Puis on a eu PEGIDA Québec, organisation xénophobe certainement, un peu raciste peut-être, certainement islamophobe. Mais l’inspiration germanique et «aryenne» – au sens que donnait à ce concept le national socialisme allemand des années 1930 – 1940 – de ce mouvement a fait que les limites de l’acceptation sociale de sa «philosophie» a vite atteint son terme.
Et aujourd’hui, on a La «Meute», un groupe extrémiste québécois dont la page Facebook compte 43 000 «Like», qui veut «grandir» en créant une vingtaine de directions régionales (appelés «clans» comme dans Ku Klux Klan) à travers la Province, qui est capable de lever des fonds et qui l’a prouvé en amassant environ 11 000 $ en trois rencontres.
La «Meute» veut maintenant «exercer une influence politique», «créer des alliances, se rapprocher des gens qui ont du pouvoir et s’impliquer dans la politique locale». On veut conscientiser les gens qu’ils ont du pouvoir».
et attirer l’attention sur le danger que représente, selon ses membres, l’islamisme radical au Québec.
Entre «valeurs» et délire…
Pourquoi un tel activisme? Parce que « J’ai pas envie de vivre sous la charia. J’ai pas envie de vivre sous un régime totalitaire islamique », explique l’un des fondateurs du mouvement. Et comme ça ne suffit pas, il tiens a dire Sa grande crainte : « On s’en va vers ça. Ça a l’air de rien en 2016, mais demain, le monde va faire comme ‘Oh’, et il va être trop tard.»
Le risque est d’autant plus pressant, estime ce grand penseur, que «le Québec est déconnecté de son histoire et de ses valeurs ce qui le rend vulnérable à une montée de l’islamisme radical».
Voyez-vous ça! «Québec, Afghanistan; même combat!» serions-nous tentés d’écrire si le sujet incitait un tant soit peu à l’humour ou à l’ironie…
Un tel délire serait risible si la Meute – comme PEGIDA Québec et à la multitude de groupuscules actifs sur les réseaux sociaux de même essence – restait confinée dans le monde virtuel sans perspective de croissance.
Mais la meute agit et croît : En août, des dépliants sont distribués à plusieurs endroits du Québec. Quelques semaines plus tard, des membres du groupe perturbent une session d’information organisée par des bénévoles qui souhaitent accueillir une famille syrienne. En automne, Des levées de fonds rencontrent une «générosité» qui manque pourtant cruellement lorsque c’est au nom de la solidarité avec les plus vulnérables et les plus démunis qu’on appelle à la générosité des gens.
Une affaire sérieuse
L’affaire est donc sérieuse. Elle démontre un fait avéré dans de nombreux pays du monde mais dont nous nous sommes toujours refusé à croire l’existence au Québec : la montée de l’intolérance et la capacité de nuisance que sont capable de développer des tendances anti vivre ensemble lors qu’elles sont capables de s’organiser.
L’affaire, redisons-le, est sérieuse. Mais est-elle prise au sérieux?
L’observatoire du SPVM sur les discours haineux s’y intéresse-t-il? Le Centre de Prévention de la Radicalisation menant à la Violence – tout les indices laisse penser que la Meute est l’une des formes de dérives qui sont au cœur de sa mission – documente-t-il le cas? Les autres autorités compétentes québécoises s’en préoccupent-elles?
On n’en sait strictement rien; et cette absence d’informations inquiète plus peut-être que l’existence même de la Meute.
Au-delà de la Meute
Plus fondamentalement, que faisons-nous, collectivement, pour soustraire le Québec à ces tentations d’extrémisme récurrente? Où est, entre autres, le Plan d’action gouvernemental annoncé en juin 2015, pour la prévention des radicalisations et le vivre ensemble qui engageait 11 départements ministériels sous la gouverne du Premier Ministre lui –même?
Et comme il est triste d’en être réduit à des questionnements lorsque c’est le devenir d’une société qui est en jeu…
Abdelghani Dades (Édito Atlas.Mtl 292)