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Une “gouvernance” de l’exclusion?…

Une "gouvernance" de l'exclusion?...À tous ceux qui croyaient que l’exclusion de la différence et de la diversité était le sort commun des seuls «nouveaux arrivants» (pour ne pas dire «immigrants» ou «importés»), ayant acquis leurs qualifications académiques ou professionnelles en dehors du Canada; sachez que le talent et la compétence, même développés ici, ne vous protègent pas vraiment contre la mesquinerie et la vindicte de bons nombre d’esprits chagrin qui se croient, on ne sait pour quelle raison objective, seuls ayants droits légitimes de ce que notre société offre d’opportunités.

Ce qui vient de se produire, dans le cas de Mme Nadia Ghazzali, rectrice démissionnaire de l’Université du Québec à Trois-Rivières le démontre de manière significative et significativement inquiétante.

Depuis sa nomination en effet, Mme Ghazzali à constamment été en butte à une campagne soigneusement orchestrée de salissage et de harcèlement  qui, naturellement, a trouvé écho dans les colonnes d’une certaine presse pour parfois friser au lynchage médiatique.

La raison? Une gestion des affaires de l’université supposément mauvaise bien que rien ne vienne étayer cette hypothèse et, bien sur!, des insinuations récurrente de malversations à propos du rapatriement de sa chaire de recherche à Trois-Rivières que les gens bien intentionnés n’hésitent pas à reconnaitre comme «un réel bénéfice» pour l’université trifluvienne.

Pourquoi?

Mais pourquoi donc a-t-«on» déclenché cette pénible controverse autour de Mme Ghazzali?

Au départ, sans doute, y avait-il sur place, à Trois-Rivières, quelqu’un qui se croyait en droit d’être nommé au rectorat. Un tel vœu déçu n’en a pas moins trouvé à s’alimenter dans plusieurs faits.

D’abord, incontestablement, parce que c’est une femme qui a finalement remporté la course, bénéficié de la confiance du Conseil  des ministres et été nommée au poste convoité. Donc un peu de misogynie…

Ensuite parce qu’elle a beau avoir parachevé sa formation au Québec, elle est originaire de l’immigration. Et donc un peu de xénophobie…

Puis parce qu’au moment de sa nomination, elle officiait comme enseignante à Laval. C’est, avec une pointe d’orgueil mal placé, comme si le gouvernement inféodait l’UQTR à la grande université de Québec…

Enfin, parce que, en bonne statisticienne Mme Ghazzali est extrêmement rigoureuse et qu’elle a son franc parler; son caractère peut donc irriter quiconque loin de regarder au fond des choses, ne voit que la forme.

Comment?

Dans pareil cas, l’autorité tutélaire des universités, le gouvernement veille au grain et protège ceux qu’il a nommés contre toutes formes d’abus.

Ce fut le cas, il y a quelques mois lorsque, d’une manière enragée, une campagne hystérique à accueilli une autre originaire de l’immigration, Mme Najat-Vallaud Belkacem, à sa nomination à la tête du ministère français de l’Éducation Nationale. Le Président de la République n’avait alors pas hésité le moins du monde à se porter à la défense de sa ministre.

Il est vrai que dans ce cas, céder à la pression aurait pu avoir de graves conséquences politiques et être considéré comme une «faiblesse».

Dans le cas québécois, parce qu’il ne s’agit «que» d’une présidence d’université, il fallait s’attendre a un profil bas. De par le monde en effet, les gouvernements n’aiment rien de moins que la polémique et le bruissement des rumeurs dans les chaumières. En pareil cas, tous les gouvernements du monde – qui vous passeront tout, même le pire, tant que ça passe sous le radar – n’hésiteront pas à pendre le barbier avant même de s’assurer que le minaret s’est réellement écroulé.

On pourra objecter ici que l’UPAC à «visité» l’UQTR. Certes; mais l’UPAC a le devoir de vérifier toute information qui lui parvient – y compris lorsque, comme cela à du être le cas à Trois-Rivières, lorsqu’elle reçoit une lettre de «dénonciation» anonyme et qu’aucune preuve n’est avancée par cette dénonciation – et que ses vérifications ne permettent en rien d’anticiper de culpabilité ou d’innocence.

Résultat  

Sachant le caractère de Mme Ghazzali, il est certain que les pressions quelles que soient leurs natures, n’ont pas de prise sur elle. Cependant, le sens du devoir qui est une de ses marques de commerce l’a sans doute amenée à considérer que sa nomination avait pour finalité de gérer et développer une université et non pas a courir les prétoires. De ce fait, ne pouvant remplir sa mission faute de temps, elle a préféré se démettre. Tout à son honneur aussi, elle renonce volontairement à des indemnités de départ auxquelles elle a droit et déclare assumer l’entière responsabilité de toute décision de gestion prise durant son mandat.

Conclusions

Hors l’élégance de Mme Ghazzali et la petitesse de ses détracteurs, quelles leçons tirer de toute cette affaire?

Essentiellement que – malgré les lois et règlements qui abondent en ce sens- le chemin qui mène vers le plein droit des femmes, de la diversité, de tous les groupes minoritaires aussi, est encore bien long…

Abdelghani Dades (édito Atlas.Mtl 255 du 4 au 17 juin 2015)

 

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