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Entretien avec François Legault. La Coalition Avenir Québec à cœur ouvert…

Entretien avec François Legault. La Coalition Avenir Québec à cœur ouvert…

M François Legault, chef de la coalition Avenir Québec répond au question de notre confrère Wahid Mgherbi

Le chef de la CAQ, François Legault Un sondage Léger commandé par la Coalition Avenir Québec (CAQ) et dévoilé dimanche 3 avril 2016,  indique que les Québécois portent un jugement sévère sur la dernière décennie d’action politique.

Dans les dix dernières années, les gens estiment que le temps d’attente dans les urgences a augmenté (54 %) ; que la qualité des services offerts dans les écoles s’est détériorée (61 %) ; que la situation économique du Québec a subi le même sort (68 %) ; que les impôts et les taxes ont augmenté plus vite que les revenus (69 %) ; et que la situation de la langue française s’est détériorée (51 %). Au final, moins de 10 % des répondants ont vu des améliorations quelque part.

Pour le chef de la CAQ, François Legault, qui multiplie depuis les sorties politiques, c’est la preuve que la « dernière décennie a été un véritable gâchis sur le plan politique ». Il remarque que, malgré ce bilan négatif, le Parti libéral du Québec continue de mener dans les sondages. « C’est pour une seule raison, dit-il : la question nationale. Et c’est notre défi, à la CAQ, de dire à la population qu’il y a une autre alternative constitutionnelle que celles du Parti québécois et des libéraux, si on veut briser le monopole libéral sur le pouvoir», dit-il. Atlas.Mtl l’a rencontré pour aller encore plus dans le détail de ces positions avec, bien sûr, un accent particulier sur les questions migratoires.

Entrevue réalisée par  Wahid  Megherbi 

Wahid  Megherbi : Avant d’entrer dans les détails, voulez-vous nous rappeler les questions que la CAQ place aux premiers rangs de ses préoccupations et priorités?

François Legault : Nos principales priorités sont l’éducation, l’économie, l’Immigration et l’Intégrité.

A la CAQ, nous proposons d’investir davantage en éducation, entre autre, pour que toutes les écoles du Québec soient ouvertes de 9H du matin jusqu’ à 17H. On propose, également, d’ajouter une heure à 1 heure et demie par jour pour faire du Sport, des Arts et de l’Aide aux devoirs.

Deuxièmement, il est dans nos objectifs de créer des emplois de qualité. Cela passe en particulier par l’éducation mais  à court terme, on pense qu’il faut réduire le fardeau fiscal, réduire les impôts de la classe moyenne.

Pour le volet de l’Immigration, de l’Intégration et de la Protection de la  langue française, ce que nous souhaitons, c’est un projet à l’intérieur du Canada où le Québec obtiendrait plus de pouvoirs en matière d’immigration et de langue pour, essentiellement, protéger la langue française qui sera toujours vulnérable en Amérique du Nord mais, aussi, une meilleure intégration des nouveaux arrivants.

Il est inacceptable que le taux de chômage soit le double, chez les immigrants, de la moyenne québécoise. C’est, également, inacceptable, qu’un grand nombre d’immigrants ne parlent pas français. On a besoin de récupérer certains pouvoirs tout en restant à l’intérieur de l’ensemble canadien. Nous n’avons pas de projet souverainiste.

La 4ème  priorité, c’est l’Intégrité. Nous devons lutter contre cette espèce de monopole du parti libéral du Québec, qui depuis, trop longtemps, est  au pouvoir. Ce parti se rapproche, de plus en plus, des mauvaises façons de faire qu’on ne veut pas au Québec.

Vous avez cité, précédemment,  les 3 actions principales pour donner un nouvel élan au monde de l’éducation. Pour cela,  il faut lui allouer un budget conséquent. Mais comment financer ce volet ?

Si on regarde le budget de cette année, nous avons 2 milliards de $ de surplus. Le gouvernement a fait le choix de mettre cette somme en entier pour rembourser le fardeau de la dette. À la CAQ, on pense qu’actuellement il y avoir deux priorités : réduire les impôts et investir en éducation.

