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«C’est d’valeur!»

Depuis le 30 octobre écoulé et jusqu’au 27 novembre prochain, l’espace culturel dans la Métropole montréalaise; il n’y a aucun effort à faire pour s’en rendre compte; est et sera essentiellement animé par les cultures véhiculées par des segments largement minoritaires de la population québécoises.

Jusqu’au 13 novembre en effet c’est la 12ème édition du Festival du Monde Arabe qui a occupé le devant de la scène et à partir du 13 novembre, elle sera relayée, avec autant de richesse et d’éclat, par le Festival Séfarad 2011.

Parallèlement deux autres événements ont figuré en haut de l’affiche : le 7ème Gala Femmes Arabes du Québec  et la nuit des trophées du Club Avenir.

L’automne morose que nous vivions face aux soubresauts d’une vie politique chaotique a ainsi été heureusement éclairé par la vitalité et le dynamisme des apports d’une immigration souvent accusée de tous les maux mais qui s’installe incontestablement sous le signe de la richesse et de l’enrichissement.

Femmes Arabes du Québec à en effet révélé au grand public les noms de 27 femmes – dont quelques unes voilées – qui restent fidèles aux valeurs de leurs pays d’origines mais qui n’en œuvrent pas moins, sans états d’âmes, à édifier le Québec de demain, qui est aussi le leur et celui de leurs enfants.  Club Avenir a fait de même en distinguant deux hommes et deux femmes, dans une parité qui s’est imposée d’elle-même.

Le FMA et la QSM ont de leurs côtés largement complété le message; l’un animé par des arabo-québécois en grande partie musulmans et l’autre par des judéo-québécois, les clichés auraient pu imposer l’idée que ces deux activités n’étaient et ne pouvaient être que la projection sur scène d’un conflit lointain que personne ne comprend mais qui n’en perturbent pas moins nos existences et n’en trouble pas moins l’image et la perception que d’autres groupes ethnique se font des arabo-musulmans, des arabo-chrétiens et des juifs. Il n’en est rien en fait.

Car; à regarder de près les programmations des deux festivals, on ne pourra manquer d’être frappé par de nombreuses  similitudes.

Ainsi  dans les volets Réflexion des deux activités, on ne pourra manquer de s’étonner de la commune préoccupation face aux problèmes actuels du genre humain : relations à la mémoire et aux pays d’origines, relations à la société de vie et des contingences quelle impose, place de la religion dans la société, laïcité etc.

On devrait s’étonner aussi de la qualité des réponses apportées à ces questionnements par des intervenant et des conférenciers  dans l’un et l’autre cénacle; conférenciers et intervenants  qui auraient d’ailleurs pu être échangés sans que personne ne puisse y trouver à redire.

Au plan artistique aussi l’observateur non averti trouvera motif à étonnement : artistes juifs animant des galas (créations) du FMA, artistes arabes sur les scènes de la QSM, créations  innovantes et novatrices exaltant l’esprit et l’intelligence co-signées, liberté, créativité, richesse à profusion…

Mais que ferons-nous de ces trésors une fois les lampions de la fête éteints ? y puiserons-nous de quoi alimenter nos rêves de futur ou les rangerons-nous au rayon des «activités ethnoculturelles» c’est-à-dire entre le placard du folklore et celui de l’exotisme ?

Il faut espérer que non; espérer que tout cela ne résonneras aux oreilles de ces Autres, ces autres qui courent encore après un chef au lieu de courir après des idées et d’un avenir,  autrement qu’à travers un laconique et insignifiant «C’est d’valeur!».

Post Scriptum : Dans le même courant d’idée, saluons l’initiative de Radio Canada International, qui vient de lancer un projet original et utile, une Web série intitulée «Moi, le Musulman d’à côté» dont l’objectif avoué est de tordre le cou à quelques préjugés et idées reçues.

Abdelghani Dades (Edito Atlas.Mtl numéro 167 du 10 novembre  2011)

Rubriques : Édito, Société
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