Commentaires fermés sur Projet de charte des «valeurs québécoises». Une crise de perception

Projet de charte des «valeurs québécoises». Une crise de perception

Projet de charte des «valeurs québécoises». Une crise de perception

Issam Eddine Rzik

Pour tout vous dire, j’ai l’impression que ce débat sur le projet de charte des valeurs québécoises ne nous mènera nulle part, tout comme en 2007 suite à la polémique entourant les accommodements raisonnables. Soit dit en passant, la commission Bouchard-Taylor qui a suivi cette période a démontré qu’il s’agissait bien d’une crise de perceptions plutôt que d’un réel problème de société. Les travaux ont également permis de constater qu’«aucune hausse importante ou soudaine des ajustements ou des accommodements consentis dans les institutions publiques ». « L’analyse du débat a montré que 55% des cas recensés durant les 22 dernières années (soit 40 sur 73) ont été portés à l’attention publique durant la seule période allant de mars 2006 à juin 2007. »

Pire encore et je ne fais que citer les propos du rapport de la commission mené par le gouvernement du Québec lui-même : « L’enquête menée sur les cas les plus médiatisés durant cette période d’ébullition révèle que, dans 15 cas sur 21, il existait des distorsions importantes entre les perceptions générales de la population et la réalité des faits telle que nous avons pu la reconstituer ».

Quand le rapport de la commission mené par le gouvernement mentionne clairement que l’emballement médiatique et que les rumeurs ont contribué à attiser la crise de perceptions, je crois, Monsieur Drainville et Madame Marois, que nous n’avons pas lu le même rapport, mais surtout, que vous souhaitez instaurer une nouvelle charte des valeurs québécoises qui s’adresserait à un pourcentage négligeable de la population et qui contribuera plutôt à creuser des écarts entre les différentes communautés culturelles au Québec. Vous êtes en train de diviser la nation, plutôt que de la réunir. On parle de cas isolés et vous les généraliser à la population entière, contribuant ainsi à creuser un fossé de méfiance, d’insécurité et de peur. C’est complètement démagogue ! Je n’ai jamais eu aussi honte de mon gouvernement, qui devrait normalement nous représenter… Vous détournez les vrais problèmes de la société vers le même débat sans fin qui fait reculer le Québec. Ne serait-ce que la corruption, l’économie, l’exploitation des ressources naturelles, le système de santé et j’en passe. Peut-on trouver des solutions à des vrais problèmes, plutôt que de perdre notre temps sur des futilités qui nous divisent ? S’attaquer à des libertés de conscience c’est aller à l’encontre de la charte des droits et libertés.

« Toute personne est titulaire des libertés fondamentales telles la liberté de conscience, la liberté de religion, la liberté d’opinion, la liberté d’expression, la liberté de réunion pacifique et la liberté d’association. » – charte des droits et libertés de la personne

À vrai dire, j’ai l’intime conviction que ma génération et celles qui les suivent sont ouvertes d’esprit sur le monde qui les entoure, chaleureuses, accueillantes et unies dans le respect de chaque être humain sans égard à leur religion, leur origine raciale ou ethnique. Nous avons grandi ensemble ce qui nous a permis d’apprendre à nous connaître, à échanger, à comprendre nos différences et exploiter nos forces. Des liens se sont tissés, des barrières sont tombées, des amitiés se sont développés, puisqu’en réalité ce qui fait la crainte c’est la peur de l’inconnu. Parce que pour nous, être juif, musulman, chrétien, bouddhiste, témoins de Jéhovah ou peu importe la conviction religieuse n’affecte en rien notre perception de l’autre, si ce n’est qu’elle forge une personnalité qui lui est propre. J’ai l’intime conviction que ce qui fait la richesse du Canada et du Québec, c’est sa diversité culturelle comme on en trouve nulle part ailleurs et qui propose une conception du monde basée sur le respect des pluralités. J’ai l’intime conviction que ma génération est celle qui contribuera à rendre le Québec de demain meilleur. J’ai l’intime conviction qu’il ne s’agit pas des uns vs les autres, mais bien de NOUS.

“I know where I’m going and I know the truth, and I don’t have to be what you want me to be. I’m free to be what I want.” – Muhammad Ali

Issam Eddine Rzik

PharmD, Université de Montréal

 

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