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Petits signes et grandes attentes

Abdelghani Dades

Abdelghani Dades

Dans la vie des peuples et des nations, il est des petits signes presque imperceptibles, qui renseignent bien mieux sur l’état des choses que toutes les statistiques et tous les chiffres décrivant les PIB, PNB et autres équilibres macroéconomiques. Ces signes on peut les lire dans les comportements des gens, partout et tous les jours. Pris un à un, ils n’ont presque pas de signification ou d’impact. Mais au bout d’un temps, leur accumulation finit par déranger, puis par déstabiliser.

Et au Québec, société heureuse s’il en fut, il semble que l’on soit au stade du dérangement. Non pas le «grand dérangement» que l’histoire nous enseigne; mais assurément un certain inconfort. Inconfort devant la politesse qui s’amenuise jusque dans les commerces, devant les sourires qui se raréfient dans l’espace public. Et préoccupation; face à la multiplication des cas de rage au volant, face au raidissement des fonctionnaires notamment ceux en charge de veiller à la solidarité dans la société. Inquiétude aussi devant ce fléau qu’est devenue l’intimidation. Et crainte enfin devant le désenchantement de la jeunesse dont la principale manifestation est l’explosion du décrochage scolaire…

Pour qui aurait été sourd à ces cris silencieux, les trous qui se multiplient dans les filets sociaux ne pouvaient laisser aucun doute : nous avons fini de dilapider l’héritage prospère légué par une génération de travaillants, qui ont fait est la révolution tranquille et un Québec prospère et dès lors généreux.

Devant tout cela il était évident que lorsque le gouvernement est venu nous annoncer que la situation financière sans être catastrophique n’en est pas moins à prendre au sérieux, on le pressentait déjà et, dans notre for intérieur, on attendait les dirigeants qui allaient avoir le courage de dire les choses comme elles sont réellement et de prendre les mesures que la situation impose.

Bien entendu, il y a quelques réserves émettre, sur le dosage des mesures à envisager. Ni brutales, ni draconiennes; compressions oui, mais pas à coup de sabre. Rigueur, d’accord; pas  austérité absolue.

À cela près, il semble bien qu’une opportunité historique se présente aujourd’hui, d’une refondation qui commence par le rétablissement de l’économie et au service de laquelle les québécois, sont près à s’engager.

À condition bien sûr que «québécois» signifie «tous les québécois», sans distinction d’origine, de date d’installation au pays, dans une solidarité à considérer comme une valeur première afin que nul ne soit laissé pour compte.

Dans cette refondation, ainsi, on donnera corps à ce rêve que «tous ceux qui participent à la tâche constituent le peuple fondateur et sont égaux en droits comme ils le sont en devoir.

De cette façon, et de cette façon seulement, on arrêtera peut-être de souffrir de cette injuste distinction entre… entre qui et qui en fait?, entre «québécois de souche» et «communautés culturelles» ? Voilà une bien mauvaise réponse!

Car face au futur que tout le monde espère également, il ne saurait y avoir que La communauté Québécoise, une et diverse, inclusive et généreuse, ambitionnant une juste et équitable répartition de l’effort et de ce qui résultera de l’effort.

Toute autre approche que celle-ci serait préjudiciable à tous et signifierait que nous sommes déjà en train de rater la refondation nécessaire…

Abdelghani Dades (Edito : Atlas.Mtl du 8 au 23 mai 2014)

 

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