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La radicalisation sous toutes ses formes…

Abdelghani Dades

En attendant les initiatives du gouvernement québécois en la matière, voilà Montréal qui prend les devant en se dotant d’un centre de prévention contre la radicalisation des jeunes Montréalais.  Ce centre devrait ouvrir ses portes «dans les prochains mois» a annoncé la Ville de Montréal; le temps pour un comité regroupant les commissions scolaires, des organismes communautaires, la Ville et le Service de police de Montréal (SPVM) d’en proposer la structure et d’en définir les modalités d’opération.

On sait toutefois, le maire Denis Coderre l’a ainsi annoncé «qu’il ne s’agira pas d’un centre d’hébergement, mais plutôt d’un centre de service qui réunira quelques intervenants et pourra assurer un suivi auprès de ses usagers».

Lutter contre toutes violences

L’initiative a, à juste titre, été saluée par le gouvernement du Québec, dans un communiqué diffusé par le ministère de l’immigration, de la diversité et de l’inclusion d’abord, puis dans une déclaration de la ministre de la sécurité publique, Mme Lise Thériault, selon laquelle «La lutte contre la radicalisation est l’une des priorités de notre gouvernement. Il est primordial que les intervenants concernés travaillent ensemble devant un phénomène aussi complexe et l’initiative aujourd’hui s’inscrit dans cette perspective».

Même s’il n’y parait pas trop, ce sont là de bonnes nouvelles.  Car si pour bon nombre d’entre nous québécois, «radicalisation» est presque devenu synonyme de religion musulmane, chez les promoteurs de ces initiatives de prévention, ce n’est nullement le cas. On n’en voudra pour preuve que cette précision apportée par le maire de Montréal selon lequel « la radicalisation n’est pas une question de religion, mais qu’elle concerne autant les gangs de rues que les loups solitaires. Aucune communauté ne sera visée par le centre (…) la radicalisation ce n’est pas que du terrorisme, c’est un état qui peut engendrer de la violence».

Radicalisation antimusulmane

La précision est d’autant plus importante qu’une autre forme de radicalisation est en train de se développer sous forme de violence, verbale ou physique, délictuelle ou criminelle, contre une partie de la population, en l’occurrence le segment musulman.

La recrudescence de cette forme de radicalisation, jusque là diffuse, évolue. Elle prend aujourd’hui la forme d’un mouvement anti-islam et xénophobe qui se prétend  et se donne pour nom PEGIDA Québec.

Cet avatar du mouvement allemand PEGIDA (Patriotes européens contre l’islamisation de l’occident) compte parmi ses membres des groupes Facebook tels «Canadian Crusaders» (les croisés canadiens) et «Followers of the Catholic Knight» (Disciples du chevalier catholique). Les adeptes de Pégida comptent également parmi eux le «Front National du Canada», un soi-disant parti politique voulant couper l’immigration de 90 %, cesser tout accueil de personnes originaires du «Proche, Moyen et Extrême Orient», tout en interdisant carrément l’islam. Ne manque plus, comme en Allemagne, que quelques groupuscules néo-nazis pour faire mesure comble.

PEGIDA Québec, dont plus de 700 personnes «aiment» la page Facebook, dit vouloir organiser une manifestation le 28 mars dans Saint-Léonard, dans un secteur de Montréal comptant une importante minorité musulmane et 73 personnes disent vouloir prendre part à cette manifestation «peut constituer un risque pour la sécurité nationale en se montrant favorable à la violence».

Une «réponse concertée, concrète et cohérente»

Le communiqué du MIDI émis à l’occasion de l’annonce faite par la Ville de Montréal, a également permis d’en apprendre un peu plus sur les intentions du gouvernement en matière de lutte contre la radicalisation. Selon ce communiqué le gouvernement «s’emploie (…)à élaborer un plan d’action pour apporter une réponse concertée, concrète et cohérente à ce phénomène en s’inspirant des meilleures pratiques et en consultant des experts, des chercheurs universitaires et des analystes praticiens. Plusieurs ministères y travaillent dont les ministères de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, de la Sécurité publique, de la Santé et des Services sociaux, de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, de la Famille et de la Justice».

Voilà encore qui est de bon augure. Car, face aux dérives, d’inspiration islamophobe ou non, qui menacent la société dans laquelle nous vivons, ce n’est pas d’une réponse «Tout sécuritaire» que nous avons besoin; mais bien plus d’une démarcher globale concertée, cohérente, efficace par l’application de laquelle deviendront impossible toute exclusion du marché de l’emploi du fait d’une identité, toute décision municipale fondée uniquement sur la peur d’un groupe de citoyen, tout refus d’un magistrat d’entendre la cause d’un justiciable fusse une femme voilée, toute stigmatisation née d’une appartenance religieuse, d’une couleur de peau, d’une conviction politique ou d’un genre.

Abdelghani Dades ( Edito: Atlas.Mtl 249)

 

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