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On n’y prend pas vraiment garde, mais… Les retours aux pays d’origine augmentent

On n’y prend pas vraiment garde, mais… Les retours aux pays d’origine augmententAlors que les projecteurs médiatiques sont régulièrement braqués sur les réfugiés syriens et subsahariens, un autre pan de la migration sort peu à peu de l’ombre : celui des retours d’immigrants légaux vers leurs pays d’origine.

On prendra pour exemple concret de ce phénomène le cas de la communauté migrante marocaine. Dans un rapport de 31 pages au titre de l’année 2016, l’Organisation internationale des migrants (OIM) consacre ainsi tout un chapitre à la question de la  migration de retour au Maroc.

Un phénomène «invisible, mais bien réel»

Un phénomène «invisible mais pourtant bien réel» qui s’explique par un contexte économique marocain peu favorable à l’emploi et une conjoncture migratoire qui a explosé en 2015, impulsée par les Syriens. «Les tendances de migration de retour ont oscillé ces dernières années. Deux tendances de fond semblent pourtant se distinguer. Tout d’abord, la crise financière qui après 2008 a profondément ébranlé la zone euro, provoquant de nombreuses pertes d’emplois chez la communauté migrante marocaine en Europe et par extension la perte de leur statut légal dans le pays d’accueil», note l’OIM dans son rapport.

Appel d’air

La crise des réfugiés syriens illustre quant à elle l’autre physionomie de la migration marocaine : l’itinéraire Maroc-Turquie-Grèce est celui auquel les migrants marocains recourent le plus, d’après nos informations. La crise des réfugiés syriens ayant eu l’effet d’un appel d’air migratoire au Maroc, des milliers de ressortissants du Royaume se sont fondus dans le flux de cette migration. Une fois arrivés en Turquie, ils ont rejoint la Grèce puis ont emprunté la route balkanique à destination de l’Europe occidentale. La France, l’Allemagne, la Suisse et l’Italie sont les pays les plus sollicités, observe le bureau marocain de l’agence intergouvernementale, qui siège à Genève.

Des dispositifs de détection ont toutefois été mis en place pour distinguer les ressortissants marocains des Syriens. Avec les Irakiens et les Afghans, ces derniers sont les seuls à pouvoir poursuivre leur trajet. Hormis ce dispositif, d’autres obstacles ont également jalonné leur route : la plupart ayant quitté le Maroc à l’hiver 2015, les conditions climatiques – le froid et la faim, notamment – n’ont pas facilité leur périple. De plus, il y a parfois des tensions avec les autres groupes migratoires et les autorités de certains pays, ce qui confine à la détresse.

Selon un recensement effectué par l’OIM en Grèce, en ex-République yougoslave de Macédoine et en Croatie, 5 513 Marocains ont été identifiés entre début octobre 2015 et fin janvier 2016, précise le rapport. En outre, 67% des migrants sont d’origine marocaine, tandis que le Maroc est le premier pays africain d’origine.

2016; année-record

L’année 2016 a ainsi été marquée par un nombre record de migrants marocains qui ont effectué le trajet en sens inverse, optant pour le retour volontaire. Au total, 490 d’entre eux ont bénéficié d’une assistance à la réintégration délivrée par l’OIM – notamment via des démarches de financement pour soutenir leurs activités génératrices de revenus au Maroc -, sur 1 200 retours assistés en provenance de la Grèce. Dans ce cas, un billet d’avion leur est offert et une petite aide financière leur est apportée en cash.

Le volume total d’assistance délivré a augmenté de 40% entre 2007 et 2016, et a été multiplié par deux en 2015.

 

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