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Chassez le naturel…

Chassez le naturel…Chassez le naturel; il revient au galop; ce bon vieil adage vient à nouveau – à notre grande déception – de se vérifier, ici, chez nous, au Québec et au Canada.

Ainsi, quinze jours tout juste après les dramatiques événements du Centre Culturel Islamique de Québec, une fois la vague d’émotion (ou seraient-il plus juste de parler d’émotions au pluriel; tant les motivations de l’émoi général ont été diverses) passée, on est revenu à nos petites préoccupations quotidiennes et égocentriques.

On n’a même pas fini de faire le tri dans le flot des discours et des avis qui ont suivi la fusillade, que déjà les dérapages on commencé. Et c’est grand dommage, car pour dramatique qu’il fut, l’attentat terroriste de la Capitale Nationale, unanimement condamné, nous offrait une occasion incomparable de débattre de la meilleure façon de conjurer les menaces violentes qui planent sur l’humanité, de réfléchir ensemble aux meilleurs pratiques de cohabitation et de convivialité sociales permettant d’exempter notre coin de terre des attentats nés de la peur et de la haine.

Pour cela, quelles que soient nos préjugés et nos convictions, il aurait fallu avoir, collectivement, assez de sens de l’abnégation et de courage, pour explorer même les notions qui dérangent. Mais au lieu et place de ce sain débat qu’avons-nous? Des querelles sémantiques, des attitudes pétrifiées autour de «principes» qui ne s’apparentent à des valeurs que par ce que leurs tenants le crient haut et fort.

Les ayatollahs ne sont pas toujours ceux que l’on croit…

Ainsi, alors que, sans préjuger de rien, il aurait fallu se pencher sur la notion d’islamophobie, sur ses manifestations et sur le meilleur moyen de la combattre, voilà certains de nos parlementaires fédéraux qui cultivent une sorte de néo-négationnisme aux seules fins; semble-t-il; de faire du capital politique.

Il aurait également fallu disséquer la notion de discours haineux et d’imaginer les voies légales de faire taire cette forme d’agression brutale; et voilà que, au prix d’une dialectique douteuse, l’on veut empêcher le débat en faisant état de «menace sur la liberté d’expression». Dialectique douteuse car en utilisant cet argument, ce que l’on affirme en réalité, c’est d’abord un refus de la relativité universelle des droits voulant que les droits (et les libertés) des uns s’arrêtent là ou commencent les droits (et les libertés) des autres, c’est ensuite la conviction qu’il peut exister des catégories de citoyens dont les droits sont supérieurs et doivent avoir prééminence sur les droits (notamment à la sécurité et à la quiétude) de tous les autres, perçus comme des citoyens de seconde zone sinon «inférieurs» par leur origine, la couleur de leur peau ou leurs convictions religieuses.

Et tout cela est clamé avec une certitude d’ayatollah; comme quoi les ayatollahs ne sont pas toujours ceux que l’on croit…

Nous en sommes là, hélas; et nous nous y sommes rendus bien vite…

Sursaut

Ces combats d’arrière-garde?  Devant l’essor des conservatismes au cours de ces deux dernières décennies un peu partout en Occident, on pourrait en douter. Mais il y a quand même des raisons d’espérer, de croire en un avenir humain meilleur. On n’en voudra pour preuve que la décision des Jeunes du Parti Québécois qui viennent de rejeter tout retour à la Charte des valeurs du gouvernement Marois, faisant ainsi preuve d’un sens politique, d’une sensibilité sociale, d’un souci du lendemain et du futur que leurs ainés au parti avaient visiblement perdus.

À quand un tel sursaut chez les jeunes du Parti Conservateur du Canada (s’ils existent)?

Une bonne nouvelle

Au moment d’entamer ce texte, ce n’est pas ce sujet que nous entendions aborder. Notre idée première était de mettre en avant une bonne nouvelle. Et oui; il y en a aussi. Et celle-ci nous vient de Statistique Canada.

L’Institution nous apprend que de 2015 à 2016, le taux de chômage dans les segments de la population canadienne issus de l’immigration à régressé de 10,7 à 9,8%.

La nouvelle est particulièrement bonne pour le segment canadien originaire du Maghreb chez lequel, le taux de chômage, après avoir culminé à 28, 4% en 2004-2005, avait été ramené à 17,3% en 2015 et à seulement 11,5% en 2016.

«Pourvu que ça dure», disait la mère de Napoléon lorsqu’on parlait devant elle des exploits et gloires de son Général Bonaparte de fils….

Abdelghani Dades (édito Atlas.Mtl 297)

 

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