Une importante partie des 2 milliards aurait du être utilisée pour investir en éducation et pour réduire les impôts des Québécois. C’est comme ça que l’on va stimuler l’économie québécoise. Ce qui est important à moyen terme, c’est de réduire la dette en pourcentage du PIB.

Il ne faut pas, uniquement, agir sur le volet dette mais il faudrait agir ainsi sur l’économie qui ne croit pas à un rythme assez élevé. Actuellement, l’économie du Québec croit à la moitié de la vitesse de celle de l’Ontario.

Que préconisez-vous comme actions pour apporter des solutions à la vétusté de nombreuses écoles au Québec ?

Selon un inventaire qui a été fait, il faudrait 3 milliards de $ d’immobilisation pour mettre à niveau les écoles du Québec. Le gouvernement libéral  du Québec a annoncé  seulement 500 millions de $ sur plusieurs années. Cela ne sera pas suffisant. C’est inacceptable qu’en 2016 dans une société moderne, on demande à des enfants de fréquenter des écoles qui présentent des risques pour leur santé. Il faut investir dans nos écoles. Cela est urgent.

Votre seconde priorité c’est l’économie. Qu’est ce qui vous différencie du PLQ en cette matière ?

Il faut faire le bilan du gouvernement Couillard des deux dernières années. Les augmentations de tarifs sont en contravention avec les promesses électorales. Entre les augmentations des tarifs de garde, d’électricité, des taxes scolaires et taxes sur l’essence, nous avons calculé qu’il y avait 1200 $ d’augmentation annuelle par famille. Autrement dit, après 2 ans de régime libéral, les familles québécoises ont 1200 $ de moins dans leurs poches chaque année. C’est un montant net. Nous proposons une diminution de la taxe santé  de 50 $ et une réduction des tarifs de garde pour le 2ème  enfant.

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Dans les milieux d’opposition on affirme que ces augmentations n’étaient pas prévues dans le programme électoral du PLQ. Qu’en dites-vous ?

Lors de la dernière campagne électorale M. Couillard s’était engagé  à ne pas augmenter les tarifs de garde, il les a augmentés. Il s’était engagé à ne pas augmenter les tarifs d’électricité, il les a augmentés. Il s’était engagé à remettre l’argent des taxes scolaires de l’année précédente. Il a augmenté ces taxes.

Ce sont toutes là des promesses rompues par Monsieur Couillard.

Dans votre programme, vous préconisez une relance de la consommation. Comment cela peut- il être possible si les gens ont moins d’argent ?

Il faudrait réduire les impôts de la classe moyenne. Il faut au effacer les  1200 $ d’augmentation que les familles québécoises endurent depuis 2 ans et ceci dans le but de réduire leur fardeau fiscal et leur donner, ainsi, une marge de manœuvre pour consommer. Vous savez bien que 60 % de l’économie, c’est la consommation.

L’immigration et la langue française sont partie de votre 3ème  priorité. Pouvez-vous nous éclairer davantage là-dessus ?

Nous sommes une société unique en Amérique du Nord. Nous sommes un peuple qui parle français dans une mer d’anglophones. Pour moi, c’est important de préserver, à long terme, ce caractère particulier. Cela fait partie de nos valeurs, de ce  que l’on est.

Je suis toujours heureux de voir les nouveaux immigrants maîtriser cette langue et voir d’autres prendre l’initiative de l’apprendre Si on veut mieux intégrer les nouveaux arrivants dans  notre  société francophone , il faut augmenter les budgets alloués pour cette cause .Cela leur permettra de mieux évoluer dans le monde du travail et de trouver , ainsi, un bon emploi.

Vous avez dit qu’il n’était pas nécessaire de se séparer du Canada pour protéger la langue française. Qu’est-ce à dire au juste ? 

On doit bien expliquer que le parti québécois, les souverainistes n’ont pas le monopole de la protection de la langue française. Il y en ceux qui aiment plus ou moins ce mot et dans certains pays il peut , également , y avoir une certaine connotation mais  nous, nous nous définissons comme  étant des nationalistes qui s’activent pour protéger la nation québécoise qui parle français  tout en restant à l’intérieur du Canada.

