
Difficile à comprendre, difficile à cotoyer au travail et jugé irremplaçable par nombre des fans et investisseurs d’Apple, l’homme a toujours défié les conventions et les attentes. Le succès d’Apple depuis que Steve Jobs en avait repris les commandes après douze ans d’absence apparaît indissociable de sa personne. “Steve Jobs est considéré par les marchés comme la force directrice majeure de la stratégie d’Apple”, jugeait en janvier dernier Richard Windsor, spécialiste des nouvelles technologies chez Nomura. Sous sa houlette, Apple est devenue la deuxième capitalisation boursière mondiale et talonne celle de la major pétrolière Exxon Mobil.
Steve Jobs a fondé Apple à la fin des années 1970 avec son ami Steve Wozniak, dans le garage de la famille Jobs, dans la Silicon Valley. Ils ont rapidement lancé leur premier ordinateur, l’Apple 1, suivi de l’Apple 2 dont l’immense succès a placé la nouvelle entreprise parmi les leaders du marché naissant de l’informatique personnelle. L’introduction d’Apple en Bourse en 1980 fait de Steve Jobs un multimillionnaire. En 1983, il débauche John Sculley, alors directeur général de Pepsi, pour prendre la tête du groupe en lui posant une question entrée dans la légende d’Apple : “Voulez-vous passer le reste de votre vie à vendre de l’eau sucrée, ou voulez-vous changer le monde?”
Malgré le succès, dès 1984, année du lancement du Macintosh, des tensions apparaissent entre Steve Jobs et John Sculley. Les deux hommes s’affrontent même en public, et à ce titre la première grand-messe commerciale d’Apple, en 1985 à Hawaï, est restée mémorable. Au point que Steve Jobs s’en va peu après, en disant qu’il a été “viré” du conseil d’administration. Il quitte alors Apple, vend l’ensemble de ses actions à l’exception d’une seule, et part fonder une nouvelle entreprise, NeXT ainsi que piloter les studios Pixar. En 1997, Apple rachète NeXT et Steve Jobs fait son retour dans l’entreprise de ses débuts, dont il devient officiellement le directeur général en 2000. Le groupe lance l’année suivante l’iPod, le baladeur numérique dont les différentes versions se sont depuis vendues à plus de 250 millions d’exemplaires. L’iPhone et l’iPad suivront. Steve Jobs avait organisé sa succession. Avant de quitter son poste, il avait rassuré ses investisseurs, confirmant la sortie de l’iPhone 4S et promettant des “innovations révolutionnaires” à venir. Une façon de pousser les employés d’Apple, orphelins, à aller de l’avant.
Une adresse mail existe d’ores et déjà pour les condoléances : rememberingsteve@apple.com