Des transformations majeures sont en cours au sein du ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles (MICC) depuis quelques mois déjà, dans le but de «moderniser le processus de sélection » des immigrants et d’en arriver à un «retour à l’équilibre budgétaire 2013-2014», selon des recommandations du dernier rapport du Vérificateur général du Québec.
Plusieurs bureaux d’immigration du Québec (BIQ) à l’étranger ont vu leurs portes fermer au mois de mars dernier, dont ceux de São Paulo et de Vienne. Leurs opérations ont été rapatriées à Montréal pour en arriver à une «modernisation des processus de sélection qui mise notamment sur le recours accru aux nouvelles technologies de l’information et des communications», selon un rapport du MICC.
Depuis les années 1980, les BIQ servent de premières instances dans l’analyse des dossiers des candidats à l’immigration. À partir de maintenant, la première étape du processus de sélection des nouveaux arrivants se fera de manière entièrement informatisée.
Le vice-président du bureau régional Montréal-Laval du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ), Jean-François Sylvestre, croit que ces nouvelles procédures alourdiront le processus. «Avec les bureaux d’immigration du Québec, il y a une présélection et toute la documentation est examinée en détail avec les candidats et l’agent du gouvernement, explique-t-il. Ces changements vont complexifier les demandes parce que si la documentation n’est pas complète, les demandeurs vont devoir recommencer le processus encore une fois, ce qui va rendre la chose encore plus longue. En rapatriant les postes, il n’y a plus personne qui fera un travail d’analyse et il y aura beaucoup plus de refus.»
Le syndicat s’inquiète aussi de cette présélection qui donnera la priorité aux candidats équipés des meilleurs outils informatiques. Selon son vice-président, ces nouvelles procédures vont «déshumaniser» le service actuellement offert. «Il y aura des points de services, mais ça peut devenir l’équivalent d’un guichet automatique», dit-il.
Le ministère n’accueillera plus les nouveaux arrivants
À compter des prochains mois, le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles lèguera son mandat d’accueillir les nouveaux arrivants à des organismes externes. Il y a actuellement un dialogue de sourds entre le syndicat et le ministère, qui n’a pas voulu révéler qui seront ces nouveaux «partenaires» qui donneront bientôt les séances de premières démarches.
Selon le site internet du SFPQ, «le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles débourse actuellement 67,50 $ pour une séance de 3 heures, soit le salaire d’une ou d’un employé affecté à cette tâche. À compter de juillet prochain, la facture pour la même séance en sous-traitance sera de 300 $», soit quatre fois plus cher. Le ministère n’a pas pu répondre sur à cette question, expliquant que le projet est prématuré et que plusieurs aspects sont en cours d’évaluation, notamment les coûts qui y sont reliés.
Un recul du français?
Le Syndicat de la fonction publique du Québec a mis la main récemment sur d’autres documents qui expliquent que les organismes partenaires offriront des séances de premières démarches aux nouveaux arrivants dans la langue de leur choix. «Dans la fonction publique, on doit normalement accueillir les immigrants en français, précise Jean-François Sylvestre. Les partenaires vont accueillir les immigrants dans plusieurs langues. Ça va faire reculer le français au Québec.»
Il s’inquiète aussi du sort des employés qui seront affectés et ne sait pas encore si des postes au ministère de l’Immigration seront abolis étant donné «le contexte connu de la réduction de la taille de l’État», tel qu’écrit dans un document officiel portant entre autres sur cette réorganisation des opérations en matière d’immigration.
Les séances de premières démarches sont données par les agents du MICC dans les cinq jours ouvrables qui suivent l’arrivée au Québec des nouveaux arrivants. Elles consistent notamment en des séances d’information sur l’assurance maladie, l’inscription à des cours de français, et les moyens de se trouver un logement. Elles ont aussi comme mission d’apprendre aux nouveaux arrivants les valeurs communes au Québec.
30/04/2012, Caroline Lévesque
Source : Le Huffington Post Québec