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Meriem Glia: médecin malgré tout

Meriem Glia

Une fois par mois, Métro propose, en collaboration avec le projet Alliés Montréal de la Conférence régionale des élus de Montréal (CRÉ), des portraits de personnes immigrantes qui ont réussi à s’intégrer dans leur milieu de travail. Entretien avec Meriem Glia.

Toute jeune, Meriem Glia savait déjà ce qu’elle voulait : devenir médecin et découvrir de nouveaux horizons. C’est pourquoi à 19 ans, elle quitte son Maroc natal pour entreprendre des études de médecine à Leningrad, en Union soviétique. Nous sommes en 1984, en pleine ère communiste.

«J’ai adoré mon expérience. Les gens étaient agréables et accueillants. J’ai vécu la perestroïka, mais les choses n’étaient pas aussi terribles qu’on le disait. Personnellement, je n’ai manqué de rien.»

Meriem restera sept ans en URSS, le temps de compléter ses études et de rencontrer Khalid, un ingénieur de la marine marchande d’origine marocaine, posté dans le nord de l’Union soviétique.

Ensemble, ils rentrent au Maroc en 1991, se marient et ont leur premier enfant, Ibrahim. Meriem se spécialise en médecine du travail et en ergonomie, et ouvre son propre cabinet à Salé.

«La clinique fonctionnait très bien, mais je sentais qu’il me manquait quelque chose, dit-elle. J’étais aussi troublée par la réalité des gens qui fréquentaient ma clinique et qui étaient issus des quartiers populaires. Les inégalités sociales me dérangent beaucoup. Je vou­­­lais que mon garçon gran­disse dans un environnement différent.»

Quelques années auront été nécessaires à Meriem pour se décider à laisser derrière elle son pays et sa profession. La destination choisie est le Canada, même si elle sait que ses chances d’y pratiquer la médecine sont presque nulles.

En 2000, la petite famille arrive à Montréal et emménage dans un 4 ½ à Saint-Léonard. Meriem est alors enceinte de son deuxième garçon, Adam. «Le changement de vie a été un grand choc. Juste le fait de marcher sur la pointe des pieds pour ne pas déranger les voisins du dessous était nouveau pour nous.»

Meriem et Khalid s’inscrivent à l’université en sciences infirmières. Pour joindre les deux bouts, ils sont d’abord recenseurs pour la Ville de Montréal. Khalid devient ensuite pré­posé aux bénéficiaires. Quant à Meriem, elle retou­rne à quelques reprises travailler dans sa clinique au Maroc.

Meriem entreprend la préparation de l’examen pour l’obtention de ses équivalences, mais le projet se révèle rapidement ir­réalisable. Ses nombreuses oc­cupations étant inconciliables, elle choisit de redéfinir ses objectifs.

Aujourd’hui infirmière clinicienne, elle est chef d’unité de médecine à l’hôpital Fleury et complète une maîtrise en gestion et développement organisationnel. Quant à son mari, il est maintenant gestionnaire dans un centre d’hébergement pour personnes âgées. Ils se sont installés dans une maison à Terrebonne.

Meriem Glia se dit comblée. Mais penser qu’elle en restera là, c’est bien mal la connaître. La médecine est pour elle une vocation im­possible à ignorer. Dans le cadre d’un projet humanitaire, elle est retournée au Maroc en octobre dernier, fournir des soins médicaux aux plus démunis. Elle comp­te réitérer l’expérience en créant, avec sa collègue la Dre Asmae Boutaleb sa propre association médicale humanitaire maroco-canadienne.

«Au Québec, tout est possible. Jamais je ne me suis sentie différente dans mon milieu de travail, et on m’a donné ma chance comme aux autres. Pour réussir, il s’agit simplement d’avoir des objectifs et de très travailler fort pour les atteindre.»

JULIE ROY

MÉTRO

Publié: 16 novembre 2011

Rubriques : Actualités, Portraits, Santé
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