1917; On est en pleine première guerre mondiale. En France se déroule une opération militaire d’envergure dont les États major des pays partie au conflit conviennent que son issue sera déterminante pour la suite des choses.
La Bataille de Vimy.
En première ligne, les contingents Canadiens des armées de l’Empire Britannique et les Goumiers Marocains des Armées Françaises. Ils mêlent leur sang dans la victoire et scelle ainsi une amitié qui, en 1962, débouchera, naturellement sur l’établissement de relations diplomatiques entre le Royaume du Maroc et le Canada. Des relations qui se caractérisent depuis par leur excellence. Au service de la paix, puisque, lorsque le Canada sera à l’origine des opérations de paix à travers le monde (les «Casques bleus» sont en effet une idée canadienne), il trouvera toujours à ses côtés, sous l’oriflamme Onusien, le Maroc et son armée. Au service du développement aussi; en témoignent les accords bilatéraux de toutes natures signées depuis.
Mais il est également un autre facteur que l’on ne doit pas perdre de vue : Au cours du cinquantenaire écoulé, le flux migratoire entre les deux pays a connu une croissance constante. Aujourd’hui, l’effectif des membres de la communauté des originaires du Maroc – toutes appartenances confessionnelles confondues – frise les 150 000 personnes. Par ailleurs, le nombre de nouveaux arrivants provenant annuellement du Maroc s’établit autour de 5000; une tendance faite pour durer. La communauté maroco-canadienne a ainsi atteint un poids démographique conséquent dans la population du pays.
Le Maroc et le Canada possèdent ainsi un segment de population en commun, dont les qualités font un pont humain à même de pousser à la roue des relations bilatérales au moins autant que les diplomates et les décideurs. Une question est cependant permise : Ce segment de population, doté de ce que les statisticiens appellent une «masse démographique critique» profite-t-il réellement à la société de vie? Son influence est-elle perceptible dans la vie publique? Produit-il des restitutions utiles à la société d’origine?
Autant que les interpellations identitaires, ces questionnements se posent à la communauté. Ils ne rencontrent que des réponses partielles dans la mesure où les recherches sur le sujet restent rares.
C’est à la recherche de réponses à ces questions, qu’en parallèle aux manifestations festives célébrant le Cinquantenaire, le tissu associatif organise, depuis le 20 mai et jusqu’au 24 juin prochain, une série de rencontres.
Le 20 mai en effet, aura lieu un colloque sur le thème «Citoyenneté et la participation politique». Organisée par l’Association AFAK et le Groupe Atlas Media, l’idée de cette rencontre est partie du constat que, depuis 1994, à l’occasion des 14 consultations électorales organisées aux niveaux municipaux, provinciaux et fédéraux, les canado-maghrébins sont restés quasiment absent de l’espace politique. Le nombre des candidats d’origine maghrébine aux différents scrutins est de 21 personnes; le nombre des votants à oscillé entre 1200 et 1700 par votation. L’ambition de la rencontre est de mettre en présence des leaders d’opinion et des média communautaires d’une part, des leaders politiques et gouvernementaux d’autre part; afin d’identifier les raisons de la «léthargie» civique de la communauté, identifier les obstacles à la participation et des pistes de solution aux problèmes posé; également de diffuser des messages forts aux communautés visées afin de les amener à assumer pleinement leur citoyenneté.
Deuxième étape, le 3 juin : l’Association Mémoires & dialogue met sur pied un colloque sur le thème «Canada-Québec- Maroc : Questions d’avenir». En raison de sa diversité, la communauté canado-marocaine reste mal perçue. Tiraillées par les interpellations identitaires les plus diverses, elle est en outre soumise à un «regard de l’autre» qui produit des effets délétères à l’intérieur même de la communauté. Deux tendances se dessinent ainsi : soit la rupture avec le souvenir de la culture d’origine ou alors un repli crispé, souvent biaisé, sur les valeurs du pays-mère. En résulte une sorte d’«assignation à résidence culturelle», de ghettoïsation de la pensée qui, parce que l’on ne sait pas y répondre autrement que par le bricolage identitaire, pervertissent les comportements collectifs et handicapent structurellement autant la relation au pays d’origine que la relation – et l’intégration – au pays de vie. Ce sera le premier sujet débattu. Le Maroc et ses évolutions institutionnelles, et forcément ses relations avec le Canada, sera traité dans un second atelier, afin que cessent les regards biaisés sur sa culture et les malentendus qui pèsent dès lors sur ceux qui en sont originaires.
Le 14 juin, l’Association École 21 nous mènera sur les voies de la solidarité maroco-canadienne pour le développement avec le dévoilement de son projet de bibliothèque au profit d’une école rurale marocaine.
Le 23 juin, ce sera la fierté canadienne qui sera célébrée avec une soirée en hommage aux originaires du Maghreb qui se sont distinguées durant l’année 2011 – 2012 par leurs apports à la société de vie, dans les domaines académique, industriel, artistique ou associatif.
Le 24 juin enfin, si tout va bien, une grande rencontre en plein air, réunira les originaires du Maghreb à l’occasion de la célébration de la Saint Jean baptiste.
Toutes ces activités – une liste non exhaustive au demeurant – sont ouvertes, non seulement aux maghrébins, mais à toutes les communautés culturelles constituant le tissu humain montréalais, québécois et canadien.