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Deux vies en une…

La quinzaine qui achève aura, à plus d’un titre, démontré s’il en était besoin, combien les phénomènes migratoires qui, semble-t-il, posent problèmes, sont en fait une source potentielle de richesse et de progrès, un moteur de développement social et de dynamisation des sociétés humaines. À la faveur d’un agenda d’activités à la fois intense et diversifié, les observateurs avisés de l’évolution des sociétés humaines ont pu déceler  comment et combien une mondialisation qui ne se limiterait pas à la libre circulation des biens et des capitaux mais engloberait également une circulation raisonnée des personnes, serait fertile et productive.

À Montréal en effet, à travers la rencontre Marocaines d’ici et d’ailleurs, les Rencontres citoyennes du Groupe Atlas Media, le débat engagé par les maroco-canadiens sur les processus de réformes constitutionnelles dans leur pays d’origine etc. ; il a été clairement démontré que la citoyenneté d’une seule et même personne pouvait s’étendre à un  deux ou plusieurs pays à la fois sans que cela puisse impliquer une hiérarchie de priorité, une quelconque préférence pour une cause humaine au(x) détriment (s) d’une (ou de plusieurs) autre(s).

Les Marocaines d’ici et d’ailleurs réunissaient en effet 250 femmes, à l’initiative des Marocaines certes mais sans véritable distinction d’origine, venues du Canada, des États-Unis, du Chili, du Pérou, d’Argentine, du Brésil, de France, d’Angleterre, de Hollande et d’ailleurs encore, pour débattre des différents aspects de la féminisation des mouvements migratoires (42% des migrants du monde sont des migrantes !) une tendance nouvelle mais croissante, qui pose de nouveaux défis mais que les recherches et les politiques publiques ignorent encore.

Le débat sur les évolutions institutionnelles au Maroc  et parallèlement, la rencontre citoyenne avec le ministre des finances du Québec, sont venu, par leur concomitance, établir que  la citoyenneté était partageable, même entre deux pays, sans préjudice bien au contraire, pour l’un ou l’autre, dès lors que l’on s’intéresse à l’avenir des gens sans trop se laisser handicaper par nos seules références au passé et aux droits supposés qu’il conférerait à un groupe aux dépends de l’autre.

Il n’est pas, jusqu’à la scène sportive, qui ne donne d’exemples de cette nature. Ainsi, alors que les regards des maghrébins du Canada se tournent déjà vers le match Maroc-Algérie en Coupe d’Afrique des Nations, prévu à Marrakech le 4 juin prochain ; les mêmes se passionnent ici pour l’Impact de Montréal et son futur.

Voilà qui devrait sans doute suffire à évacuer les oiseuses (et détestables) discussions sur les «loyautés» dont on ne cesse de nous abreuver, au lieu de débattre de la meilleure manière de valoriser pleinement les migrations et d’en réaliser toutes les promesses, humaines, sociales et économiques. Mais il n’est pas sûr que les résistances à cette évolution soient tues. La preuve ? pendant cette semaine, alors que certains essayaient de se projeter dans l’avenir et de le raisonner, d’autres tentaient d’ancrer nos mentalités dans le passé, en invitant le raciste («blanchi» pour la circonstance sous l’appellation de «populiste») hollandais Geerd Wilders à venir souiller la conscience du Canada et du Québec en claironnant ses messages honteux et en se mêlant de ce qui ne le regarde pas : comment ici, tous, nous devons concevoir notre monde de demain et des générations à venir.

Abdelghani Dades (Edito Atlas.Mtl numéro 156 du 19 mai 2011)

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