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Canada. Élections fédérales 2015. Un film de série B ?…

Canada. Élections fédérales 2015. Un film de série B ?...Vous avez sans doute constaté, et vous avez bien raison, que les élections fédérales 2015, n’ont droit qu’à la portion congrue dans nos colonnes.

En pareilles occasions en effet, au fil des ans, nos collaborateurs et chroniqueurs ont toujours su, parle passé, se montrer plus enthousiastes et plus prolifiques en matière d’appel à mobilisation des citoyens, de nécessaire participation afin que la démocratie prenne tous son sens.

Pourquoi pas cette fois? Par gêne essentiellement. Car, outre la lassitude provoquée par la campagne la plus longue de l’histoire du Canada, après plus de deux mois d’escarmouches de peu d’intérêt entre chefs qui parlent de tout sauf de ce que la citoyenneté vraie pourrait considérer comme essentiel, on a tous peu de choses à commenter ou à débattre.

Il ne nous manquait plus, pour faire mesure comble, qu’un «Coluche pour Président»…

Ce n’est cependant pas Michel Collucci qui s’est levé; mais Boucar Diouf, présenté comme «humoriste» mais qui serait bien plus justement décrit comme poète- idéaliste (ou idéateur) et philosophe, qui a fini par sortir de sa réserve afin de dire leur fait aux politiciens occupant (indûment?) l’avant-scène.

Dans une lettre d’opinion publiée samedi dernier dans le quotidien La Presse, Boucar Diouf reproche à la fois à Stephen Harper de faire de la politique avec le niqab, et au chef néo-démocrate, Thomas Mulcair, de prendre la question trop à la légère. Il qualifie également, dans son texte, le chef du Parti libéral Justin Trudeau d’ « intégriste du multiculturalisme canadien ».

Il récidivait mardi, dans un entretien accordé à Ici Radio Canada, en affirmant, à propos de la sur-présence de la question du niqab dans le débat électoral qu’il s’agissait là, ni plus ni moins, d’ «une façon de voiler le discernement des gens […], car il y a tellement d’autres choses dont il faudrait parler ».

«Twilights zone» politicienne

Boucar à bien raison; encore une fois.

En mettant en effet de côté les choses essentielles et en polarisant le débat sur des petits faits accessoires et sans vraiment réelle importance, que fait-on d’autre qu’infantiliser le citoyen ou provoquer son désintérêt? Pourquoi, dit-il, permettre qu’une femme, qui n’est même pas encore citoyenne, conditionne la totalité de la campagne? N’est-ce pas là un usage, assurément abusif, de ces «armes de distraction massive» que dénonce Thomas Mulcair?

Ne sommes-nous pas, au lieu de politique (Ndlr : «manière de gouverner, théorie de l’organisation d’un État»; in Dictionnaire encyclopédique Hachette), en train de faire un film hollywoodien de série B, C, Y ou Z; une sorte de «Twilights», avec un peu de «glamour» et beaucoup de messages subliminaux directement adressés à un subconscient collectif  ou gisent d’infinies peurs et frayeurs plus ou moins inconscientes?

Où va-t-on ?

De prime abord, c’est bien le cas. Notez bien que le scénario prend bien soin d’éviter tout ce qui pourrait vraiment faire peur. La pauvreté et la paupérisation par exemple; et cela au moment même où la communauté internationale s’engage dans la réalisation de 17 nouveaux objectifs destinés à améliorer le sort de l’humanité; une information qui a sans doute échappé à nos politiciens, bien plus occupés à charmer ceux qui ont les moyens de se payer une place au cinéma, la «classe moyenne»…

Et où tout cela nous mène-t-il ? Sans doute vers un taux de participation aussi historiquement bas qu’est historiquement longue la durée de la campagne.

On va ainsi sans aucun doute vers un gouvernement minoritaire – cela on commence à s’y faire – mais de surcroît élu au rabais et forcément dès lors, bien plus faible, bien trop peu crédible et de trop petite assise populaire pour pouvoir effectivement se lancer dans l’organisation (ou la réorganisation) de l’État qui nous fera croire que nos lendemains seront meilleurs que notre quotidien présent.

Mais que vous dire sinon «Résistez à ce soporifique traitement!»; Comment? En allant voter bien sûr; pas forcément pour le meilleur candidat, mais pour le moins mauvais. À votre sens bien sûr; pas selon ce que vous aurez entendu durant la campagne; car on n’a pas entendu grand-chose à ce jour…

Abdelghani Dades (Edito: Atlas,Mtl 263 du 8 au 21 octobre 2015)

 

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