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Pourquoi il faut y croire…

Pourquoi il faut y croire...Plan d’action 2015-2018 pour la prévention de la radicalisation menant à la violence et le renforcement du vivre-ensemble 

Toute la semaine Durant, à la veille du début du mois de Ramadan 1436-2015, le cœur de Montréal – mais plus exactement celui du Québec – a battu au rythme du Vivre ensemble.

Avec d’abord l’annonce par le gouvernement du Québec du très attendu «Plan d’action 2015-2018 pour la prévention de la radicalisation menant à la violence et le renforcement du vivre-ensemble» et avec, parallèlement, la réunion du Sommet des Maires du Monde voulu et mis sur pied par M. Denis Coderre.

Une approche globale                                                                                                                                              des actions transversales 

Le plan d’action gouvernemental était attendu depuis des années; avec d’autant plus d’impatience depuis le séisme provoqué par le «débat» sur la Charte des valeurs et encore avec plus de fièvre depuis l’apparition ici, chez nous, de nouvelles formes de radicalisation chez les jeunes.

Tout ce temps durant, nous n’avons cessé d’affirmer que les nouvelles réalités démographiques au Québec généraient des situations sociales complexes, dont il conviendrait – pour peu que l’on soit le moindrement soucieux d’harmonie sociale, de vivre-ensemble et de futur équitable et partagé – de mieux connaitre afin d’en mieux prévenir des conséquences potentiellement explosives. Une fois cet exercice d’affinement des savoirs terminé, notre vœu était que soit développée une approche globale des problèmes constatées et des dysfonctionnements détectés, précédant la mise en place d’actions publiques transversales, d’une politique à même de résoudre véritablement les difficultés d’intégration (ou de rupture social) rencontrées autant par des néo-québécois que par des québécois plus anciennement installés au pays.

Longtemps, en réponse à cette attente, nous n’avons eu droit qu’à des réponses stéréotypées, stigmatisant, excluant et parfois ghettoïsant, en tout ou en partie, à tort ou à raison, tous ceux qui, issus de la diversité, prétendaient à une citoyenneté pleine et entière.

En ce sens, le Plan d’action 2015-2018 apporte du nouveau. En engageant onze membres du gouvernement dont le Premier ministre, il apporte une approche globale, qui n’accuse pas de tous les maux un supposé «choc des cultures» (façon politiquement correcte de rejeter la diversité et d’exprimer une xénophobie cachée) et qui permet d’identifier clairement d’autres causes et d’autres raisons à ces colères de nos jeunes – mais pas seulement eux – qui s’expriment parfois de manière violente.

C’est dans ce sens qu’il faut comprendre le propos, souvent réitéré, du Maire Denis Coderre, selon lequel la radicalisation s’exprime aussi bien à travers un «militantisme» violent à référent religieux qu’à travers la criminalité de type «gangs de rue». Et c’est aussi en ce sens qu’il faut prendre l’explication donnée par Mme Lise Thériault selon laquelle le Plan d’action annoncé «dé-policise» le traitement des dérive sociales constatées; en sortant ainsi de la fixation du «tout sécuritaire» sans exclure toutefois le souci de sécurité pour tous, le Plan d’action rompt avec les pratiques antes qui ont  d’ailleurs largement montré leurs limites, ici et ailleurs. Ainsi s’ouvrent de nouvelles voies, décrites par Mme Kathleen Weil, qui nous rassurent et nous rassérènent.

Tout aussi satisfaisante est la mise en place des premiers outils de cette nouvelle approche, avec le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence de la Ville de Montréal, comme avec l’Observatoire international des maires sur le vivre-ensemble, mis en place à l’issue du Sommet des maires du Monde organisé par la Ville de Montréal ces derniers jours, qui apporte au surplus, une dimension internationale et de coopération à la démarche québécoise (et montréalaise) innovante.

«Un travail qui commence» …

Faut-il cependant se satisfaire de ces premiers pas? Certes non; car, et la Vice Première Ministre Lise Thériault n’est pas la dernière à le dire : l’adoption du Plan d’action, fruit déjà d’un long, serein et patient travail, n’est pas la fin, mais le début du travail. C’est en effet là un large pan d’un projet de société qui n’ira pas sans rencontrer de résistances.

Des résistances qui ont d’ailleurs déjà commencé à se manifester.

Le Plan a en effet ses opposants. Ceux qui rejettent encore son volet idéel continuent de vouloir parler de laïcité lorsque le gouvernement parle de neutralité en matière de rapports entre l’État et les religions; ceux aussi qui au lieu de regarder le projet dans son ensemble pour ne parler que d’hypothétiques «tchadors», tous ceux qui ne veulent pas démordre de certaines fixations obsessives de nature textile ou autre, qui ne veulent pas sortir de leurs symptômes transitionnels hérités de lectures immatures de Huxley et de guerre des mondes.

Le travail n’est pas fini non plus pour ceux qui sont convaincus que nous avons enfin trouvé le bon chemin; car pour Agir, détecter, prévenir et vivre ensemble, il y a encore à faire, beaucoup, avec de nombreux partenaires dont certains trop souvent silencieux ou amuis par un contexte défavorable…

Abdelghani Dades (Edito: Atlas.Mtl 256) 

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