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Lutte contre la radicalisation menant à la violence. Un défi nommé réseaux sociaux

Lutte contre la radicalisation menant à la violence. Un défi nommé réseaux sociauxRéunis en colloque à l’Université Concordia ces derniers jours, un groupe de chercheurs a notamment «planché» sur la question «Certains programmes de prévention de la radicalisation pourraient avoir l’effet contraire à celui recherché, en relayant le discours délétère du groupe État islamique (EI)». Cette réflexion est intervenue au moment même ou l’on constate que très peu d’études ont mesuré l’efficacité réelle des programmes de prévention de la radicalisation auprès des jeunes.

Conclusion à tirer de ces faits et réflexion : on ne sait toujours pas comment déconstruire le discours, séduisants pour nombre de jeunes élaboré par les organisations terroristes, passées maitres dans l’art d’utiliser les technologies de la communication et de l’information; comme le démontre le site révélé par le film documentaire «Salafistes», présenté jeudi20 avril 2016 à Montréal, dans le cadre des Vues d’Afrique.

Le site en question, «SLF Magazine, le site du salafi moderne» est, dit le documentariste francais François Margolin «fascinant» en ce sens qu’il propose «très concrètement» un mix habile entre «l’application de valeurs ultraconservatrice (parce que le principe des salafistes est de revenir aux valeurs des ancêtres d’il y a 14 siècles) et en même temps une forme totale de modernité».

Et voilà comment les développements de la technologie, particulièrement de l’Internet et des nouveaux médias sociaux (NSM), qui ont impulsé à notre vie quotidienne une transformation remarquable en termes de communication, au point que les distances ne signifient plus rien; ont également apporté le pire quand à nos jeunes, à leurs façon d’être et de vivre; à ce que leurs comportement peuvent avoir d’excessif, de périlleux et de dangereux.

Certes depuis les premières présentations du documentaire, le site «SLF Magazine» a-t-il été fermé; mais combien d’autres, de même acabit ont-ils bien pu être mis en ligne sur Facebook, YouTube, Twitter, Instagram, etc. ?

320 nouveaux comptes par minutes

Selon des statistiques récentes de Facebook (qui est considéré comme “le roi” des nouveaux médias sociaux), cette plateforme dispose d’un milliard et demi d’abonnés. En plus, un milliard de personnes consultent chaque jour ce réseau social. Parmi ces personnes, 900 millions se connectent par le biais d’un smartphone ou d’une tablette. D’après le patron de FB, Mark Zuckerberg, en moyenne, il y a maintenant plus de 8 milliards de vidéos, vues chaque jour sur FB. En ce qui concerne YouTube, cette plateforme compte plus d’un milliard d’utilisateurs, contre 800 millions en 2012. Plus de 300 heures de vidéos sont téléchargées chaque minute. Tous les mois, les utilisateurs de YouTube regardent plus de 6 milliards d’heures de vidéos sur cette plateforme, soit presque une heure par personne, habitant notre planète. En ce qui concerne Twitter, cette plateforme dispose de 304 millions d’utilisateurs mensuels actifs. En plus, 500 millions de tweets sont postés chaque jour, et 320 nouveaux comptes sont créés chaque minute.

Les réseaux sociaux restent donc un champ d’action idéal pour les mouvements extrémistes de tous bords qui cherchent à recruter et à faire valoir leur message de haine et de violence. Dans quelle mesure l’Internet contribue à la radicalisation? La radicalisation est en fait un processus facilité par les réseaux sociaux, et ce n’est pas un hasard si l’Internet est considérée comme le champ de prédilection des organisations extrémistes qui prêchent la haine et la violence. Certains vont même jusqu’à dire que l’internet fournit un cadre idéal aux extrémistes pour fabriquer des “bombes politiques” pleine de matériel destructeur.

L’Internet regorgent en effet de milliers de sites web extrémistes qui utilisent la religion comme couverture pour le recrutement de jeunes en mal d’identité sociale et de repère religieux, des jeunes qui sont souvent à la recherche d’informations qu’ils croient nécessaires à la découverte de soi, et de ce fait ils consultent sans le savoir, des sites qui prétendent parler au nom de l’Islam alors qu’en fait ces plateformes sont des instruments de propagande et de conditionnement au service de groupuscules extrémistes. Cette littérature extrémiste se multiplie à une cadence alarmante dans les réseaux sociaux. Selon une étude américaine “The ISIS Twitter Census”, publié en mars 2015 par Brookings Institute, 46,000 à 90,000 compte Twitter ont été utilisés, entre septembre et décembre 2014, à des fins de propagande en faveur de l’organisation “État Islamique”.

D’après des statistiques publiées en France, un pays en proie à la tourmente jihadistes, le nombre de candidats au départ vers la Syrie aurait augmenté de 116% en l’espace d’un an: de janvier 2014 à janvier 2015. On se rappelle que pour lutter contre ce “recrutement express”, les autorités françaises ont bloqué depuis mars dernier, cinq sites internet accusés de faire “l’apologie du terrorisme”.

Double combat

Ces quelques chiffres suffisent certainement à donner une idée de l’étendue de la tâche à mener.

Le volume de l’effort n’est cependant que la partie la plus aisée. En revanche, c’est sur le contenu que se gagnera la bataille. Or là, comme le montrent les préoccupations du colloque cité en introduction, tout reste à imaginer, à faire et à construire.

Abdelghani Dades (Edito, Atlas.Mtl du 21 avril au 4 mai 2016)

 

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