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Personnes handicapées. Indésirables aux États-Unis ?

Plus d’une douzaine de Canadiens se sont vu refuser l’accès au territoire américain depuis un an, après que des informations sur leur dossier médical eurent été consultées par le département de la Sécurité intérieure des États-Unis, rapporte CBC.

Lois Kamenitz, par exemple, a contacté le Bureau de l’intervention en faveur des patients des établissements psychiatriques l’automne dernier, après que les douaniers lui eurent interdit de prendre son vol en direction de Los Angeles en raison d’une tentative de suicide survenue quatre ans plus tôt.

La femme de 65 ans a été interceptée après avoir présenté son passeport à l’aéroport international de Pearson de Toronto. Un agent l’a alors informée qu’il savait que la police lui avait porté assistance chez elle en 2006.

« J’étais vraiment perturbée et je ne comprenais pas ce que ça signifiait. Puis j’ai réalisé qu’il faisait référence à un appel fait par mon conjoint au 911 lorsque j’ai essayé de me suicider », a-t-elle expliqué au réseau anglais de Radio-Canada.

L’agent des douanes lui a précisé ne pas avoir son dossier médical en main, mais seulement une note provenant des autorités policières de Toronto.

Une douzaine de plaintes

Le gérant du Bureau de l’intervention en faveur des patients des établissements psychiatriques, Stanley Stylianos, indique avoir reçu une douzaine de plaintes similaires à celle de Mme Kamenitz.

Jusqu’à maintenant, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) n’a pas fourni de réponse claire relativement au fait que des incidents non violents comme celui de Mme Kamenitz aient une incidence au-delà la frontière canadienne.

Selon un câble diplomatique dévoilé cette année par WikiLeaks, toute information qui se trouve dans la base de données du Centre d’information de la police canadienne (CIPC) est accessible aux autorités américaines.

La base de données, qui contient 9,6 millions de dossiers, selon la GRC, contient tout ce qui peut alerter les autorités sur une potentielle menace à la sécurité publique. Toute cette information peut être consultée par le département de la Sécurité nationale des États-Unis.

Les policiers canadiens rédigent un rapport chaque fois qu’ils appréhendent une personne ou répondent à un appel du 911, et une partie de cette information est ensuite acheminée au CIPC, affirme Stanley Stylianos.

Il ajoute que cela inclut parfois des incidents non violents de santé mentale dans lesquels la police est impliquée.

Cette procédure pourrait expliquer pourquoi les autorités américaines détenaient des informations concernant l’appel du 911 auquel ont répondu les policiers en 2006, lorsque Lois Kamenitz a fait une surdose de médicaments.

L’inspecteur de la GRC Denis St-Pierre précise que la base de données du CIPC ne concerne pas seulement les casiers judiciaires, mais contient aussi des rapports de personnes disparues, des plaintes relativement à des vols de propriété ou des informations sur le dossier médical de certaines personnes, notamment dans les cas de tentative de suicide.

Denis St-Pierre précise toutefois que l’agent qui souhaite utiliser la base de données du CIPC doit d’abord contacter le poste de police où le dossier a été enregistré avant de faire quoi que ce soit.

Lois Kamenitz déplore quant à elle que le gouvernement canadien ne considère pas l’impact que cela peut avoir sur la vie des gens. « La police s’est peut-être rendue chez moi, mais ce n’était pas pour des raisons criminelles. C’était pour une urgence médicale ».

Le Bureau de l’intervention en faveur des patients des établissements psychiatriques milite quant à lui pour que ce genre de dossier ne soit ni inclus dans la base de données du CIPC ni partagé avec les autorités américaines.

« Une fois que l’information est rendue dans le système américain, tu ne peux plus la contrôler», déplore Stanley Stylianos.

La plus récente série de notes diplomatiques rendues publiques par WikiLeaks démontre l’inquiétude des États-Unis pour la sécurité à la frontière canadienne. Des membres du personnel du département d’État américain s’attardent notamment sur le trafic d’êtres humains et de stupéfiants. Le trafic à l’aéroport international Pearson de Toronto fait l’objet d’une attention particulière.

Source : Radio-Canada.ca 

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