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Noël. Compassion, espérance et le sens de la famille

Noël. Compassion, espérance et le sens de la familleRemona Ali, musulmane et journaliste au Guardian de Londres, vient de publier un article que tout le monde devrait lire. Elle y affirme notamment que «croire que Noël est une insulte aux autres religions relève de la paranoïa».

Le faux mythe de l’«intolérance musulmane»

« Chercher à éviter d’offenser les sensibilités des autres religions en édulcorant les traditions de Noël ne fait qu’alimenter le faux mythe de l’intolérance musulmane » explique Remona Ali. Et de citer, entre autres exemples le cas de l’entreprise Starbucks qui a provoqué un emballement médiatique il ya un an de cela, en retirant de ses fameux « gobelets de Noël » tout symbole chrétien. Et cette année 2016, le questionnement revient et avec lui, la peur que si l’on manifeste son identité culturelle et religieuse, on peut offenser les personnes d’une autre religion.

Noël au bureau

Dans son article Remona Ali cite à titre d’exemple le cas de ces nombreux employeurs britanniques qui hésitent à organiser des fêtes de Noël dans leurs bureaux et à envoyer des cartes de vœux à leur personnel, craignant d’heurter sérieusement la sensibilité de ceux qui, dans leur équipe, appartiennent à une minorité religieuse. Certains ont interdit toute décoration et remplacer l’appellatif « fêtes de Noël » par « fêtes de l’hiver ».

David Isaac, le nouveau directeur d’Equalities and Human Right Commission, a invité les entreprises à gérer le rapport entre « travail » et « religion » en se fiant à leur « bon sens », soulignant que les employeurs « ne devaient éprouver aucun sentiment de culpabilité » à partager l’esprit de Noël avec leurs collaborateurs.

Isaac a déclaré dans un entretien au Sunday Times que « la liberté religieuse est un droit humain fondamental que l’on ne peut faire disparaître par peur d’offenser quelqu’un ».

Des «scrupules» nuisibles

Il y a beaucoup de clichés, estime Isaac, quant à cette perception de la religion sur un lieu de travail. « Il n’y a rien de mal à organiser une fête ou envoyer des cartes de vœux. La plupart des juifs et des musulmans que je connais suivent les préceptes de leur religion mais ils ont conscience de ce qu’est Noël et, en un certain sens, le célèbrent aussi ». C’est la réalité, a conclu Isaac, « c’est ce que vivent les gens. Cela doit nous faire réfléchir ».

La paranoïa d’offenser

Dans ce climat d’inquiétude, un éditorial de Remona Aly sur le Guardian apporte un éclairage :« Cette paranoïa d’offenser les autres sensibilités religieuses a, paradoxalement, des effets contraires à ce que l’on attend ». La journaliste britannique est musulmane. Elle cite un épisode survenu en Suède, après la diffusion d’une nouvelle selon laquelle les décorations de Noël étaient interdites en public pour ne pas froisser les musulmans. Un vrai canular – devenu très vite extrêmement viral, suscitant plus de 43 000 réactions sur Facebook – qui a fait comprendre à quel point le climat était devenu tendu. Et ceci montre bien que vouloir « édulcorer » sa propre identité culturelle, au lieu de créer un climat de détente et de partage pacifique, finit par exacerber les esprits.

« Quelles que soient les bonnes intentions de ces employeurs, poursuit la journaliste, leurs peurs finissent par nuire aux minorités qu’ils ne voudraient pas offenser. Sérieusement, pour moi cela n’est pas un problème. Si quelqu’un prononce le mot “arbre de Noël”, ma foi n’est en rien compromise ; si j’entends le Notre Père – que je connais par cœur depuis que je suis enfant –  je n’ai pas de sueurs froides. Et je vous confie un autre secret incroyable : beaucoup de personnes qui ne sont pas chrétiennes adorent Noël ».

Impossible cependant d’ignorer les différentes restrictions règlementaires, au goût tristement discriminatoire, mais on remarque que généralement, dans tant de pays de tradition musulmane, chrétiens et musulmans s’échangent des vœux à l’occasion de Noël ou de festivités comme l’Eid al-Adha.

Autre expérience vécue par la journaliste du Guardian: « De nombreuses familles musulmanes, à l’approche de Noël, créent des conversations de groupe sur WhatsApp pour parler de la “traditionnelle dinde halal”, raconte Remona. « Et d’habitude, mes amis athées sont les premiers à m’envoyer une carte de Noël. Pour ne pas parler de mon ami Sikh qui a décidé de m’offrir le film “Rogue One : A Star Wars Story”… quel meilleur cadeau de Noël un sikh pourrait-il faire à une musulmane ? ».

Noël, pour unir les gens

« Les traditions unissent les peuples et renforcent la société », estime Remona Aly. « Quand mes amis chrétiens, juifs, sikhs et agnostiques m’ont présenté leurs vœux pour la fête du sacrifice (Aïd al Adha), cela ne veut pas dire qu’ils étaient confus ; ils ont tout simplement reconnu la valeur que cette fête avait pour moi. Quand je partage certains rituels du Shabbat avec mes amis juifs, ou quand je fais mes vœux à mes amis hindous pour leur Diwali, je ne perds absolument pas le sens de qui je suis ; au contraire, cela me fortifie dans ce que je crois, tout en appréciant l’ample pluralité du paysage religieux et culturel qui caractérise le Royaume Uni ».

Bien entendu des non-chrétiens pourraient se sentir mal-à-l’aise à dire « Bon Noël », souligne la journaliste britannique. Et qui n’a pas envie de jouer dans une petite scène sur la Nativité, doit être compris.

Mais les employeurs qui prennent « des mesures de prévention », pensant a priori que les employés non chrétiens « s’offenseront si on appelle “arbre de Noël” un arbre décoré pendant la période de Noël », ne font que jeter de l’huile sur le feu. Et cette approche, explique-t-elle, « n’aide en rien ceux qui, comme moi, appartiennent à une minorité religieuse ».

« Moi … j’aime Noël car cette fête transmet compassion, espérance, et le sens de la famille ». Et voilà pourquoi, conclut la journaliste, « je souhaite bon Noël à tous ceux qui le célèbrent, le marquent sur son calendrier ou, tout simplement, le reconnaissent ».

Atlas.Mtl

 

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