Tous les partis politiques font des sondages à l’interne et lorsqu’ on demande aux québécois qu’est-ce que vous préférez : le statu-quo constitutionnel, la séparation du Québec ou un Québec avec plus de pouvoirs mais à l’intérieur du Canada?, la grande majorité des québécois choisissent  la 3ème  option qui est également celle de la CAQ. C’est possible de protéger le français sans être séparatistes.

Immigration : Une priorité et des problèmes

De très nombreux immigrants maîtrisant correctement le français peinent à trouver un emploi. Cela concerne plus particulièrement les Maghrébins qui trônent au palmarès du chômage au Québec. Comment pensez-vous remédier à cette situation ? 

Il est inacceptable que le taux de chômage chez les Maghrébins vivant au Québec soit le double de la moyenne québécoise. Nous préconisons un accompagnement personnalisé  pour chaque demandeur d’emploi via Emploi Québec et une meilleure reconnaissance des diplômes et de l’expérience professionnelle acquis ailleurs.

Nous avons besoin d’avoir des accompagnateurs qui vont suivre chacun des nouveaux immigrants auprès des futurs employeurs. On va s’assurer qu’on élimine carrément cet écart de taux de chômage.

J’en ferai une priorité. Je vous le promets. On va y mettre les ressources nécessaires. Nous avons une proposition d’augmenter les budgets alloués pour solutionner l’épineux problème de la reconnaissance des diplômes obtenus à l’étranger.  Il faut mettre le budget adéquat et pas seulement des paroles.

À moyen terme, ça va être payant pour le gouvernement car si l’on réussit à réduire, de façon substantielle, le taux de chômage chez les immigrants, ces citoyens vont avoir des revenus, vont payer des impôts et vont pouvoir consommer. Nous sommes tous gagnants à mieux intégrer les immigrants.

Vous avez dit que vous étiez pour l’immigration et qu’il fallait mettre plus d’emphase sur une meilleure intégration de ces immigrants plutôt que d’en augmenter le nombre comme le prévoit le gouvernement libéral. Quelle est votre position sur cette  épineuse question ?

D’abord, M. Couillard a dit qu’il voulait augmenter de 20 % par année le nombre d’immigrants dès 2016. Nous pensons que cela n’est  pas réaliste parque nous avons déjà des difficultés à intégrer ceux qui arrivent et qui se trouvent confrontés au problème du chômage en plus d’avoir un trop grand pourcentage parmi les nouveaux arrivants qui ne connaissent pas du tout ou maîtrisent pas bien le français.

Nous sommes pour l’immigration, nous sommes prêts à augmenter le nombre de nouveaux arrivants  à condition de s’occuper d’abord du sort de celles et ceux qui sont déjà installés chez nous.

Il faut reconnaître qu’on a un problème. Le taux de chômage est trop élevé parmi les immigrants  et l’intégration ne se fait pas de façon idéale. M. Couillard  ne veut pas reconnaître qu’il y a un problème. Il refuse d’augmenter les budgets pour l’intégration des immigrants.

On ne peut pas dire qu’on augmente de 20 % le nombre d’immigrants chaque année sans en augmenter les budgets pour  cela. On va seulement  accentuer les problèmes  déjà existants .Commençons par mieux investir pour mieux intégrer les 50 000 immigrants qu’on reçoit chaque année.

«Solutionnons  d’abord les problèmes  présents»

Vous me disiez avant l’entrevue que vous étiez content de voir les immigrants qui réussissent au Québec et vous me parliez d’actions phares que vous avez l’intention de mettre en pratique une fois que la CAQ arrivera au pouvoir pour favoriser cette intégration. Quelles sont ces actions ?

Ce que l’on voit depuis trop longtemps, c’est le régime des petits amis. Les gens qui ont des postes importants au Québec, ce sont les petits  amis du parti libéral .Je souhaite que les nominations se fassent sur la base de la compétence plutôt que le système des amis.

Il faut que les communautés culturelles soient représentées partout à tous les niveaux de responsabilités, dans les postes clés de la fonction publique et dans les sociétés d’état et, aussi, comme députés, de préférence dans les rangs de la CAQ,  à l’Assemblée Nationale du Québec.

En 2018, on va réserver des comtés dans les régions  prenables pour la CAQ  pour favoriser l’élection de candidats issus de l’immigration .On veut une société inclusive, on veut travailler sur du positif.

