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La HACA ne valide pas les nouveaux cahiers des charges et les renvoie au chef du gouvernement marocain

Selon des informations obtenues par « Libération », la Haute Autorité de la communication audiovisuelle, HACA, n’a pas validé les nouveaux cahiers des charges du pôle public sur lesquels avait planché, session de rattrapage, la commission Benabdallah.
Mercredi 11 septembre, les Sages ont tenu leur toute dernière réunion consacrée à l’examen des cahiers des charges des médias audiovisuels publics et décidé d’envoyer leurs remarques et amendements en la matière au chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane.
On le sait,  les gardiens du temple audiovisuel décortiquent depuis près d’un mois les nouveaux cahiers revus et (légèrement) corrigés par la commission ministérielle présidée par Nabil Benabdallah. De longues heures de réunions et des débats profonds ont permis aux Sages d’avoir une vision claire quant à la conception des médias publics en tant que miroir de la société.
Les cahiers des charges qui leur ont été officiellement transmis pour examen et validation par le patron de l’Exécutif ne sont donc pas passés comme une lettre à la poste. La HACA a fonctionné comme une institution de régulation, à tous les niveaux.
Sur la question des grands principes, les Sages n’ont pas tergiversé. La question de l’indépendance éditoriale des télévisions et radios publiques a été érigée au rang de principe. Autre principe qu’ils ont tenu à  ajouter à  la copie des cahiers des  charges qui leur a été soumise, celle du nécessaire respect du pluralisme politique dans les médias du pôle public tel qu’édicté par la HACA. Ce qui signifie en clair que  pour ses passages à la télévision, le chef du gouvernement doit se soumettre aux
règles  et aux quotas imposés aux partis politiques et syndicats.
Sur le volet des émissions dédiées à la religion, la HACA n’a pas donné non plus sa totale imprimatur. Il a été expressément demandé au gouvernement de supprimer le mot « Ijtihad » dans sa copie, ni la télévision ni la radio ne sont des espaces réservés à l’exercice de l’Ijtihad. Par contre, et toujours sur le même registre, les Sages ont proposé que distinction soit faite entre émissions religieuses didactiques et émissions de dialogue et de débat relatives à  la  pensée en matière de religion.
Pas question non plus pour ceux et celles de la HACA de la présence systématique  d’un homme de religion dans les émissions pour la jeunesse où il sera fait appel, plus largement, à des experts.
Autre surprise de taille et désaveu d’une politique gouvernementale, la HACA a réhabilité la publicité des jeux de hasard, notamment le kéno. Le principal argument invoqué ici, ce qui n’est pas interdit par le législateur et la loi ne peut pas l’être par des cahiers des charges  relatifs aux médias publics. Ce que la commission « Benabdallah » n’a pas osé faire, les Sages l’ont fait au nom de la séparation des genres.
Sur la question de l’amazigh, les Sages sont encore allés plus loin que l’Exécutif en s’interdisant de faire de l’amazighité un ghetto.  Selon l’amendement apporté par l’autorité de régulation, la langue amazighe devra être présente sur toutes les chaînes de télévision et de radios publiques (y compris par exemple Chaîne Inter). De la même manière, le journal télévisé en langue arabe sera diffusé sur la chaîne amazighe.
L’encouragement de la production audiovisuelle nationale a été également au cœur des amendements opérés par la Haute Autorité. La libre création fait figure de principe chez les Sages qui ont demandé la suppression de la commission de sélection des productions nationales que prévoyaient les cahiers des charges du gouvernement.  « Une affaire interne des télévisions », ont-ils probablement estimé.
Si la Haute Autorité de la communication audiovisuelle a fonctionné en institution constitutionnelle et non pas en caisse de résonance de l’Exécutif, les Sages n’ont-ils pas placé la barre trop haut comme en exigeant des télévisions un quota de productions nationales annuelles, à compter de 2012 ? La question ne manquera pas de se poser dans les tout prochains jours.
Depuis vendredi 14 septembre, Abdelilah Benkirane, le chef du gouvernement, a entre les mains les cahiers des charges amendés par la HACA. Que fera le gouvernement et quelle sera sa réaction? A-t-il intérêt à alimenter une polémique qui n’a que trop duré ? Personne ne le sait encore. Ce qui est par contre sûr c’est que les cahiers des charges d’Al Oula, 2M et des radios publiques n’entreront en vigueur qu’après la validation des Sages.
Source: libe.ma
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