0

Si 2017 nous était conté…

Si 2017 nous était conté…Nous nous étions promis, en ces temps de fête, de nous inscrire dans l’atmosphère générale, de faire un numéro au contenu léger et de mettre l’accent – le cas échéant – sur les bonnes nouvelles.

Cette gageure n’a pas été relevée. Car, deux faits vont venus troubler nos projets. Successivement, le Centre communautaire de Montréal Nord abritant la mosquée Nour al Islam de Montréal Nord et Centre culturel musulman de Sept-Îles, ont-ils été visés par des tentatives d’incendies criminels.

L’esprit libre, malgré les incidents de parcours…

Disons-le de suite : cela ne suffira pas, contrairement à d’aucuns de nos confrères dans d’autres espaces, à nous faire verser dans l’hystérie. Non nous ne crierons pas au loup et la psychose n’envahira pas nos esprits.

N’empêche; ces deux incidents – qui font suite à de nombreux autres du même genre – ont sur nos esprits l’effet que peut avoir sur un corps humains celui d’une lésion urticante : bénigne, mais persistante, elle dérange et empêche toute sérénité. Le malaise, lancinant, finit par ramener en pensée  d’autres faits et d’autres idées qui aggravent l’inconfort.

Les signes d’intolérance (voir notre éditorial; numéro 292) qui se font jour au pays sont de celles-là. Des signes d’intolérance qui ne sont pas nouveaux sous le soleil. Ils sont récurrents par chez nous; ils ont toujours existé d’ailleurs et parsèment l’histoire de l’humanité. L’histoire du Moyen âge en foisonne. Et même la Renaissance. Les temps modernes également.  Avec les mêmes acteurs, majorités contre minorités; les mêmes effets et les mêmes causes.

Ibn Rochd al Kortobi, plus communément appelé Averroès, médecin, philosophe, sociologue avant terme aussi, le constatait déjà en son temps, au XIIème siècle, dans une Andalousie que l’on décrit encore comme un modèle de vivre ensemble. «De l’ignorance naît la peur, de la peur naît la haine, et de la haine naît la violence» disait-il, devant le refus de la différence, de ce qu’on appelle aujourd’hui la diversité. Particulièrement lorsque à la source d’une situation se trouvait une question de religion; de croyances que – comme Maimonide à la même pour le judaïsme, et Thomas d’Aquin quelques décennies plus tard pour le christianisme – il appelait à pratiquer à l’aune de la raison.

La sagesse en partage

C’est cette sagesse que nous voulons partager avec l’ensemble de nos concitoyens; de toutes origines et de toutes confessions. Combattre l’ignorance pour éviter nous épargner tous, la peur, la haine et – à Dieu ne plaise! – la violence.

Comment? Cette question nous remet en mémoire une suggestion, vieille d’une quinzaine d’années maintenant, d’un cadre supérieur de ce qui est aujourd’hui le MIDI. Constatant l’écart énorme existant entre le potentiel du segment de population qui est le notre et sa situation socioéconomique, cette responsable nous disait «Votre communauté a besoin d’un bon relationniste». Se faire connaitre, dire qui nous sommes et ce que nous pouvons faire pour l’intérêt général de la société dans laquelle nous vivons et évoluons est effectivement le meilleur moyen de combattre l’ignorance mère de tous les maux. Agir pour éviter que la méfiance s’installe, échanger et communiquer donc; avec la conviction que nos problèmes d’inclusion sont forcément solubles dans une citoyenneté partagée et assumée.

C’est donc là le rôle que nous avons assigné au groupe Atlas media et à son produit-phare le journal Atlas.Mtl.

Et Atlas.Mtl dans tout cela?

Depuis sa première parution, le 15 mai 2003, le journal inscrit 293 éditions à son compte. Cela fait donc 11 720 pages (443 volumes de 250 pages; de quoi meubler une bibliothèque!), près de 9000 articles dans lesquels nous disons qui nous sommes, comment nous voyons les choses, ce que nous pouvons faire (sachant que la somme des intérêts communautaires ne représente pas la somme exacte des intérêts collectifs) pour nous-mêmes et pour la collectivité dans son ensemble.

Pour la seule année 2016, ce sont 24 numéros qui ont été produits; soit près de 1000 pages et presque autant d’articles dont beaucoup à teneur didactique sociale.

L’écrit n’est par ailleurs pas notre seul mode d’intervention. L’événementiel fait partie de cet arsenal pacifique armant notre volonté d’engagement citoyen. L’Iftar du dialogue 2016, avec ses 400 participants, co-présidé par Mme Rita De Santis et M. Denis Coderre, dont les fonctions sont de ce point de vue symboliques, en fait partie. La célébration, qui a réuni 30 000 personnes, de la Fête nationale du Maroc aussi; dans la mesure où elle représentait un hymne à notre identité «métissée serrée» (merci de l’avoir dit Boucar Diouf), mêlant deux cultures et deux héritages dans une même citoyenneté, utile et fructueuse.

De même, nous avons tenté rallier l’ensemble de ceux qui ont les capacités de donner un véritable élan au message de notre communauté, en rendant hommage à 14 média montréalais et québécois à référentiel maghrébin; un hommage auquel la Ville de Montréal à souscrit en les invitant à signer son livre d’or.

Nous avons également participé à de nombreuses activités, soutenu de nombreuses associations, mené de nombreuses campagnes d’intérêt collectif et avons ainsi fait de Atlas media et Atlas.Mtl des outils – auxquels les seules limites sont celles de nos moyens matériels – d’intégration, d’inclusion; des espaces de rencontres et d’échange.

Voilà pour le bilan quantitatif; pour le bilan qualitatif, nous laissons à chacun le soin de l’évaluer. Mais sachez aussi que nous continuerons, en 2017, comme en 2016 et comme depuis 2003, à faire, à faire bien, ce que nous dicte notre conscience et notre souci de l’intérêt et du futur commun.

Et pour conclure, nos meilleurs vœux à tous et à chacun…

Abdelghani Dades (Edito: Atlas.Mtl 293 du 29-12-2016 au 11-01-2017)

 

Rubriques : Édito Mots-clés : 
© 2002 - 2017 Atlas Media. Tous droits réservés.
Propulsé par Noordev Technologies inc