Commentaires fermés sur De la séparation de la religion et de l’institution publique

De la séparation de la religion et de l’institution publique

Anie Samson, Maire de l’arrondissement Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension

La Ville de Montréal doit-elle observer un calendrier des fêtes religieuses? Le débat est récurrent. Et les positions divergent. Le terrain est glissant, car, dans un domaine si sensible que celui de la foi, parce que Montréal est la ville de toutes les croyances, toutes prise de position heurtera automatiquement quelqu’un.  Anie Samson, mairesse de Villeray – Saint Michel – Parc extension en a fait l’expérience tout récemment. C’est tout un procès, d’intention, qui lui a été fait sans, évidemment, que la parole lui soit donnée par ses contempteurs.

Avait-elle tort; avait-elle raison? À vous d’en juger , après avoir toutefois pris connaissances des clarifications qu’elle apporte dans la lettre ouverte ci-après.

« J’ai bien pris connaissance des propos et des jugements tenus ici et là par des représentants politiques et des élus à la suite de ma prise de position sur la nécessité d’assurer la continuité des activités administratives des organes élus de notre ville. Car c’est bien de cela qu’il s’agissait.

Tout d’abord, je dois ici répéter que le système administratif et politique laïque que je défends et que je sers respecte profondément les croyances religieuses de toutes les communautés humaines établies dans notre pays, notre province et notre ville. Il n’est nullement interdit, ni par la loi ni par les règlements et politiques de notre pays, de s’absenter d’une réunion pour remplir une fonction religieuse ou participer aux manifestations religieuses indiquées par sa religion. Il s’agit d’une position morale, culturelle et politique que je défendrai toujours. J’ai le respect le plus profond et le plus sincère pour toutes les religions pratiquées au Québec et au Canada.

Depuis plus d’une décennie, mon attitude publique et mon implication au service des communautés que je sers en témoignent. Chrétiens, Juifs, Musulmans, Bouddhistes, font partie des citoyens que je représente et reconnaissent mon respect et mon militantisme pour des pratiques religieuses en harmonie avec la Charte des droits de la personne humaine. En agissant ainsi, je me démarque de toute démagogie dont font un usage abusif certains politiciens en mal de popularité ou du soutien de groupes d’intérêt en  période électorale.

Mon propos est simple: la pratique religieuse ne doit pas arrêter la machine administrative de tourner au profit de toutes nos communautés.  Que des politiciens veuillent mal interpréter mon propos dans un sens qu’il n’a pas entendu avoir, cela fait partie des joutes ordinaires de la vie politique. La référence à une fête juive lui donne subitement un sens particulier. Je n’ai pas souvenir d’une réunion statutaire annulée après avoir été programmée parce que des politiciens se sont aperçus à la dernière minute que la date prévue correspondait à une fête religieuse. Je souhaiterais que vous puissiez, en tant que journaliste, demander des exemples précis à ceux qui clament que cela est une pratique courante.  Le cas de la fête de Noël est trop particulier pour servir une telle démonstration.  Noël est devenue, depuis plus d’un siècle, une fête pour l’humanité toute entière, et nulle administration ou organisme public ou privé ne serait avisé de réunir un conseil régulier le 24 ou le 25 décembre: cela est une réalité dont je me réjouis à plus d’un titre, car Noël devient ainsi un jour de paix et de joie pour tous, et de recueillement pour ceux pour qui elle est une fête religieuse importante.

Les fêtes statutaires sont définies par la loi et de très nombreuses fêtes religieuses, importantes pour leurs communautés, ne constituent pas des fêtes légales. Cela n’a rien d’une déclaration antireligieuse et encore moins antisémite. Le combat contre l’antisémitisme est pour moi une vigilance de tous les instants. Que certains politiciens lient mes propos à une attitude antisémite ferait rire si le sujet n’était pas sérieux et, je le comprends bien, chargé de beaucoup d’émotion. Hélas! L’hypocrisie et la légèreté dans l’analyse et l’expression des opinions démagogiques a depuis bien longtemps envahi le champ politique, et au vu du bruit qu’une déclaration aussi simple que la mienne a provoqué, indique que la démagogie et l’utilisation des religions à des fins politiques ont un grand avenir  devant elles.

Pour ma part, au lieu de me laisser entraîner dans une discussion inutile et sans objet, je continue de considérer, comme je le fais depuis toujours, que le temps passé au service des communautés dont j’ai la charge est précieux et doit être régi par des lois et des règlements clairs afin que tout citoyen sache quand un congé est légal et une absence légitime. Pour le reste, je résisterai toujours à ceux qui font des religions un fonds de commerce et en utilisent  les ressources pour combattre leurs adversaires politiques. Et là, j’en ai conscience, j’ai beaucoup de travail et bien peu de temps pour le reste. »

Par Anie Samson, Maire de l’arrondissement  Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension 

Atlas.Mtl du 25-10 au 07-11 
Rubriques : Actualités, Société Mots-clés : , , ,
© 2002 - 2017 Atlas Media. Tous droits réservés.
Propulsé par Noordev Technologies inc