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Pourquoi notre journal, Atlas.Mtl, est censuré par le Consulat général du Maroc ?

Pourquoi notre journal, Atlas.Mtl, est censuré par le Consulat général du Maroc ? «Tâalimat»!

Juridiquement, censurer un journal au Maroc est une pratique qui n’a plus cours. Au terme de la loi en vigueur – qui reste certainement à parfaire – interdire la parution, la distribution ou la distribution d’une publication en raison de son contenu ou des opinions qu’il héberge dans ses colonnes, nécessite une décision de justice. Cette loi s’applique et doit s’appliquer partout au pays. , y compris dans les espaces dits extraterritoriaux, c’est-à-dire les immeubles propriétés du Maroc, situés hors du territoire national, par exemple les ambassades, les consulats et les centres culturels.

Pour diverses raisons, ces principes ne font évidemment pas l’affaire de tous les marocains, simples citoyens comme cadres de l’État, investis soient-ils d’un large pouvoir ou d’une parcelle d’autorité et parmi lesquels une grande méfiance reste et souvent hostilité à l’encontre des journalistes – souvenir de temps heureusement révolus – assez largement répandue.

Tous ne se laissent cependant pas aller au trouble plaisir de «sanctionner», de «punir», de censurer; même si pour cela, ils doivent dépenser un temps et une énergie  autrement plus utiles dans d’autres démarches et actions entrant plus productivement dans les prérogatives qui leurs sont confiées, à imaginer des explications et des prétextes pouvant justifier l’injustifiable : l’arbitraire.

Notre confrère AbdAtlas-251-Page5errahmane El Fouladi, dans le plus récent numéro de son remarquable journal Maghreb Canada Express nous rappelle qu’i Il y a un peu plus d’un an aujourd’hui, treize mois très exactement, l’arbitraire des forces les plus rétrogrades qui se manifestent encore dans le Maroc démocratique du XXIème siècle, pouvaient avoir droit de cité même dans ce petit bout de territoire marocain hôte de Montréal, au Canada, terre de liberté et de libre expression (Lire l’article).

Il y a treize mois en effet, les journaux de la communauté maroco-canadienne du Québec ont été interdits de distribution dans les locaux du Consulat général du Royaume du Maroc et de Dar Al Maghrib, centre culturel marocain de Montréal.

Cette censure à été notifiée aux éditeurs de Atlas.Mtl puis quelques semaines plus tard de Maghreb Canada Express, par… un agent de sécurité, appliquant, selon ses dires, une «instruction orale», c’est-à-dire en application d’une méthode qui a connu son apogée au Maroc durant les Années de plomb de sinistre mémoire. Et pour cause! Une «Instruction» («Tâalimat» en langue arabe) lorsqu’elle est orale, ne laisse pas de traces et rend impossible toute imputabilité à son auteur, comme elle peut lui permettre, au prix d’une simple dénégation, de s’assurer l’impunité.

Les  «Tâalimat» de l’agent de sécurité ne nous ont cependant pas empêchés de chercher à en savoir plus sur les raisons de notre «disgrâce»: appels téléphoniques, courriels et lettres ont à cet effet été adressées aux «qui-de-droit», avec l’effet naturel en pareil cas : le silence.

Atlas-251-Page7Il a fallu attendre un an pour entendre, de la bouche de la Consule générale en exercice, lors d’une manifestation publique réunissant plus de 300 personnes, devant un membre du gouvernement du Maroc et plusieurs personnalités de haut rang, une «explication» pour le moins diffamatoire qui selon elle, justifiait une décision digne d’un «patriot act» personnel.

Cette déclaration nous a bien sûr amenés à formuler une plainte auprès des autorités marocaines compétentes, en l’occurrence le ministère des affaires étrangères et la direction des affaires consulaires et, vous vous en doutez certainement, cela fait maintenant quatre mois que nous attendons – à défaut de nous rendre justice et de redonner ses droits à la démocratie dans les locaux consulaires et culturels du Maroc à Montréal –  ne serait-ce qu’un accusé de réception!

Dans de pareilles conditions que reste-t-il à espérer sinon qu’au Consulat les services aux citoyens, unique responsabilité de l’Institution, ne soient pas dispensés dans le même esprit que le rapport aux média.

Rachid Najahi

Directeur Général Groupe Atlas Media

 

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