Arrêtons de nous déchirer sur la question constitutionnelle. Il faut faire un consensus sur le fait qu’on reste à l’intérieur du Canada et qu’on protège le français.

Nous allons travailler tous  ensemble, sans exclusion aucune, pour faire du Québec une société prospère, fière de ses atouts et qui rayonne partout dans le monde.

Éthique et politique

Certaines personnalités politiques dont l’objet de plusieurs accusations. Quelle est votre position la dessus ? 

Je trouve malheureux ce que l’on vit actuellement; je trouve cela  gênant. On n’a jamais vu ça dans l’histoire du Québec. L’ancien vice premier ministre du gouvernement libéral Mme Normandeau a été arrêté et des accusations contre sa personne émanent de l’UPAC. Des accusations graves de corruption et de trafic d’influence. J’espérais que le Québec soit à l’abri de ce genre de corruption. Il faut être complètement transparent.

Je me suis impliqué en politique par conviction; je suis indépendant financièrement et  comme on dit en québécois, je ne suis pas achetable. A la CAQ, je  vous promets qu’il y a  un mur entre nous et ces affaires. On a besoin  que le Québec soit géré par des gens compétents et transparents et on a besoin d’arrêter ces fameux retours d’ascenseurs avec les petits  amis du parti.

Les Québécois souhaitent un Québec intègre, respectueux de l’argent pour qu’il soit géré d’une manière rigoureuse.

«Les Maghrébins ont leur place au Québec»

La CAQ n’est pas, c’est un fait, assez visible chez les immigrants. Comment présenteriez-vous votre parti pour cette frange de la population québécoise ?

Lorsqu’on regarde la dynamique politique au Québec, les élections provinciales, depuis 40 ans, se jouent sur la question constitutionnelle. Si l’on est fédéralistes, on vote libéral et si l’on est souverainiste, on vote pour le parti québécois. La CAQ n’existe que depuis 4 ans. C’est rien comparé avec  40 ans de polarisation politique de la part des deux partis québécois, le PQ et le PLQ. Il faut expliquer justement  qu’on a besoin au Québec  de mieux protéger notre langue mais que cela peut se faire à l’intérieur du Canada et qu’il y a  une alternative  pour ceux qui veulent rester dans l’ensemble canadien.

Depuis 40 ans il n’y avait pas d’alternative au Québec pour celles et ceux qui souhaitent rester à l’intérieur du Canada.

Je souhaite que lors de l’élection générale de 2018, on fasse un débat en la CAQ et le PLQ  pour déterminer qui a le meilleur programme surtout en économie. On a besoin de se donner les moyens de pouvoir être ambitieux pour avoir les meilleurs programmes sociaux, les meilleures écoles, les meilleurs hôpitaux. Pour cela ça prend un plan économique qui nous donnera les moyens nécessaires pour accomplir cela.

Malheureusement, le Parti libéral n’a pas de plan économique, n’a pas de de plan d’investissement en éducation, n’a pas de vison à long terme pour la société québécoise mais il gagne les élections parque la majorité des québécois veulent rester à l’intérieur du Canada.

Mais là on leur dit qu’ils ont un 2ème  choix, alternatif au PLQ, notre parti la CAQ qui a un ambitieux plan en économie et en éducation.

La communauté maghrébine au Québec est francophone, qualifiée mais elle subit un fort taux de chômage. Quel message lui adresseriez-vous?

C’est beaucoup de travail de démarrer un nouveau parti. Nous sommes heureux, rendus à cette étape, de faire un clin d’œil aux communautés culturelles du Québec. Pourquoi? Parce que nous croyons  fermement que tous ceux qui habitent au Québec  sont Québécois. On a besoin que ces personnes participent activement à la  société québécoise. On a tout à gagner de s’y intéresser pour le bien et de la société québécoise et celui des nouveaux arrivants.

Les nouveaux immigrants  ont beaucoup à apporter pour le Québec et le fait que certaines communautés comme la communauté maghrébine maîtrisent le français, cela est extraordinaire. Les Maghrébins ont toute leur place au Québec. Et on va travailler fort pour cela.

Atlas.Mtl

 

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