Le Québec continuera à accueillir un nombre élevé d’immigrants, soit plus de 50 000 par année, dont plus du tiers ne pourront prononcer un seul de mot de français en posant le pied à Montréal.
La ministre de l’Immigration, Kathleen Weil, a dit mardi que le processus de francisation des immigrants fonctionnait très bien et que le Québec allait accueillir entre 51 200 et 53 800 nouveaux arrivants en 2012, pour satisfaire ses besoins de main-d’oeuvre.
A peu de choses près, le même scénario devrait se reproduire les années suivantes, en 2013 et 2014.
Ce faisant, le gouvernement Charest garde le cap et choisit d’appliquer une politique de stabilité en matière d’immigration, que ce soit par rapport au nombre de personnes à accueillir, à la connaissance de la langue officielle du Québec et à la diversité des bassins de provenance.
Ainsi, de tous les immigrants qui fouleront le sol du Québec l’an prochain, on prévoit qu’environ 18 900 d’entre eux ne pourront s’exprimer en français.
Selon la ministre Weil, la langue française ne cesse de faire des progrès à Montréal.
«J’ai grandi à Montréal et je peux vous dire que la réalité montréalaise a beaucoup changé, pour le bien. Il y a 40 ans, ce n’était pas du tout la réalité, le centre-ville était très anglophone», a-t-elle raconté, en conférence de presse, en rendant publics les seuils prévus pour 2012.
A l’époque, a-t-elle ajouté, «les immigrants parlaient anglais surtout», alors qu’aujourd’hui, «quand on rencontre un immigrant, on va toujours commencer la conversation en français parce que généralement c’est le français qu’ils parlent».
Mme Weil a dit qu’il ne fallait jamais «baisser les bras» pour favoriser la francisation et l’intégration des immigrants. Notamment, elle veut miser davantage sur la francisation en amont par l’apprentissage du français avant même d’arriver au Québec pour que les immigrants «puissent intégrer le marché du travail et la société en français». Cela vaut particulièrement pour la clientèle des travailleurs qualifiés (environ 30 000 par année).
Durant la consultation menée par la ministre pour déterminer les seuils acceptables pour les années à venir, le Conseil supérieur de la langue française était venu exprimer ses craintes. Il disait considérer que le gouvernement ne prenait pas tous les moyens disponibles pour franciser les immigrants, plaidant pour une offre accrue de cours de français en milieu de travail, surtout dans les petites et moyennes entreprises (PME), vers lesquelles convergent une portion importante d’immigrants.
En 2012, près du tiers du total des nouveaux arrivants (31 pour cent) proviendront d’Afrique, un quart d’Amérique (25 pour cent), souvent d’Haïti, un autre quart d’Asie (souvent des gens d’affaires), le reste débarquant d’un pays d’Europe.
En août, la ministre avait fait volte-face, après avoir tenté de modifier l’équilibre des régions du monde où le Québec cherche à attirer des gens.
Elle voulait diminuer le nombre d’immigrants en provenance de l’Afrique, et surtout des pays du Maghreb (Tunisie, Algérie et Maroc). Il n’en fallait pas plus pour que la nouvelle orientation crée un malaise, suffisamment grand pour que la ministre conclue que ce n’était pas là «le bon message à envoyer».
Mardi, la ministre a estimé que la majorité des organismes ayant participé à la consultation, qui a pris fin en septembre, partageaient ses vues quant aux seuils d’immigration à maintenir, soit autour de 50 000 par année.
En 2011, le nombre de nouveaux arrivants devrait atteindre entre 52 000 et 55 000.
1/11/2011, Jocelyne Richer
Source : La Presse.ca