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Le maire veut abolir 2700 emplois à Montréal pour réduire la masse salariale de 10% dans un délai de cinq ans

Denis Coderre, maire de Montréal

Denis Coderre, maire de Montréal

Cet exercice de compressions est «Il faut être réaliste : il est nécessaire, pour sortir Montréal de son impasse financière, de faire des compressions d’emploi», a soutenu Denis Coderre en conférence de presse.

L’intention du maire de supprimer 2700 postes en cinq ans à la Ville de Montréal a été accueillie avec scepticisme par plusieurs maires d’arrondissement et chefs syndicaux. Si une réforme administrative s’impose, le plan proposé risque de compromettre les services aux citoyens, soutiennent plusieurs d’entre eux.

Le maire Coderre veut endiguer la croissance de la masse salariale. En 2002, celle-ci accaparait 42,55 % du budget de la Ville, mais elle atteint maintenant 51,9 %. Pendant cette période, le nombre d’employés est passé de 20 009 à 22 423.

Pour réduire les effectifs, l’administration compte abolir, au cours des cinq prochaines années, un poste vacant sur deux, notamment à la suite de départs à la retraite. Cette mesure sera assortie de la création de 100 postes par année pour combler les besoins des projets prioritaires de l’administration comme le Bureau de l’inspecteur général (25 postes) ou le Bureau de la Ville intelligente (4 postes).

Moins 2200 emplois net

Au net, Montréal réduira ses effectifs de 2200 postes, ce qui devrait générer des économies de 240 millions après cinq ans, ce qui correspond à une diminution de 10 % de sa masse salariale. Ces sommes seront réinvesties dans les infrastructures, et la Ville espère accroître la part de ses investissements payés comptant.

« Ce plan va nous permettre de reprendre le contrôle des ressources humaines à la Ville de Montréal », a fait valoir le maire Coderre. Mais ces économies ne seront pas suffisantes pour combler l’écart de 800 millions entre les investissements effectués par la Ville annuellement dans ses infrastructures et les besoins réels, a-t-il toutefois reconnu.

L’administration veut appliquer son plan à l’ensemble de la ville, mais compte tenu de l’autonomie dont bénéficient les arrondissements, il lui faudra les convaincre d’y adhérer. « Je m’attends à une collaboration de tous. L’argent épargné sera réinvesti dans l’arrondissement, a insisté M. Coderre. Si les gens ne comprennent pas leur intérêt, on va se parler davantage. »

D’ici au 1er juin, chaque arrondissement et unité administrative devra élaborer son plan d’action. « Nous ne procédons pas à des coupes sauvages ou à des mises à pied massives. Nous ciblons uniquement les postes vacants, dans le respect des conventions collectives », a-t-il lancé le maire à l’endroit des syndiqués.

« Coup de matraque »

Le chef de l’opposition, Richard Bergeron, qui a qualifié l’annonce du maire de « coup de matraque », estime que l’administration se trompe de cible et aurait dû s’attaquer au nombre de cadres – il y en a 560 de trop, dit-il – et de contremaîtres. Il reproche également au maire d’avoir épargné les policiers et les pompiers dans cet exercice.

Les arrondissements, qui se plaignent déjà d’être sous-financés, auront du mal à se conformer aux demandes du maire Coderre, d’autant plus que les cols bleus bénéficient d’un plancher d’emploi, signale le maire de Rosemont – La Petite-Patrie, François Croteau. Inévitablement, des coupes supplémentaires entraîneront une réduction des services de proximité. « Notre travail au jour le jour, c’est de faire la collecte des déchets, boucher les nids-de-poule et entretenir les parcs. Est-ce que le plan, c’est d’entretenir moins les parcs ? »

« Ce qui nous est proposé est irréaliste. C’est impossible de le réaliser sans couper dans les services directs à la population », croit aussi le maire d’Anjou, Luis Miranda, qui évoque les effectifs déjà « squelettiques » dont il dispose. Selon lui, l’administration a tort d’imposer une solution « mur-à-mur », alors que c’est la ville centre qui est le problème.

Le maire du Sud-Ouest, Benoit Dorais, convient que la Ville doit freiner la croissance de sa fonction publique, mais la tâche sera ardue. « Du personnel superflu, ça fait longtemps que je n’en ai plus. Ceci dit, il ne faut pas abdiquer dès le départ. Il va falloir s’asseoir avec le maire. »

D’autres élus sont plus optimistes. « C’est un geste courageux », souligne la mairesse d’Outremont, Marie Cinq-Mars. «Mais j’irais plus loin et je couperais dans les allocations de dépenses des fonctionnaires.»

Mélanie Joly d’accord

Malgré quelques bémols, la conseillère Justine McIntyre, du parti de Mélanie Joly, salue elle aussi les intentions de l’administration. «Je pense que lorsque la masse salariale dépasse 50 % du budget de la Ville, ça devient inacceptable. C’est très difficile à faire avaler aux contribuables.»

Sans surprise, l’annonce du maire a cependant été mal reçue par les syndicats. Selon le président des fonctionnaires municipaux, Alain Fugère, il y a quelque chose de contradictoire à vouloir réduire les effectifs tout en augmentant les travaux d’infrastructures. « Tu ne peux pas couper ton monde en pensant que tu vas faire les mêmes travaux. Donc, tu fais ça en sous-traitance. Ça ne me rassure pas. »

« C’est utopique de penser qu’il puisse y avoir des économies substantielles à faire là. On coupe des postes sans qu’il y ait une remise en question de la qualité des services à la population », a commenté la présidente du Syndicat des professionnels municipaux de Montréal, Gisèle Jolin.

Atlas.Mtl

 

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