Le Maroc est devenu l’un des principaux pays d’émigration du monde avec environ 3.5 millions de personnes vivant à l’étranger ; ce qui représente 10 % de la population.
En recevant 50 milliards de dirhams, en devises, de ses MdM (Marocains du monde), il est aussi l’un des plus grands récepteurs de transfert en devises parmi les pays en voie de développement.
Le Maroc, qui ne maitrise pas les flux migratoires, subit-il ou bénéficie-t-il de cette situation ?
En d’autres termes, la diaspora marocaine mondialisée constitue-t-elle une menace ou une opportunité pour le développement du pays ?
Les effets de la mondialisation
La mondialisation des flux migratoires en chiffre :
- ¬ 200 millions de migrants dans le monde, soit environ 3% de la population mondiale ;
- ¬ 40 millions de réfugiés ;
- ¬ 55% des migrants mondiaux sont des femmes ;
- ¬ 337 milliards de dollars US sont versés en direction des pays d’origine ; ce qui représente environ 3 fois l’aide mondiale au développement ;
Les nouveaux visages des migrants
Le migrant n’est plus ce déraciné analphabète qui part à l’aventure. C’est de plus en plus un citoyen scolarisé qui refuse la fatalité de vivre dans un pays pauvre et qui, pour réaliser son projet, s’appuie sur différents réseaux.
Ce n’est plus, non plus, ce jeune homme célibataire mais ce sont plutôt, à 55%, des familles avec enfants.
Ceci a rendu le profil du migrant très diversifié entre le migrant économique, le demandeur d’asile, le réfugié et de plus en plus, le sans papier.
Les nouveaux facteurs de mobilité
Ils sont nombreux et variés et résultent de la conjonction de plusieurs événements :
L’information qui donne une réputation d’Eldorado à l’occident qui est perçu comme un territoire de liberté, d’égalité et de consommation. Cet imaginaire migratoire est souvent alimenté par les migrants eux-mêmes qui transfèrent des fonds et exhibent dans les pays d’origine, pendant les vacances, des signes extérieurs de richesse.
Les réseaux transnationaux de transit : toute une économie d’aide au transit s’est développée au niveau des frontières ; des réseaux se sont constitués et proposent leurs services à toutes les étapes du voyage. Cette économie prospère et s’adapte aux complexités accrues d’émigrer.
L’effet push-pull : L’urbanisation rapide des pays de départ engendrent souvent des projets migratoires sous l’effet push (démographie et pauvreté), pull (envie de richesse, de liberté et d’Occident). C’est ainsi que les migrants sont de moins en moins des ruraux analphabètes et pauvres et sont, de plus en plus, des urbains scolarisés qui ont pu accumuler des économies.
Les passeports se sont généralisés et ce droit de sortie, bien que limité par la politique restrictive des pays d’accueil, suscite l’envie de mobilité.
La baisse des couts de transport qui contribue à alléger la logistique et à élargir le champ de la mobilité
La gestion des dynamiques migratoires par le maroc
De gros efforts sont consentis par le gouvernement du Maroc pour rester proche de ses RME et pour leur fournir une écoute active :
- 1- Les institutions en charge des questions migratoires
A- Le ministère chargé de la communauté Marocaine Résidant à l’Étranger
Créé en 1990, il est chargé d’élaborer et de mettre en œuvre la politique gouvernementale concernant la communauté marocaine à l’étranger.
B- La Fondation Hassan II pour les Marocains Résidant à l’Étranger
Crée en 1990, la Fondation Hassan II se veut une institution au service des MRE qui œuvre pour le maintien et le développement des liens fondamentaux entre les MRE et leur pays d’origine.
Elle s’est dotée également d’une structure dédiée au suivi et à l’analyse de l’évolution et des conditions de vie des MRE. Il s’agit de l’Observatoire de la Communauté Marocaine Résidant à l’Étranger (O.C.M.R.E).
C- L’Observatoire de la Communauté Marocaine Résidant à l’Etranger
Créé dans le cadre d’un partenariat avec l’Organisation Internationale pour les Migrations, l’OCMRE a pour missions principales de collecter, recenser et interpréter les informations relatives à la condition des Marocains résidant à l’étranger.
C- La Direction des Affaires Consulaires et Sociales (DACS)
D- Le Conseil de la Communauté Marocaine à l’Étranger (CCME)
Le CCME a été mis en place le 21 décembre 2007. Ce Conseil a surtout une compétence de faire des propositions et des recommandations.
2- Adoption d’une politique d’orientation, d’accompagnement et de soutien des marocains du monde
3- Application du programme gouvernemental (2008-2012) pour la promotion des citoyens marocains résidents à l’étranger
4- Adoption d’une politique de proximité
5- Promotion des investissements
6- La gestion du culte
7- Les nouveaux dispositifs électoraux
Les apports de la diaspora au développement du Maroc
1- Transfert de devises
2- Transfert des compétences et du savoir-faire
3- Contribution au rayonnement du Maroc dans le monde
4- Les investissements des MRE au Maroc contribuent au développement économique
5- L’enrichissement culturel de la double appartenance
Les menaces issues de la diaspora marocaine
1- L’hémorragie des compétences
2- Le dilemme de la double fidélité
3- l’ignorance des réalités du pays
4- L’apprentissage de la langue arabe et l’initiation à l’Islam
5- Des investissements MRE peu diversifiés
6- Des problèmes juridiques
7- Cas des individus en situation précaire, notamment les personnes âgées.
En guise de conclusion
La diaspora marocaine mondialisée, malgré quelques gros écueils à éviter comme le danger de déracinement issu d’une rupture avec la culture d’origine et de la généralisation de la double nationalité, est une grande opportunité à saisir car les MdM constituent une grande richesse non seulement par le transfert de devises, mais aussi et surtout par le transfert des connaissances et du savoir faire, l’enrichissement culturel induit par les échanges du Maroc avec les pays d’accueil et l’esprit d’innovation généré au contact des grandes nations.
Les MdM, qui restent très attachés à leur pays, sont, grâce à leur double culture, de grands vecteurs de développement du Maroc moderne.
Atlas.Mtl 167 (Par Radouane Bnou-Nouçair)