Être Noir, Juif orthodoxe, Haïtien et Québécois : hommage à Gérard Étienne (1936-2008)

Lundi 29 avril 2013, le Centre d’études juives contemporaines ALEPH, dirigé par Sonia Sarah Lipsyc, consacrera une soirée littéraire et artistique en hommage au poète, romancier, essayiste, linguiste et journaliste Gérard Étienne, né à Cap-Haïtien en 1936 et décédé à Montréal en 2008.

Cet événement est organisé en partenariat avec les Amis Canadiens de l’Université de Bar Ilan, située en Israël, et en collaboration avec le Centre International de Documentation et d’Information Haïtienne, Caribéenne et Afro-Canadienne.

Ayant immigré au Québec en 1964 pour fuir le régime Duvalier qui l’avait emprisonné et torturé, Gérard Étienne a obtenu un baccalauréat ès arts et une licence ès lettres de l’Université de Montréal en 1968 ainsi qu’un doctorat en linguistique de l’Université de Strasbourg en 1974. Converti au judaïsme, il a enseigné pendant 30 années les lettres et le journalisme à l’Université de Moncton (Nouveau-Brunswick) et collaboré à plusieurs journaux et revues, dont Le Devoir, de 1972 à 1987.

Récipiendaire de plusieurs prix et distinctions, dont la Médaille d’or de La Renaissance française, cet humaniste a toujours été profondément engagé dans la promotion du fait français et la défense des droits de la personne, en Acadie comme au Québec. Il a signé plus d’une trentaine d’œuvres, dont des romans (Le Nègre crucifié, Une Femme muette), des essais (Essai sur la négritude, La Femme noire dans le discours littéraire haïtien), des recueils de poésie (Au milieu des larmes, Lettre à Montréal, Natania) et une pièce de théâtre (Monsieur le Président).

Son œuvre, en cours de réédition continue, est de plus en plus étudiée et figure dans plusieurs anthologies. Ses romans comme sa poésie ont été traduits en anglais, en italien, en portugais et en allemand. Si l’homme et le journaliste ont naturellement cessé d’intervenir directement dans le milieu, l’œuvre continue de porter un message profond tant au Québec, dont il a vécu l’importante transformation du dernier demi-siècle, qu’en Acadie, dont il a accompagné le développement pendant 30 ans, et en Haïti où il n’est pas inutile aujourd’hui encore de dénoncer sans concession les méfaits des dictatures passées. L’événement organisé le 29 avril constitue donc une excellente occasion d’en savoir plus sur cet auteur, auquel la judaïté confère elle aussi une dimension exceptionnelle.