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Québec, ville branchée…

Il faut plus que du béton et de l’asphalte pour développer une rue, un quartier, une ville à échelle humaine. La possibilité de se connecter à Internet de partout commence à devenir un attrait important des villes du XXIe siècle. Regards sur le cas de Québec qui s’impose déjà comme une première de classe en la matière.

Selon le palmarès Forbes 2010 des villes américaines les mieux équipées en Internet sans-fil, Portland se classe au premier rang avec un ratio d’une borne par 4440 habitants. Or, à Québec, on parle plutôt d’un ratio d’une borne par 1646 personnes.
Qu’on le veuille ou non, Internet est omniprésent dans la ville. Dans les allées des épiceries, aux arrêts de bus, dans les estrades des terrains de soccer, au parc, on voit les gens rivés à leur téléphone ou leur ordinateur. Ils twittent, lisent les nouvelles, prennent leurs messages, tuent le temps, et ils aiment ça encore plus quand c’est gratuit.

C’est aussi le cas de gens de passage, de ces fameux touristes que les villes s’arrachent. «Quand on arrive dans un lieu, c’est une sécurité de pouvoir garder le contact avec le lieu d’où on part», résume Mario Asselin de l’organisme ZAP Québec, un OBNL qui milite pour le sans-fil gratuit dans la capitale. «Le fait d’avoir cette sécurité va nous donner le goût de nous éclater, de faire toutes sortes de choses et de rester plus longtemps.»

Une approche décentralisée

Le lieu de la rencontre n’a pas été choisi au hasard. Nous sommes à la Brûlerie Saint-Roch, en plein quartier techno. Outre la qualité de ses cafés, cet endroit très branché doit sa popularité au fait qu’il offre un accès gratuit à Internet. 

La Brûlerie est l’un des nombreux commerces à faire partie du réseau de ZAP. Contrairement à des villes comme Toronto ou Boston, où le Wi-Fi s’est développé avec l’érection d’une grosse antenne au centre de la ville, le système de ZAP repose sur une approche décentralisée. ZAP Québec contacte les commerces et les institutions et leur propose de partager Internet avec leurs clients. Il leur demande 100 $ de cotisation pour faire partie de son groupe et un autre 100 dollars pour payer le routeur que ses techniciens viennent installer. L’entretien du routeur est assuré par ZAP, mais pour le reste, c’est le commerce qui traite avec son fournisseur d’accès.

Certaines organisations soutiennent ZAP mais préfèrent administrer leur propre équipement, comme divers centres commerciaux et l’aéroport, par exemple. Qu’importe, selon Mario Asselin, puisque le résultat est le même. «L’important, c’est l’Internet gratuit aux citoyens, qu’on fasse une ville Wi-Fi à 100 %.»

Québec parmi l’élite

Depuis 2006, ZAP a installé pas moins de 404 bornes de ce genre à Québec, ce qui en fait, de loin, la ville la plus Wi-Fi au Québec. Elle se compare même avantageusement aux villes qui se distinguent dans ce domaine aux États-Unis. En effet, selon le palmarès Forbes 2010 des villes américaines les mieux branchées, Portland se classe au premier rang avec un ratio d’une borne par 4440 habitants. Or, à Québec, on parle plutôt d’un ratio d’une borne par 1646 personnes! Et la formule est en plein essor.

Depuis un mois, il n’est plus nécessaire de s’identifier et de taper son mot de passe pour accéder au réseau ZAP, un ajout qui a notamment permis au réseau de faire le plein de 22 400 usagers, en plus des 83 000 qu’il comptait déjà. D’emblée, l’organisation prévoit ajouter 120 bornes à son territoire d’ici 2014. 

Ce succès, Mario Asselin l’attribue en partie au dynamisme des nombreux bénévoles qui donnent du temps à l’organisme, dont beaucoup sont des travailleurs techno. Il ajoute que la ville de Québec a soutenu le projet dès le début en branchant tous ses bureaux d’arrondissements, parcs, arénas et bibliothèques, soit l’équivalent de 85 bornes. En plus de stabiliser les revenus de l’organisme, cela a aussi permis à ZAP de s’implanter sur tout le territoire de la ville fusionnée. Quand même, certains lieux clés restent à conquérir, et non les moindres: l’Université Laval et le Réseau de transport en commun (RTC) (voir l’encadré).

En attendant, le Wi-Fi s’incruste partout. Ainsi, lors du concert de Metallica sur les Plaines, des centaines de spectateurs se connectaient à Internet avec leurs téléphones pour faire connaître leurs impressions. Pour ZAP, qui avait établi un partenariat avec le Festival d’été, ce fut un succès sur toute la ligne, d’autant que la technologie 3G (un service payant auquel on recourt quand il n’y a pas de Wi-Fi justement) avait «planté» pendant la soirée alors que ZAP roulait!

Rentabiliser l’attente

Il appert par ailleurs que les gens se servent de Wi-Fi pour leur travail autant que pour leurs loisirs, du moins à Québec. Michael Doyle, un étudiant en architecture de l’Université Laval, a réalisé une petite étude auprès des utilisateurs du groupe qui démontre que la majorité des gens s’en servent en lien avec leur emploi et même qu’une proportion importante considèrent les lieux publics où il y a du Wi-Fi comme des lieux de travail «secondaires». Bref, le Wi-Fi, c’est bon pour l’économie…

«Que ce soit dans une salle d’attente ou en transport en commun, le Wi-Fi permet aux individus de rentabiliser chaque moment et d’occuper ses temps d’attente de manière utile. Un ingénieur […], par exemple, profite du Wi-Fi pour vérifier ses courriels ou chercher de l’information lorsque ses filles font du patin artistique à l’aréna.»

Dans son analyse, l’étudiant à la maîtrise soutient même qu’à terme, le recours au WiFi va forcer les villes à revoir leur aménagement et leur architecture parce que les lieux publics vont changer de fonction. Comme quoi cette mini-révolution n’en est qu’à ses débuts…

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