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RedOne, producteur “Il faudrait sortir du rêve et entrer dans la réalité”

RedOne est au Maroc pour le Festival Mawazine Rythmes du Monde. /DR

Il est jeune, beau, talentueux et d’une modestie à couper le souffle. RedOne, le producteur marocain à la mode aux USA est l’exemple même de la success story. Sa modestie n’a d’égale que son large sourire et rien ne laisse penser que lui, nominé 6 fois aux Grammy Awards et qui en a remporté deux, s’engage tant à diffuser son exemple auprès de ses frères marocains. Lundi, dans le cadre du Festival Mawazine, il a assuré un atelier sur le métier de producteur. Entretien.

Tu as vu le film Casanegra ?

Non et je regrette! Ma femme m’a dit que c’était super.

L’un des protagonistes rêve d’immigrer en Suède, le pays où il exaucerait tous ses rêves. Et toi tu l’as réalisé ce rêve, à 18 ans en quittant le Maroc pour tenter l’aventure là-bas. Maintenant dis-nous comment on fait?

On doit avoir un rêve, c’est primordial. Dire “it’s possible”, c’est le premier pas. Ensuite, il faut une stratégie, un plan de réussite. Et enfin du travail, dur et acharné, parce que le rêve ce n’est que la façade, c’est fait pour être beau. Mais la réalité, c’est autre chose. Pour arriver au top, il n’y a pas de secret, il faut travailler très dur. J’ai passé toute ma vie à faire des recherches, à creuser, à me demander pourquoi telles chansons marchent et pas d’autres. Il faut trouver sa formule de réussite, quel que soit le domaine, et quelles que soient les déceptions.

Le rêve peut facilement se transformer en cauchemar dans ces cas ?

Évidemment, et j’ai traversé des épreuves très difficiles, jusqu’à dormir par terre. Mais, il ne faut jamais abandonner pour survivre. Survivre, survivre et prévoir un plan B. Par exemple, je travaillais pour payer mes charges, j’étudiais la musique à la faculté et en même temps je développais mes productions personnelles. Et c’est seulement quand la musique a marché que j’ai arrêté les études.

Tu as toujours su que tu allais y arriver ?

J’ai passé 15 années à travailler comme un fou avant d’en arriver là, et jamais je n’ai perdu espoir. Les gens se moquaient de moi, me traitaient de rêveur, faisaient tout pour me décourager. Ça m’a fait beaucoup de mal d’affronter tant de critiques, surtout quand je rentrais au Maroc avec toujours la même situation. On n’arrêtait pas de rire de moi. J’étais le loser qui n’avançait pas et qui s’accrochait à un pseudo “rêve américain”.

Michael Jackson, Lady gaga, Mylène Farmer, Space Cowboy, bientôt Florent Pagny… Vous les aimez excentriques apparemment vos collaborateurs ?

(Rires)! C’est vrai! Les super stars ont quelque chose de spécial, un truc extra. Y en a qui arrivent à faire la part des choses entre la vie privée et le show. D’autres n’y arrivent pas et deviennent fous.

Et ce sont eux qui viennent vers toi ou l’inverse ?

Depuis 3 ou 4 ans, c’est eux !

Et nos talents marocains, tu en penses quoi ?

Il y a beaucoup de talents, mais malheureusement pas assez de professionnalisme et de sérieux. Après, si on ajoute le problème de l’industrie de la musique inexistante ici, on a vraiment l’impression d’être au début des années 30 aux États-Unis, quand le marché de la musique se lançait à peine. On a besoin d’administration ici, de mettre en place des circuits pour gagner de l’argent hors de la vente de CD. Je pense surtout aux accords avec les compagnies de télécommunications, le merchandising, les concerts sponsorisés… Bref, il faudrait créer des formes modernes de redistribution d’argent dans le domaine. En gros, il faudrait sortir du rêve et entrer dans la réalité, et le Maroc a le talent pour.

En lançant Lady Gaga, tu es passé de connu à super star mondiale. Pourquoi avoir misé sur cette inconnue plutôt qu’une autre ?

Je l’ai rencontrée 5 minutes et je me suis dit ‘elle a un truc spécial’. Je lui ai proposé un morceau d’essai et on a tout de suite accroché. Elle m’a plu parce qu’elle n’a jamais parlé de superficialité mais toujours de travail, et toutes les occasions, elle les transforme en opportunités. Ça m’a tout de suite séduit, le fait qu’elle travaille et qu’elle pense plus qu’elle ne parade. Comme quoi…

RedOne, né Nadir Khayat

RedOne, de son vrai nom Nadir Khayat, est né le 10 avril 1972 à Tétouan où il fait ses études primaires et secondaires jusqu’à l’âge de 18 ans. Il émigre alors en Suède pour se consacrer entièrement à la musique. Il devient l’un des producteurs du groupe de pop music A*Teens avec qui il produit plusieurs titres qui seront bien classés dans les hit parades en Europe en 2001 et 2002. Après plusieurs années de travail acharné en studio, il émerge en 2005 en produisant l’album “I wish” du chanteur canadien Carl Henry. En 2006 sa chanson “Bamboo” est sélectionnée pour la coupe du Monde de football. Cette chanson sera chantée par Shakira. En 2007, il devient très connu dans les milieux de la pop musique comme producteur du tube “Whine Up” de Kat Deluna. Depuis 2008, il multiplie les succès avec notamment la production de “Just Danse” pour Lady Gaga qui devint premier dans les charts planétaires. Il aura plusieurs succès en 2009 avec Lady Gaga et collaborera avec beaucoup de grandes stars comme Enrique Iglesias, Justin Bieber, Mylène Farmer, Jennifer Lopez, Lionel Richie… RedOne a remporté deux Grammy Awards et a été nominé plusieurs fois. Pour beaucoup de professionnels, il serait la clé de la réussite de Lady Gaga.

Najlae Naaoumi (aufaitmaroc)

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