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Vivre ensemble. Un colloque pour sortir de la zone grise des non-dits

Vivre ensemble. Un colloque pour sortir de la zone grise des non-ditsLes 21 et 22 novembre 2015, les locaux de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), ont abrité une importante rencontre tenue sous le thème «Vivre ensemble; La place de la religion dans la Cité».

Fruit d’une réflexion de plus de deux ans et d’un travail d’organisation de plusieurs mois, cette initiative du jeune Institut Musulman de Montréal (IMM), soutenu par le Conseil de la Communauté Marocaine à l’Étranger (CCME), ce débat n’a pas été des plus faciles à mettre sur rails.

Il s’agissait en effet, en quelques sortes, de revisiter ce concept de vivre ensemble, qui ressemble de plus en plus à un fourre-tout dans lequel chacun place ce qu’il veut et, en retour, va puiser selon la conjoncture et les besoins, ce qu’il veut. La première question posée par le colloque était dès lors : l’exercice même de cette liberté des choix et des interprétations du concept, ne vident-il pas l’idée de vivre ensemble de son véritable contenu?

On serait tenté de répondre que oui; ne serait-ce que parce que, tout au long de la phase de préparation, chaque fois qu’était évoqué l’un des axes principaux du vivre ensemble, à savoir La place de la religion et éventuellement, le cadre normatif dont on devra un jour ou l’autre doter les pratiques religieuses, un grande frilosité – sinon une certaine nervosité – semblait s’installer et des réticences s’installer.

Les organisateurs ont cependant persisté dans leur intention. En fin de compte, ils ont eu raison de ce faire, puisque bien des choses ont ainsi pu sortir de la zone grise des non-dits et dissiper quelques souffles délétères qui empoissonnent notre climat social.

Cet exercice aura en outre permis aux messages de tous ceux qui agissent, au quotidien, pour prévenir les dérives et les radicalisations – religieuses ou autres –  sans que cela devienne stigmatisant pour une partie de la population.

De la sorte, le colloque, à travers les présentations et réflexions de philosophes, juristes, chercheurs, praticiens et conférenciers reconnus – mais également d’institutions qui ont pour mission d’assurer notre sécurité et qui pour cela se heurtent parfois à bien des incompréhensions – a permis de

–  Dresser un état des lieux en matière de cadre normatif en vigueur, pratiques religieuses et perceptions du fait religieux dans notre société,

–  Apporter un certain nombre d’éclairages sur les différentes formes de radicalisation qui obscurcissent nos horizons et diffuser une information utile sur les moyens mis en œuvre pour en prévenir les effets, notamment violents.

Ainsi a pu être initiée un travail, qui devra être poursuivi est affiné cet effort collectif constant d’introspection, de réflexion mais également d’action, qui permettra, à terme, de finir de malmener – à la faveur de ces remous provoqués autour de cette nuance infime séparant la différence qui inquiète et la diversité qui enrichit – le vivre ensemble, un concept dont, personne n’en doute, nos société et tout particulièrement le Québec, ont un grand besoin.

Autre élément à relever : Organisé par des membres du segment musulman de la population du pays, ce colloque a apporté, accessoirement, une réponse de cette communauté aux nombreuses interpellations qui lui sont adressées et face auxquelles elle est restée jusque là trop silencieuse. En brisant ce silence préjudiciable, les organisateurs comptent mettre fin au mythe de l’inaptitude d’une partie de la population du Québec au vivre ensemble recherché et, surtout, apporter une contribution utile et efficace à la réalisation et à la réussite du plan d’action 2015-2018.

Et pour tout cela, ils méritent d’être salués et remerciés.

Abdelghani Dades (Edito: Atlas,Mtl 267 du 3 au 16 décembre 2015)

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