Ce sont un peu plus de 15,5 % des électeurs inscrits qui ont exercé leur droit de citoyen lors de la période de vote anticipé au titre du scrutin pour les élections législatives Québécoises 2012.
Le chiffre est impressionnant. Il prélude sans doute un taux de participation élevé, sinon un taux record, tranchant ainsi nettement avec la contre-performance civique de l’année 2008.
Les diverses initiatives de la Direction Générale d’Élection Québec – notamment une intense campagne publicitaire – prises pour appeler le Québécois aux urnes sont sans doute pour quelque chose dans ce regain de ferveur citoyenne, mais elles ne l’expliquent pas en totalité. Et il faut donc bien croire que c’est l’incertitude sur l’issue de la course avec, autre chiffre remarquable, environ 20 % d’inscrits qui, à moins de huit jours du scrutin, n’avaient pas encore fait leur choix- qui en est le principal facteur. Car jamais depuis bien longtemps les analystes n’ont eu autant de mal à «lire» la scène politique et à saisir tendances et intentions de vote. Les commentateurs de tous bords en ont (presque) été réduits à nous livrer des impressions plus que des analyses.
Moins cyniques qu’on a bien voulu nous le faire croire, les électeurs ont compris que chaque siège, perdu ou gagné par tel parti politique ou tel autre, peut modifier le résultat final; Ils ont compris que chaque vote peut faire la différence et, en majorité, ils veulent sans doute montrer qu’ils ne veulent pas que la différence se fasse sans eux, sans leur participation.
Comment les communautés culturelles – en particulier, la communauté Québécoise des originaires du Maghreb – se situent-elles dans cette dynamique?
Nous nous posions déjà cette question dans notre précédente édition dans les termes suivants «Elle (la communauté québéco-maghrébine) est forte aujourd’hui de quelques trois cent mille âmes. Elle a atteint ainsi une masse démographique critique. Le plus clair de cet effectif s’est installé au pays entre 1995 et 2004-2005. Assez longtemps donc pour avoir accédé à la citoyenneté; assez également pour que la masse démographique critique puisse se transformer en masse civique critique.
Dans leur majorité, les Québécois originaires du Maghreb ont, dans leurs pays d’origine, bénéficié d’une éducation civique et développé une conscience politique. Dans leurs habitudes de vote, sachant que les taux de participation dans toutes les consultations électorales de par le monde observent des cycles vraisemblablement universels, ils se sont toujours situés dans la juste moyenne. Ainsi, lorsque partout, en Europe, en Afrique ou aux Amériques, les performances atteignaient difficilement les 40 %, ils se situaient à ces niveaux; à l’inverse, lorsqu’à travers le monde on allait vers les 70 %, ils en étaient aussi.»
La règle ainsi édictée sera-t-elle observée ? Oui si l’on en croit un certain nombre de signes de piste. Certes sous l’angle de l’éligibilité, on reste dans les proportions modestes avec une demi-douzaine de candidates et candidats, souvent atypiques par ailleurs, mais également répartis entre Libéraux, Péquistes et Sans-partis. Mais, nouveauté, à Montréal (à Gatineau, Québec et Sherbrooke aussi), plusieurs dizaines de bénévoles, jeunes et moins jeunes, n’ont pas hésité à s’investir dans les équipes électorales de différent candidats, soutenant différentes formations politiques y compris la CAQ et Québec Solidaire.
L’engagement politique étant ainsi démontré, nous ne serions nullement étonné de voir, mardi 4 septembre 2012, émerger un engagement citoyen qui ne se traduit jamais mieux que par l’acte de voter.
Participation et bénéfice collectif
Cette tendance, sensible et perceptible, est-elle généralisée ? Peut-être bien, mais comme en la matière, on n’en fait jamais trop, peut-être faut-il rappeler sans cesse et sans cesse ce que voter – au-delà de la satisfaction du devoir accompli – peut signifier.
On ne sait pas suffisamment en effet que dès le lendemain du vote tous les partis politiques de la place vont se pencher sur l’analyse des listes électorales. Ils s’intéresseront notamment, circonscription par circonscription, aux noms patronymiques de ceux qui auront voté. Exercice imparfait, ce travail permettra tant aux élus qu’à ceux auxquels les urnes n’auront pas été favorables, de savoir quels groupes spécifiques d’électeurs mériteront leur attention durant les quatre ou cinq années à venir, de qui ils devront écouter les revendications et qui ils pourront négliger sans trop de risque…
Allez donc voter.
Comment voter?
Selon votre conscience et votre perception de l’avenir du Québec; selon vos convictions où selon vos intérêts; et selon ce que vous souhaitez léguer comme société à vos descendants. «Quand à nous, nous n’avons pas – contrairement à ce que prétendent certains de nos contempteurs – nous n’avons pas de consigne de vote à donner ni de positionnement à suggérer. Cela ne nous empêche pas, dans les pages suivantes, d’apporter, dans différents articles et entretiens, des éclairages qui pourront aider à l’expression, libre, des choix de nos lecteurs.», écrivions-nous il y a quinze jours; Persistons et signons…
Abdelghani Dades: (Edito Atlas.Mtl 188 du 30 août au 13 septembre 2012)