Montréal, ville de tous les arts et de tous les artistes. Jamais la Métropole n’aura mérité cette réputation à nos yeux, autant que depuis notre rencontre avec Daouda Dieye. Car Daouda Dieye , mauritanien de naissance (il est né à Nouakchott en 1962) est griot. Artiste traditionnel africain continuateur d’une lignée d’artistes traditionnels africains, il pratique son art en s’aidant d’un instrument plusieurs fois millénaire : un Gambari en langue Hassanie, c’est-à -dire cette sorte de luth à quatre ou cinq cordes que les Wolofs appellent Xalam et que les Peuls nomme Hoddou. Wahid Megherbi l’a rencontré. Entretien.
Wahid Megherbi : Vous vous revendiquez Artiste traditionnel Africain, pourquoi traditionnel ?
Daouda Dieye : Un artiste traditionnel Africain est un Artiste qui s’attelle à faire connaitre et transmettre toutes les cultures de l’Afrique dans sa globalité, l’Afrique blanche et l’Afrique noire. Je suis attaché à mon instrument millénaire qui s’appelle le Hoddou en langue Peul et Gambari en langue Arabe-berbère.
Pensez-vous que le patrimoine culturel africain n’est pas assez préservé?
Je suis protecteur des airs et des chants que nous avons hérité de nos ancêtres. La transmission se fait de bouche à oreille (tradition orale) lors des rencontres inter communautaires et inter générationnelles. Mais moi J’écris, mes textes et j’enregistre les chants sous forme sonore et vidéo. J’utile les techniques modernes pour protéger cet héritage africain, qui inclus les contes, chansons et les récits historiques.
Vous vous donnez donc la mission de contribuer à pérenniser l’histoire culturelle de l’Afrique…
Mon premier objectif est de faciliter le dialogue interculturel. Faire connaitre notre culture est une mission des plus honorables. Je veux que le public découvre nos us et coutumes car il n y a aucune culture qui soit parfaite et complète. Toutes les cultures se complètent. Il n’y a aucune culture parfaite. Je chante l’Afrique historique et l’Afrique moderne.
Que voulez-vous que vos admirateurs et spectateurs retiennent de votre musique?
Je chante le dialogue interculturel pour que la paix règne parmi les peuples.
En tant que Mauritanien vous êtes bien placé pour parler de la rencontre de la culture Arabo- musulmane et la culture Africaine qui se cotoient en Mauritanie…
La Mauritanie est le trait d’union entre l’Afrique blanche qui est le Maghreb et l’Afrique de l’ouest. J’essaye d’adapter et de faire comprendre la culture des uns et des autres. La philosophie que je défends à travers mon instrument, mon art et ma musique est celle du partage de nos valeurs, qui accordent une importante place au respect de soi dans la compréhension de l’autre. Devenir l’autre en restant soi. Un musulman comprend et tolère la diversité de l’autre. Je me sens aussi Maghrébin qu’un Marocain de Fès ou un Algérien d’Alger et aussi Africain qu’ un Sénégalais de Dakar. Je suis fier de cette diversité.