
Jason Kenney Ministre de l’emploi et du développement social, ministre du multiculturalisme
Il y a cinq ans de cela, Jason Kenney, alors ministre de l’immigration et de la citoyenneté, était le premier membre du gouvernement Harper à accepter une demande d’entretien de notre journal.
Cinq ans jours pour jour après cette première rencontre, suivie de beaucoup d’autres entretemps, il répond à nouveau à nos questions, cette fois en qualité de ministre de l’emploi et du développement social, également en charge du portefeuille du multiculturalisme.
L’homme est, disons-le de suite, resté le même, dans ces convictions comme dans son écoute et la clarté de ses réponses, même aux questions les plus pointues. Entretien.
Wahid Megherbi: Le Canada est le pays où le taux de chômage est l’un des moins élevés parmi les pays de l’OCDE. Quels sont les mesures qui ont été prises et qui le seront dans le futur pour maintenir un taux de chômage aussi bas ?
Jason Kenney: Nous insistons sur la réduction du fardeau fiscal ou en d’autres termes, sur la réduction des Impôts, qui peuvent être un frein à la création d’emplois. Nous avons les Impôts fédéraux les plus bas depuis les années soixante. Cela a permis d’augmenter les investissements en plus d’encourager les activités économiques des entreprises.
Pendant la récession globale, nous avons maintenu l’investissement stratégique dans les infrastructures et la formation de la main-d’œuvre qualifiée. Mais la chose la plus importante consiste à garder notre confiance dans la gestion économique et fiscale ; c’est pour cela que l’on a mis l’accent sur l’équilibre budgétaire en travaillant de pied ferme pour que le budget fédéral atteingne l’équilibre dans un an.
Croyez-vous toujours que la réduction des Impôts est la meilleure option pour favoriser la croissance économique et par conséquent, la création d’emploi au pays ?
On a décidé de geler les cotisations pour l’assurance emploi. Sans le gel que nous avons annoncé dernièrement il y aurait eu cette taxe additionnelle qui aurait pénalisé la création d’emplois. Il faut maintenir un niveau acceptable du fardeau fiscal et des importations pour ne pas alourdir les charges des petites et moyennes entreprises. C’est tellement difficile de créer une entreprise qu’il faut tout faire pour maintenir nos entreprises à un niveau compétitif et créateur d’emplois. Il faut les encourager.
L’Immigration joue-t-elle un rôle dans l’essor économique de notre pays, le Canada?
Je crois que oui. C’est pour cela que l’on a maintenu le niveau d’immigration le plus élevé dans l’histoire du canada. Nous avons plus d’un quart de million de nouveaux résidants permanents par année. C’est le niveau d’immigration, per capita, le plus élevé du monde développé après celui de la Nouvelle Zélande. Nous le faisons, bien évidemment, car le Canadien de souche n’a pas un taux de natalité suffisant pour assurer la relève. Notre population va connaitre une baisse de population qui nous mène vers une politique d’immigration pour y remédier.
L’immigration seule n’est pas l’unique solution pour notre croissance économique mais elle participe à la solution du défi démographique qui pointe du nez. Les immigrants jeunes avec des habilités pertinentes pour le marché du travail représentent un atout conséquent pour notre économie. Ils contribueront à financer nos programmes de pensions de santé et de retraite. C est la première année de notre histoire économique où le nombre de canadiens qui quittent le marché du travail est plus important que ceux qui y entre. Surtout, avec la retraite des Baby-boomers.
Il faut que le Canada et le Québec fassent de meilleures démarches et initiatives pour inclure ces Immigrants dans le marché du travail et les faire participer à notre prospérité.
C’est un gaspillage inacceptable et immoral d’attirer les gens bien éduqués et bien formés de leurs pays d’origine de pays en voie de développement pour faire face au chômage et le sous-emploi et l’impossibilité de reconnaissance de leurs titres académiques et leurs acquis professionnels.
Beaucoup d’immigrants ont de la difficulté à s’intégrer professionnellement dans certaines provinces. Quels ont les moyens et outils qui lui permettront de chercher l’emploi dans la province qui est prête à le lui offrir ?
La meilleure façon d’intégrer les Immigrants c’est de les inclure dans le processus économique du pays. Celui ou celle qui ne trouve pas d’emploi ou est sous employé est une personne qui trouvera de la difficulté de s’intégrer dans la société. L’immigrant doit trouver l’emploi pour lequel il a les habilités professionnelles qu’il a acquise durant sa formation académique.
Il faut augmenter les opportunités économiques pour les immigrants. A leur tour, les immigrants doivent aller vers les endroits où les emplois sont disponibles dans notre économie.
Depuis les reformes que j’ai mises en place lorsque j’étais ministre de l’Immigration, on a constaté une grande augmentation des immigrants qui s’installent dans les régions qui ont un potentiel économique dynamique comme dans l’Ouest du Canada. En Alberta, nous avons vu un triplement du nombre d’immigrants qui viennent combler les emplois disponibles.
Je donne un conseil à vos lecteurs : considérez les opportunités économiques qui sont disponibles dans d’autres régions et provinces de notre pays.
Par Wahid Megherbi (Atlas.Mtl)