Statistique Canada, les crimes haineux ne cessent d’augmenter au pays. De 1167 affaires criminelles motivées par la haine déclarées par la police dans l’ensemble du pays en 2013, nous sommes passés à 1409 en 2016, soit une augmentation de 21 %. 

Les crimes motivés par la haine d’une religion ou d’un groupe religieux se sont accrus de façon fulgurante en quatre ans, passant de 326 à 460, une hausse de 41 %. 

En 2016, le judaïsme a été la religion la plus visée par ces crimes, qui se sont chiffrés à 221, en hausse de 22 % par rapport à 2013. Toutefois, ce sont les crimes ciblant les musulmans qui voient la plus grande augmentation en quatre ans. Ceux-ci sont passés de 65 à 139, une hausse de 114 %. 

Ce sont les crimes motivés par la haine d’une race ou d’une origine ethnique qui ont été déclarés les plus nombreux en 2016, représentant 48 % des crimes haineux déclarés par la police. 

Menaces sur Internet

Les données de Statistique Canada rendent compte de délits punis par le Code criminel. Mais, comme l’indique le lieutenant Hugo Fournier, porte-parole de la Sûreté du Québec, l’intolérance se manifeste souvent sous des formes plus bénignes avant de devenir un crime. 

Énormément de menaces propagées par les réseaux sociaux sont signalées aux policiers par des citoyens, note-t-il. Souvent, ces informations mènent à des arrestations et à des accusations. 

« On en arrête régulièrement. Notre service de cyberenquête travaille sur la plupart des dossiers pour retracer la personne qui a fait les menaces sur Internet. Peu importe la plateforme qui est utilisée, on a un bon taux de résolution », affirme le lieutenant Fournier. 

Cependant, la définition d’un crime haineux passible de poursuites est floue, dit-il. Et les policiers doivent parfois faire appel au Directeur des poursuites criminelles et pénales pour clarifier les choses. 

«Une menace au sens du Code criminel est une menace directe où les propos sont clairs. Elle dépend toutefois de plusieurs choses. Par exemple, du contexte et du lien entre les personnes. C’est une infraction qui est effectivement dans une zone grise, qui doit être analysée et interprétée au besoin» précise Hugo Fournier, porte-parole de la Sûreté du Québec

« Dans un poste de police, des dossiers de menaces, il y en a plusieurs dans une journée. Mais ça peut être une personne envers son voisin. Si j’ai de la haine envers mon voisin, est-ce que c’est considéré comme un crime haineux? Pas nécessairement », poursuit-il. 

L’importance des médias

Au Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence, dont la mission est notamment de recueillir les signalements des témoins de messages haineux, le directeur, Herman Deparice-Okomba, souligne que « le nombre et le type de signalements sont toujours tributaires de l’actualité ». 

« On remarque que dès qu’arrive un événement au niveau national ou international, les gens vont nous appeler », dit-il. 

M. Deparice-Okomba mentionne par exemple que le nombre de signalements de messages à caractère misogyne a augmenté à l’apogée du mouvement #MoiAussi. Et ceux concernant les messages anti-immigration étaient en hausse lors de l’arrivée massive de demandeurs d’asile illégaux à la frontière en 2017. 

Quelques-uns de ces cas sont transférés à la police. Dix-sept l’ont été depuis le début de l’année

 

Rubriques : Immigration, Justice Mots-clés : 
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