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Les miracles de l’amour … ou comment vaincre la haine

Jawad El Kaouny

Jawad El Kaouny

La question que toute personne sensée poserait est : Un français de la croix rouge, ancien détenu et, de surcroit, torturé physiquement et psychologiquement lors de la guerre d’Algérie, accepterait-il que l’homme de la vie de sa fille soit un Maghrébin?

Cette belle histoire a pourtant bien vu le jour ; dans une bibliothèque universitaire, quand une jeune étudiante française en archéologie, absorbée par la lecture d’un livre sur l’Égyptologie attira l’intention du jeune étudiant, marocain lui, natif de la ville impériale de Fès dont les remparts et les ruelles témoignent d’une civilisation de plus de 12 siècles. Le jeune homme a retrouvé en cette jeune fille si spéciale, une interlocutrice passionnée et intéressante ! Était-ce une prémisse d’un amour impossible?

Les rencontres se multiplièrent et l’archéologue passionnée par l’Égyptologie et la culture Arabe, commença à s’attacher de plus en plus à ce jeune maghrébin, qui décrivait si bien sa ville natale fondée à la fin du VIIIème siècle et considérée comme l’une des capitales de la civilisation arabo-musulmane.

L’art et la manière

La jeune étudiante portait avec grâce le nom de “Marie”, elle avait pour elle la beauté, l’art et la manière. Elle chantait et jouait de la flute et était accompagnée et encouragée par son futur amoureux qui avait toujours, pour la conquérir, une mission plutôt impossibleà accomplir.

Les liens commencèrent à se tisser à la faveur des passions qu’ils partageaient et donc la musicienne, appelée « mon ange » par le jeune Marocain, ne le quittait presque plus ; elle mentait à ses parents, prétendant qu’elle allait passer la soirée ou la nuit chez ses copines par peur de son père considéré, d’avance, réfractaire à toute relation avec un maghrébin. Car ceci aurait pu lui coûter une crise cardiaque de savoir sa fille unique, amoureuse d’un arabe. Ce père, habitué à écouter sa Marie chanter tout le temps et faire ses gammes dans le jardin de leur belle demeure, n’admettrait, probablement, pas facilement un tel rapprochement.

Les belles rencontres commencèrent donc chez le jeune marocain. Il avait d’ailleurs une belle vue, depuis la terrasse de son appartement au 12ème étage, donnant sur un lac et une forêt verdoyante. Les tagines aux prunes ou aux olives et le thé à la menthe, spécialités qui caractérisent les habitants de Fès reconnus pour leur hospitalité, donnaient à leurs retrouvailles un caractère de générosité des plus agréables. Pendant que les tajines mijotaient, Marie chantait Céline Dion,  elle adorait fredonner la chanson-thème du film Titanic. Elle ne la chantait jamais auparavant, mais elle l’avait apprise, dès qu’elle avait su que c’était la préférée de son amoureux. Le balcon du 12ème étage était ainsi souvent transformé en proue du Titanic!

Le jeune Marocain passionné aussi par le théâtre et souvent de bonne humeur, se trouvait par ailleurs dans une situation délicate : son ange aimait répéter ses exercice de flûte chez lui pendant le week-end ; et les voisins dérangés, venaient frapper à sa porte et se plaindre du bruit. Mais lorsque Marie lui posait une question sur l’objet de leurs doléances, il lui cachait la vérité pour ne pas la voir triste! Mais, malheureusement les voisins n’en pouvant plus et l’ayant fait savoir, depuis lors les répétitions de Marie se faisaient en plein air, sur les bords du lac.

De la tristesse au miracle…

Les cachotteries entourant leur relation rendaient cependant Marie un peu plus mélancolique chaque jour.  Tristesse et peur de  perdre celui en qui elle croyait, vraiment et dont elle savait qu’il ne tolérerait pas le moindre propos raciste de la part de son père sans riposter. Le jeune homme de son côté ne pouvait plus supporter de voir son ange attristée. Il lui a donc soumis l’idée d’une rencontre avec son père ; une rencontre pour échanger et se connaître d’avantage. Le père, évidemment, refusa catégoriquement. Les jours passaient et Marie se montrait de plus en plus triste en rentrant chez ses parents. Devant l’état de sa fille, la maman prit les devants et exigea que le père de Marie rencontre le jeune homme. Papa n’avait plus le choix…

La rencontre eut donc lieu. Le jeune homme, un bon orateur avec une belle capacité de conviction, pu changer l’avis d’un homme qui ne tolérait même pas de voir un Arabe dans la rue. Et à la fin de leur entretien, le père finit par penser  « mais il est gentil celui-là ! Il est différent », et demanda au surplus au jeune homme de lui parler davantage de sa ville natale. Marie s’est vue renaitre de ses cendres et ses yeux se mirent à briller…

Et Marie ne pleura plus !

Enfin Marie ne pleurait plus et s’entendre chanter de très loin ;  les sorties et les longs week-ends se faisaient en la présence de ses parents ; Marie fera découvrir à son aimé le musée normand de la 2ème guerre mondiale, le Mont Saint Michel, les falaises d’Étretat, l’aquarium de Saint Malo, le plus grand port d’Europe, celui du Havre. Toujours dans la joie et le plaisir.

Marie a enfin pu emménager chez son amoureux, les parents très attachés à leur fille passaient les voir presque tous les soirs, partager des tagines et surtout goûter au vin Sidi Brahim que le papa a dégusté et adoré bien qu’il fut de production algérienne. Tous quatre se voient désormais sur une base régulière. Le jeune en vient même à «comploter» avec devenu son meilleur ami, surtout pour amener Marie à changer aux sortie et aux weekends en famille.

Le père commençât à apprécier le jeune Marocain, au point où quand Marie rentrait seule chez ses parents, il s’inquiétait de savoir ou était le Prince des Arabes, petit nom qu’il lui attribuait dorénavant. Il ira encore plus loin, en jouant l’intermédiaire à l’occasion de petites mésententes qu’il effaçait le temps d’un séjour à Paris et au pied de la tour Eiffel…

Saint Valentin et cultures

L’amour a donc fini par gagner. Ce qui n’étonnera personne, surtout à l’approche de la fête de la Saint Valentin. Qui verra, nous l’espérons, tous les hommes de la terre, valoriser les femmes comme surent toujours le faire les arabes et leurs poètes, dont le «chantre des femmes», Nizar Qabbani, auquel on doit et devra toujours, les plus beaux chants d’amour et d’estime.

Par Jawad El Kaouny 

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