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Retour sur l’affaire du jeune Algérien tué par des convoyeurs de fonds à Montréal

Massinissa Kaddour

Massinissa Kaddour

Des convoyeurs de fonds de la compagnie Garda ont tué Un jeune Algérien, Massinissa Kaddour, la nuit du 31 janvier au 1er février dernier alors qu’il se trouvait à la sortie d’un café mitoyen d’une banque à Longueuil dans la banlieue sud de Montréal. Habitué de ce café, le jeune homme de 32 ans, aurait eu une altercation avec les convoyeurs qui n’ont pas hésité à l’abattre de deux balles dans le dos, selon son entourage.

La police qui a « sourcé» les médias a fait état d’une tentative de vol qui a mal tourné. Une thèse qui est très peu probable puisque Massinissa Kaddour n’est pas connu  des services de police, n’a aucun casier judiciaire et n’était pas armé au moment du drame. Issu d’une famille aisés, Massinissa Kaddour avait même fait acquisition d’une voiture récemment.

Sa famille veut laver la réputation de ce fils de 32 ans arrivé au Canada à l’âge de 14 ans. « Mon frère n’est pas un voleur. Les médias souillent sa mémoire et portent atteinte à la réputation de notre famille en affirmant qu’il a été tué au cours  d’un vol qui a mal tourné. Pourquoi nous n’entendons que la version de la police et des agents qui ont tué mon frère ? Pourquoi les médias ne nous ont pas  contactés ?», me dit Mohamed Kaddour, le frère de Massinissa. Il vient juste de rentrer d’Algérie où la victime a été enterrée dans son village natal de Takourabt (Bejaia).

« Mon frère ne ferait pas de mal à une mouche. Il n’a aucun antécédent judiciaire et n’est pas connu des services de police. Comment peut-on s’attaquer à un convoi de transport de fonds, les mains nues ?», ajoute cet entrepreneur et homme d’affaires vivant au Québec.

« Le guichet automatique est en face de la maison familiale. C’est à cette banque qu’il va chercher son argent. C’est aussi à côté du café Tim Hortons dont il était un habitué.Qu’est-ce qui s’est passé ce soir ? Nous demandons que toute la lumière soit faite et que la vérité sorte. Mon frère ne manquait de rien. Il avait même acheté une voiture récemment»,explique Mohamed Kaddour.

« La police de Longueuil ne nous a rien dit jusqu’à maintenant sur ce qui s’est passé. Nous avons nous même remué ciel et terre pour le retrouver la nuit du drame. A l’hôpital Pierre Boucher de Longueuil, nous avons été traités comme des sauvages. Aucun égard pour ma mère. Mensonge après mensonge et à la fin ils nous ont mis dans une chambre, une sorte de remise .», ajoute-t-il.

La mort de Massinissa n’a pas livré tous ses secrets. Mais une vidéo postée sur youtube montre les derniers moments de la vie du jeune homme. On y voit les les policiers en train de lui appliquer les manœuvres de réanimation avant son transport à l’hôpital Pierre Boucher de Longueuil où sa mort a été déclarée.

La scène se passe à côté de la succursale de la banque d’où sortaient les convoyeurs de fonds de la compagnie Garda qui l’ont tué. On y entend les échanges radio entre policiers. Ces derniers semblent adhérer totalement à la thèse des convoyeurs de fonds qui affirment qu’ils ont été attaqués par la victime qui voulait voler l’argent qu’ils devait transporter.

Pas facile d’adhérer à cette thèse. Il faudra que Garda le prouve hors de tout doute. Car comment se peut-il qu’une personne sans problème et qui n’est pas dans le besoin puisqu’issu d’une famille suffisamment à l’aise pour faire face à n’importe quel éventuel caprice, puisse tenter un tel vol à mains nues ?

Tout ceci à quelques centimètres du café Tim Hortons qu’il fréquentait depuis longtemps.  Un café où tout le monde le connaît et où il était attablé quelques minutes avant le drame.

Enquête publique

La communauté ne devrait pas se suffire d’une enquête policière de routine. Vu la rapidité avec laquelle la police de Longueuil a conclu au vol qui a mal tourné, thèse aussitôt reprise et répandue par les médias, on est en droit de dire que ce service a du pain sur la planche pour redorer son image avec la communauté et rétablir la confiance.

La facilité avec laquelle la réputation de toute une famille et de la victime a été entachée doit être dénoncée. Justice doit être rendue au nom de la victime et des citoyens qui sont en droit de demander à être protégés des bavures de ceux qui détiennent des permis de port d’armes.

Il faudra mettre toute la pression sur les politiciens pour qu’une enquête publique soit lancée afin que la vérité toute la vérité sur cette affaire soit connue.

Samir Ben (El Watan 14-02-2014)

 

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