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Tunisie : des troubles, un couvre-feu et un mort

Scène d'affrontement à Intilaka, un quartier de Tunis © AFP/STRINGER

Le gouvernement islamiste d’Ennahda en Tunisie, au pouvoir depuis la fin octobre, est confronté à sa première crise d’envergure. Un mort a été enregistré mercredi à la suite d’affrontements à Sousse, dans l’est du pays.

Fehmi El-Aouni, 22 ans, a succombé à ses blessures à l’hôpital après avoir été atteint d’une balle à la tête. Dix autres personnes ont été blessées dans la même ville.

De violents heurts ont éclaté au début de la semaine dans plusieurs régions du pays entre groupes de jeunes et salafistes et les forces de l’ordre.

Mardi, les affrontements se sont poursuivis dans le quartier Intilaka de la capitale entre les forces de l’ordre et des centaines de salafistes qui protestaient contre une exposition de tableaux qu’ils jugent insultante.

Selon le ministère de l’Intérieur, 162 personnes ont été arrêtées et 65 policiers ont été blessés lors de ces heurts qui ont commencé dans la soirée de lundi. Des commissariats de police, des sièges de partis politiques, le siège de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), le puissant syndicat du pays, ont été incendiés.

Cette flambée de violence a conduit le ministre de l’Intérieur à décréter un couvre-feu à Tunis, à Ben Arouss, à Ariana et à Manouba, des banlieues de la capitale, et dans les villes de Sousse, de Monastir, de Jendouba et de Ben Guerdane.

« Nous sommes entrés dans une phase au cours de laquelle nous pourrions voir des incidents similaires se produire. Nous nous attendons à ce que cela continue dans les jours à venir et à ce que le nombre d’arrestations augmente », a déclaré le ministre de l’Intérieur, Ali Larayedh, devant les députés.

Une exposition qui a enflammé les salafistes

Tout a commencé lundi lorsque des salafistes ont fait irruption dans une galerie de La Marsa, un quartier huppé de Tunis, et détruit quatre oeuvres d’art qu’ils jugeaient insultantes pour la religion.

L’un des tableaux montrait une femme nue, avec un plat de couscous à la place du sexe, entourée d’hommes barbus. Une autre oeuvre présentait des punching-balls avec des têtes de femmes voilées, musulmanes, juives ou chrétiennes, sur un ring.

Ce n’est pas la première fois que les salafistes tunisiens s’attaquent au monde artistique. À plusieurs reprises, le théâtre, le cinéma et la télévision ont été la cible des salafistes.

Ennahda pris entre deux feux

Le gouvernement tunisien a condamné la violence des salafistes et a décidé d’user de la force pour mettre un terme à leurs agissements. Un représentant du ministère de l’Intérieur a affirmé que les forces de l’ordre « ont reçu l’ordre d’utiliser tous les moyens, y compris les tirs à balle réelle, pour déjouer de nouvelles attaques ».

Cependant, le même gouvernement a annoncé son intention de déposer plainte contre les organisateurs de l’exposition et de déposer un projet de loi sur « les atteintes au sacré ». « Il faut respecter le peuple tunisien, sa dignité, sa civilisation et son histoire », a déclaré Nourredine Khadmi, le ministre des Affaires religieuses.

Dans ce climat de tension, un tribunal de Tunis a condamné mercredi, par contumace, l’ex-président Zine el- Abidine Ben Ali à 20 ans de prison pour « incitation au désordre, meurtres et pillages sur le territoire tunisien ».

Source: Radio-Canada avec Agence France-Presse, Reuters et Le Monde

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