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Au travail à 55 ans et plus. Bon pour l’économie, couteux pour les employeurs

Le Conseil du patronat du Québec partage l’état de situation contenu dans le rapport de la Commission nationale sur la participation au marché du travail des travailleuses et travailleurs expérimentés de 55 ans et plus, rendu public  par son président, M. Gilles Demers. L’association patronale s’inquiète cependant des coûts que pourrait engendrer pour les employeurs du Québec l’application de certaines des mesures proposées, notamment en matière de régimes de retraite et de formation.  Le Conseil du patronat invite la ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Mme Julie Boulet, à garder cette préoccupation à l’esprit dans la mise en œuvre des recommandations du rapport.

« Avec le vieillissement démographique et le choc causé par la hausse des départs à la retraite que connaîtra le Québec dès l’an prochain, il est impératif comme société d’offrir plus d’incitatifs à nos travailleurs d’expérience pour garder ceux qui le désirent sur le marché du travail et bénéficier ainsi de leur expertise, ainsi que d’encourager les travailleurs à épargner davantage en prévision de leur retraite. Cependant, il est également essentiel de tenir compte de la capacité de payer des employeurs dans la mise en œuvre de propositions pour affronter ce défi », a réagi le président du Conseil du patronat du Québec, M. Yves-Thomas Dorval.

Les préoccupations du patronat québécois

Le Conseil du patronat se montre particulièrement préoccupé par la recommandation formulée par la Commission, qui obligerait les employeurs et les travailleurs à verser une cotisation minimale (appelée à augmenter graduellement) dans de nouveaux régimes d’épargne retraite pourtant considérés comme volontaires. Nous avions salué le caractère volontaire de l’initiative et continuons de penser qu’il y a une limite à l’imposition de nouvelles obligations aux employeurs. Compte tenu des hausses à venir des taux de cotisation à la Régie des rentes du Québec, une nouvelle taxe sur la masse salariale ne ferait qu’alourdir le fardeau fiscal et financier des employeurs du Québec, qui paient déjà 30 % plus cher que leurs concurrents ontariens.

Par ailleurs, bien que favorable à un plus grand investissement dans la formation de la main-d’œuvre par l’ensemble des parties concernées, incluant les employeurs et les travailleurs eux-mêmes, le Conseil du patronat reste perplexe quant à la proposition de la Commission visant à augmenter de 1 % à 2 % la part de la masse salariale des employeurs consacrée à la formation en comptabilisant à 200 % l’argent consacré aux travailleurs de 50 ans et plus. Devant l’incertitude liée à la situation économique actuelle, une telle mesure pourrait avoir en effet un impact néfaste sur la compétitivité des entreprises et sur les investissements au Québec. Des outils incitatifs privilégiant la sensibilisation des employeurs à l’importance d’investir davantage dans la formation de leur capital humain seraient beaucoup plus indiqués. Rappelons par ailleurs que beaucoup de grandes entreprises investissent déjà plus de 1% dans la formation, la faiblesse au niveau de la formation au Québec est essentiellement due au faible investissement des petites et moyennes entreprises en formation, celles-ci étant déjà étranglées par différentes charges et un lourd fardeau administratif.

Des «pistes de solution» intéressantes

Le Conseil du patronat trouve néanmoins intéressantes plusieurs autres pistes de solution proposées par la Commission, notamment en ce qui a trait à l’octroi de crédits d’impôt pour la formation continue, les incitatifs financiers pour favoriser la gestion prévisionnelle de la main-d’œuvre, la valorisation des travailleurs d’expérience, les mesures fiscales pour encourager le maintien en emploi, de même que l’intégration des immigrants sur le marché du travail et la croissance de la productivité des entreprises.

Le Conseil du patronat a sondé lui-même ses membres sur leurs préoccupations quant à la participation au marché du travail des travailleurs expérimentés de 55 ans et plus, et les résultats obtenus se sont avérés fort utiles et intéressants. L’étude, réalisée par la firme Léger Marketing pour le compte du Conseil du patronat en décembre 2010 auprès de 350 dirigeants d’entreprise du Québec, a révélé ainsi que près de trois chefs d’entreprise sur quatre (73 %) jugent que la mise en place de mesures afin de permettre de maintenir en emploi les travailleurs expérimentés de 55 ans et plus est importante pour leur entreprise. En conséquence, 79 % d’entre eux se montrent ouverts à réduire les heures de travail et 78 % prêts à offrir plus de flexibilité quant aux horaires de travail pour conserver leur main-d’œuvre d’expérience. Près de huit répondants sur dix (79 %) seraient en accord pour que les gouvernements fédéral et provincial modifient les régimes de retraite publics afin de procurer des incitatifs pour encourager les personnes d’expérience à rester plus longtemps sur le marché du travail.

Source : Conseil du Patronat du Québec

Rubriques : Économie, Société
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