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Cinéma – Coup de cœur : Incendies

L’habitude m’a rendu sceptique concernant les films considérés comme chefs d’œuvre par les médias locaux surtout quant il s’agit d’un film québécois.

Cependant, je dois reconnaître que j’ai été agréablement surpris par la qualité du film Incendies réalisé par le cinéaste québécois Denis Villeneuve.

Ce film, grâce à de très belles images, aborde des sujets  tellement sensibles (la guerre et  les conflits religieux) que rares sont les cinéastes qui ont su éviter les polémiques.

Denis Villeneuve évite, avec brio, cet écueil en exprimant sans ambiguïté que les croyances religieuses ne l’intéressent pas et qu’elles ne constituent qu’une toile de fond. Le récit est surtout axé sur la quête des origines et sur le courage des femmes.

Un scénario exceptionnel

Après le décès de leur mère, les jumeaux Jeanne et Simon Marwan se voient remettre deux lettres pour le notaire, Jean Lebel, qui leur apprend qu’ils ont non seulement un père mais aussi un frère. Leur mère, Nawal Marwan, les charge de  les retrouver pour remettre une lettre au père et une autre au frère.

Les deux jumeaux se lancent alors dans une  longue quête vers leurs  origines, sur fond de guerre et de tension entre musulmans et chrétiens.

Ils découvriront des événements exceptionnels.

Nawal Marwan, issue d’une famille chrétienne, a été forcée d’abandonner son enfant à la naissance car né d’une union avec un musulman. Marqué d’un signe distinctif (3 points  au talon), l’enfant est placé dans un orphelinat.  Nawal, comme elle l’a promis à sa mère s’en va étudier à Daresh où des tensions finiront par éclater. N’y tenant plus, Nawal décide d’aller retrouver son enfant. Elle commence par l’orphelinat mais elle arrive trop tard car les milices musulmanes l’ont déjà détruit. En chemin, elle échappe miraculeusement  à un massacre grâce à une croix qu’elle portait autour du cou. Désespérée, elle intègre les groupes radicaux musulmans et finit par assassiner un leader politique chrétien de l’époque.

Pour ce meurtre, elle est  enfermée pendant 15 ans à la prison de Kafr Ryat où est torturée puis violée par Abou Tarek, un ancien tireur d’élite devenu bourreau. Elle tombe enceinte de deux jumeaux.

Auparavant, son fils, appelé Nihad «De mai», tireur d’élite, est  recruté et formé par les milices musulmanes. Il cherche à devenir martyr mais finit par être capturé par le camp adverse qui en fait d’abord un gardien de prison puis un  bourreau.

Sortie de prison, «la femme qui chante» apprend que ses deux jumeaux sont encore vivants. Elle est envoyée au Canada et là, elle découvre avec horreur que son fils Nihad et son bourreau Abou Tarik sont la même personne. Le choc est si grand qu’elle en perd  la vie.

Simon finira par apprendre cette vérité et, encore sous le choc, il confiera à sa sœur Jeanne : «Un plus un, ça peux-tu faire un?».

Les horreurs de la guerre et le courage des femmes

Ce film du cinéaste québécois Denis Villeneuve constitue une œuvre universelle sur les conflits qui ravagent les êtres humains,

Reprenant la populaire pièce du dramaturge Wajdi Mouawad, Denis Villeneuve, après  le touchant «Polytechnique», continue de traiter les thèmes qui lui tiennent à cœur : le courage des femmes et le devoir de mémoire.

Le conflit entre musulmans et chrétiens, en arrière plan, n’intéressent pas Villeneuve; il sert juste de toile de fond à une réflexion sur les horreurs de la guerre et sur la nécessité de connaître son histoire pour vivre en paix.

L’intrigue du film n’est pas située géographiquement même si les événements semblent se dérouler au  Liban.

Bénéficiant d’une superbe direction photo et de magnifiques interprétations, le film confirme la maîtrise de Denis Villeneuve.

La quête des deux jumeaux est  un prétexte solide  à un véritable réquisitoire contre la guerre. Chaque plan est bien étudié et accompagné d’une musique amplifiant l’effet recherché pour la scène.

L’utilisation harmonieuse  des ellipses est très réussi, notamment ce va et vient entre le passé et le présent ou entre le Moyen  Orient, terre d’origine et le Québec, terre d’accueil.

Assurément, Incendies est un grand film québécois.

Fiche technique

  • Réalisation : Denis Villeneuve
  • Scénario : Denis Villeneuve,
  • adapté de la pièce Incendies de Wajdi Mouawad
  • Sociétés de production : Micro Scope Media
  • Musique : Grégoire Hetzel
  • Photographie : André Turpin
  • Direction artistique : André-Line Beauparlant
  • Pays : Canada
  • Lieux de tournage : Canada, Jordanie
  • Durée : 130 minutes
  • Sortie : septembre 2010

Distribution

  • Lubna Azabal : Nawal Marwan
  • Mélissa Désormeaux-Poulin : Jeanne Marwan
  • Maxim Gaudette : Simon Marwan
  • Rémy Girard : Notaire Jean Lebel
  • Abdelghafour Elaaziz : Abou Tarek
  • Allen Altman : Notaire Maddad
  • Mohamed Majd : Chamseddine

Par Radouane Bnou-nouçair (Atlas.Mtl)

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