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Quinzaine Sépharade 2014: Deux mille ans de brassage culturel; un témoignage…

Quinzaine Sépharade 2014: Deux mille ans de brassage culturel; un témoignage…La Quinzaine Sépharade 2014 vient de s’achever, sur une très haute note, le concert de l’artiste Oum, marquant un nouveau succès ne s’expliquant que par le fait, contraire à toutes idées reçues, que des gens d’appartenance religieuse différentes, puissent faire autre chose que s’opposer : se rallier autour de valeurs communes et dans la perspective de construire un avenir commun et mutuellement profitable. Hakam Hmiddouch, observateur attentif de la scène sociale québécoise, donne ici quelques clés pour comprendre cette exception multiculturelle et interculturelles, spécifiquement maroco-montréalaise.

On sait qu’il y a au moins un Marocain candidat à la conquête de la planète Mars. C’est bien sûr un original, comme tous ceux qui ont réservé leur aller simple vers notre planète voisine. Ils sont quelques centaines, apparemment. Mais ce qui distingue notre compatriote, c’est que même à 56 millions de kilomètres d’Aït Melloul (c’est la plus courte distance qui sépare la terre de Mars, selon les conjonctions), il sera toujours beaucoup plus Marocain que Martien, ou même Terrien, s’il veut simplifier ses présentations avec les indigènes. Blague à part; c’est ce qui distingue les 5 millions de Marocains qui vivent en dehors du Maroc: Qu’ils soient en France, en Ukraine, en Israël ou en Arabie Saoudite, ils tiennent mordicus à leur marocanité, ce qui fait et fera toujours leur identité profonde. C’est par nos compatriotes séfarades que le Maroc s’est d’abord fait connaître dans ce pays où nous nous retrouvons aujourd’hui. Savez-vous que les juifs du Maghreb ont même précédé les juifs ashkénazes au Canada ? Leur contribution à la construction de ce grand pays est inestimable ce qui est une fierté pour tous les marocains d’ici. Et c’est au Maroc que leurs ancêtres ont trouvé refuge en toute quiétude il y a des siècles de cela et où ils se sont épanouis en paix et assimilés au peuple marocain en bénéficiant de tous les avantages sociaux leur permettant d’accéder à de hautes fonctions et à participer à l’essor du pays.

Un «trésor commun» pour désamorcer  les crispations identitaires

C’est pourquoi tous les Marocains, quelle que soit leur confession, vibrent à la culture séfarade que nous avons célébrée pendant ce merveilleux festival. La culture séfarade fait partie de nous tous. Le multi confessionnalisme et le multi culturalisme sont la trame qui nous unit tous. C’est notre trésor commun, notre patrimoine immatériel, célébré et protégé par Sa Majesté le Roi Mohamed VI, comme avant lui par son père et son grand père, Feu les Rois Hassan II et Mohamed V, que Dieu ait leurs âmes.

De tous temps, le Maroc a rejeté les crispations identitaires et les stigmatisations autour du fait religieux. Je refuse le communautarisme qui se définit à travers le prisme de la confession. Cela ne saurait exister au Maroc. Et je suis le premier à reconnaître haut et fort l’existence d’un patrimoine juif marocain. Dans un contexte international de frictions politiques, le Maroc s’est positionné comme messager de la paix, rendu fort et crédible par sa longue histoire de cohabitation harmonieuse. À travers les siècles, l’intelligentsia juive a contribué au façonnement de l’aire culturelle hispano-musulmane et arabo-berbère. Cette même élite a conseillé les sultans du Machreq et du Maghreb. Elle continue de le faire, tant au plan économique que politique.

La culture, vecteur de paix

En 2013, la Conférence internationale pour le dialogue des cultures et des religions s’est terminée par un vibrant plaidoyer pour la promotion de la culture comme vecteur de paix et par la connaissance de l’autre comme garante du respect des dogmes et des confessions. C’est de la ville spirituelle de Fès que cet appel universel a été lancé. C’est à Montréal que nous l’entendons résonner encore aujourd’hui. Nous sommes de fiers Canadiens, et nous voulons contribuer avec ardeur au développement de ce pays jeune et dynamique. À cette fin, nous apportons l’héritage millénaire de la culture marocaine qui peut profiter à tous nos compatriotes: deux mille ans de patient brassage culturel, durant lesquels la terre marocaine a attiré bien des convoitises, deux mille ans d’essais – erreurs, de frictions et de réconciliations successives, pour en arriver à un constat définitif et sans équivoque: nous ne pouvons tout simplement pas vivre les uns sans les autres. C’est ce magnifique trousseau que nous offrons en partage à nos compatriotes canadiens.

La diversité culturelle, ethnique et religieuse du Royaume du Maroc n’est pas un slogan pompeux que nous brandissons à la face du monde. C’est un terreau millénaire dans lequel le Maroc et la mémoire collective du peuple marocain ont été façonnés. Notre vérité première, définie à travers l’histoire a été apposée en 2011 en préambule de la nouvelle Constitution Marocaine.

Unir les bonnes volontés

Pour que s’épanouissent les fruits de cet héritage, il faut garder bien vivant le lien qui nous rattache tous à notre terre d’origine, ce lien affectif qui nous a unit au fil des années, nous, marocains musulmans ou juifs, dans toutes les parties du monde où nous nous retrouvons avec plaisir. Nous ne sommes pas ici en exil, puisque nous avons choisi de nous s’expatrier selon les possibilités que nous offre le Canada. Ce que nous pouvons réaliser ici, en unissant nos forces et nos bonnes volontés, peut profiter au Maroc comme au Canada. C’est ainsi que nous participons à l’établissement d’une paix universelle.

Je vous remercie vivement pour cet effort de mémoire que vous ne cessez d’entretenir et souhaite longue vie au festival séfarade de Montréal.

Par Hakam Hmiddouch (Président et CEO de MABI GROUPE)

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